Salué par la critique, sélectionné par l’Académie du Goncourt pour son prix de 2016, “Petit Pays“ ne recevra finalement que le prix Goncourt des Lycéens 2016, Le prix Fémina, Le Renaudot, de l’Académie Française

Dans ce premier roman, l’auteur, Franco-Rwandais, nous livre l’histoire poignante d’un petit garçon (Gabriel), métis, vivant dans un quartier protégé pour expatriés à Bujumbura (Burundi) dans les années 90 et ayant vécu de près le chaos du génocide Tutsi perpétré dans le pays voisin, le Rwanda.

S’inspirant largement de sa propre histoire pour ce premier roman, lui qui est né au Burundi, d’un père français et d’une mère Rwandaise d’origine Tutsi, Gael nous emmène dans l’enfance de « Gaby ».

Une grande maison conçue dans un quartier protégé, des domestiques, une petite sœur (ana) des amis avec qui il fera les « 400 »coups, la banquette arrière de la carcasse d’un vieux combi Volkswagen, l’impasse…

L’impasse

Cette Impasse de Bourgeois où tout semble aller pour le mieux, jusqu’à la séparation de ses parents, l’assasinat du Président et le massacre des Tutsis en 1994.

« la guerre sans qu’on lui demande, se charge de vous trouver un ennemi ».

Tout bascule dans ce « petit pays » d’Afrique, l’horreur a remplacé la joie au fond de cette impasse, d’habitude si paisible. Gabriel comprend très vite que le monde bascule, on imagine sa nostalgie d’un monde à jamais perdu.

A travers sa plume, l’auteur nous transporte au cœur de ses souvenirs, où se mêlent romance et autobiographie.

La violence qui surgit de son récit, le choix des mots, les lieux, démontrent que la part autobiographique prend parfois le dessus. Gabriel se découvre du jour au lendemain, Métis, Tutsi et français, lui qui est né et vit dans ce pays depuis son enfance.

Il nous fait part de ses interrogations et tourments, lui, le petit garçon, qui devra grandir plus vite que prévu, la guerre ayant mis fin à son insouciance.

« le génocide est une marée noire, ceux qui ne s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie ».

Cette guerre qu’il dépeint vingt ans plus tard dans un roman, lui qui jusque-là n’exprimait ses émotions qu’à travers ses compositions musicales, le rap notamment.

La sincérité romanesque du récit, la métaphore poétique, bref la plume et la scénographie de l’histoire ne donne au lecteur qu’une seule envie : ne plus le lâcher.

Attention : Ames sensibles, prévoir une boite de kleenex ou deux ou trois…

« Petit Pays« 

Gaël Faye

18€ édition Grasset