Né le 30 septembre 1917 à Kiev, l’Ukraine actuelle, Youra Livchitz fait ses études à Bruxelles et entame ensuite des études de médecine à l’université libre de Bruxelles.

Témoin des rafles de juifs en 1943, lui-même étant juif, il décide avec l’aide de deux copains de l’école secondaire non juifs, d’essayer de stopper un des trains qui amènent les juifs à Auschwitz pour être exterminés.

Ils vont réussir avec un simple revolver et une petite lanterne, à arrêter un de ces trains quittant la Belgique à destination d’Auschwitz avec plus de 1600 déportés juifs à son bord. Plus de 230 déportés réussissent à s’échapper du train et à se cacher. Ce sera l’unique épisode de ce genre recensé en Europe de l’Ouest après la seconde Guerre Mondiale.

Cette simple action permettra à ces derniers d’échapper aux camps d’extermination.

Il sera arrêté le 26 juin 1943 et exécuté le 10 février 1944.

La dernière lettre de Youra à sa mère depuis sa cellule:

« Chère maman, bien que les mots soient impuissants à exprimer tout ce que je ressens, je quitte cette cellule pour aller de l’autre côté de la vie avec calme — un calme qui est aussi une résignation devant l’inévitable. Te dire que je regrette tout ce qui s’est passé, cela ne servirait à rien. J’ai beaucoup plus de regret de ne pas être là pour t’aider à supporter la première épreuve — celle que tu as déjà subie : Choura. J’aurais voulu être là pour qu’à deux nous puissions travailler dans le monde qui se fait. Chère maman, ne pleure pas trop en pensant à ton petit. Ma vie a été bien remplie jusqu’à présent, remplie de tout et surtout d’erreurs. Je pense à tous nos amis qui sont en prison et je leur demande pardon. Souvenez-vous de moi sans douleur. J’ai eu de bons, d’excellents camarades jusqu’à la fin et encore maintenant je ne me sens pas seul. Mes souvenirs à tous. Chère maman, je dois te dire au revoir, le temps passe. Encore une fois ce ne sont pas les derniers moments qui auront été les plus durs. Aie confiance et courage dans la vie, le temps efface bien des choses. Pense que nous sommes morts au front,

pense à toutes les familles, à toutes les mères éprouvées par la guerre, guerre que nous avons tous cru voir finir plus tôt. Ton fils qui t’aime, Youra

« Bruxelles : Terre d’accueil? »

Musée juif de Bruxelles

Jusqu’au 18/03/18