Les ardentes jour 1 : chaleur & monde fou

C’est un long week-end de fête qui m’attend, je débarque à la gare de Liège à 15h15, aujourd’hui il n’y a pas eu de retard ni grève, je suis assez surpris. Je me dirige vers les navettes pour rejoindre le lieu du festival, il y’a déjà un monde fou qui attend, je prendrais le suivant.
C’est la première fois que je mets les pieds à Liège, c’est une découverte, j’admire le paysage à travers les fenêtres de la navette. Il faut plus ou moins 15 minutes pour se rendre sur le site. A l’arrivée, nous sommes accueillis par des cannettes de bières et des bouteilles de vins vides qui jonchent déjà les trottoirs. Il y’a déjà un monde fou qui fait la queue, je me dirige vers le guichet accréditation qui est vide, heureusement que je ne fais pas la queue…
Je rentre sur le site du festival par l’entrée VIP et je tombe sur une foule déjà bien compact, certains déjà bien arrosés débitent des insanités à dormir debout. Je passe mon chemin tant bien que mal en essayant de me faufiler au milieu de cette foule, j’entends Eddy de Pretto rapper au loin, il faut que me dépêche.

Chemise & survêt


J’arrive devant la scène la Rambla en brandissant mon badge pour m’ouvrir le passage, mais c’est peine perdu, non seulement j’ai pris le mauvais chemin, mais le public est tellement dense que j’abandonne. Je me retrouve au milieu des jeunes qui récitent les paroles de leur idole dans une ambiance mi- saoul mi- sobre, je profite du silence entre deux chansons pour leur poser la question qui me brule les lèvres : Pourquoi EDDY De Pretto ? sans attendre la fin de ma question la fille du groupe intervient « il est trop fort, il me rappelle trop Stromaé, avec le même timbre vocal, j’en suis folle amoureuse, dommage qu’il soit gay ».

Je sors de cet enfer caniculaire, pour me diriger vers le bar presse, il me faut me désaltérer un peu, toute façon je le revis tout à l’heure en conférence de presse.

Un coin de paradis derrière la grande scène
Je me suis un peu perdu en cherchant le bar presse et l’espace qui va avec, je rencontre une photographe avec son badge et je profite pour lui poser la question, elle m’indique tant bien que mal où trouver l’entrée, malgré ça je me perds encore, pourtant c’était facile, il fallait juste lever la tête et regarder les accès placardés aux entrées limitées. Je m’avance donc et je vois des équipes d’artistes entrer, je me dis que je me suis encore paumé, mais non, je peux aussi entrer par là. En gros mon bracelet me permet d’accéder partout, Bingo.
Je trouve enfin le bar presse niché derrière la grande scène sous un chapiteau avec une scène à côté où des artistes défilent chaque soir pour offrir un moment de détente aux journalistes et artistes présents.
Je commande une pinte et dès que je veux sortir ma CB, le mec du bar me dit que c’est gratuit pendant une heure, je ne vais pas bouder mon plaisir, je le remercie et me pose à l’ombre sur une table, enfin de l’ombre au calme.
Mon pote n’arrive que demain, il faut que je me bouge et trouve des compagnons de route dans ce capharnaüm de journalistes.

Le Totem Vald


Je rencontre deux journalistes en quittant le bar presse, elles reviennent de l’espace presse qui se trouve à Walifornia Beach, elles m’apprennent que Vald est déjà sur scène et qu’il faut que je me dépêche si je veux le photographier sur scène. On se donne rendez-vous dans la soirée et je fonce vers la scène Walifornia armé de mon appareil numérique et de mon smartphone, je brandis mon pass photo au vigile qui me laisse passer, je croise une photographe en colère, elle ne comprend pas comment on a pu distribuer autant de pass photo à tout le monde, alors que la priorité est donnée aux agences de presse. Je comprends son agacement quand j’arrive dans le crash, il y’a trop de monde par rapport aux autres festivals où les photographes sont limités.
Je me faufile tant bien que mal pour pouvoir photographier Vald, le public hurle et les enceintes juste en face de moi ne m’aide pas trop. Je sors mon smartphone et je le film, une petite vidéo de 18 secondes que je balance directement sur Twitter en le mentionnant.
Le totem Vald continue son show sous une chaleur écrasante, il faut quitter le crash, le temps imparti aux photographes vient de s’achever. Je vais suivre la fin du concert de l’autre côté de la barrière avec le public, suivre est un grand mot, puisque je me fais tout de suite emporter dans un tourbillon de fans. Je m’en sors tant bien que mal grâce à l’aide d’un vigile, trop de monde et trop de fous amoureux de Vald.
Je retourne en salle de presse et sur le chemin je croise Eddy de Pretto et son Batteur qui me fait signe de venir les saluer, on échange quelques mots, ce n’est pas la première fois que je les croise en festival et on se reverra encore d’ici quelques jours.

Le Retweet
Je m’installe en salle de presse pour attendre les deux consœurs que j’ai rencontré tout à l’heure, je jette un coup d’œil sur Twitter et je vois que c’est l’émeute, il y’a déjà près de 4.000 vues sur la vidéo de Vald que je viens de poster, je ne comprends pas ce qu’il se passe, mais je serai bientôt fixé. Vald a retweeté mon post, du coup c’est une flopée de fans qui envahissent mon compte toutes les secondes, je me retrouve le lendemain avec près de 12.000 vues.

Le combat de titan


Nous quittons la salle de presse pour la scène Wallifornia ou doit se produire Rilès, nous le rencontrons en cours de route en train de se diriger vers la scène tel un boxeur qui s’apprête à livrer un combat sur un ring. C’est sous des cris stridents et une chaleur qui ne cessait de grimper que le jeune de 22 ans, découvert sur Youtube entre sur scène, affublés de ses quatre danseurs. Dans un anglais qu’il maitrise à la perfection et à mi-chemin entre le R’n’B, la pop et le rap, il fait danser et sauter le public dans tous les sens pour leur plus grand plaisir avec ses rythmes aux inspiration nord-africaines teintés de Capoeira.

Une soirée au Parc
La programmation de ce festival a frappé fort pour ce qui est de cette première journée, entre rap, hiphop et nouvelle découverte tout le monde prend son pied.

Dans la famille Marley, je demande le fils
Le fils du roi du raggea Jamaïcain Bob Marley, en la personne de Damian Marley s’est produit en début de soirée sur la scène du Parc accompagné de ses musiciens. Il y’a beaucoup de choses chez lui qui rappelle son père, notamment son timbre vocal.
Nous décidons d’aller suivre le reste de la programmation depuis l’espace VIP surélevé qui jouxte le parc, vu la foule qui arrive dans le parc, ce n’est pas une mauvaise idée.

©️: aurore Nivelle

C’est au tour de Damso d’entrer sur scène sur le titre « Ipsséité » vétue du maillot de foot des Diables Rouges frappé du numéro 18 devant un public d’environ 25.000, « vous avez vu, j’ai quand même mis le maillot. » Le rappeur polémique impose par sa carrure et son phrasé, interprétant les titres de son nouvel album sans oublier de revenir sur de célèbres titres tels que Macarena ou Amnésie pour le plus grand plaisir de ses fans.

NTM : la référence

©️: Luc Garnier

C’était le clou du spectacle de cette première journée, le Groupe NTM, référence française en matière de rap a fait vibrer le parc comme un seul enfant. Joey Starr & Kool Shen étaient sur scène pour la première fois en Belgique depuis leur reformation il y’a presque un an. Mais force est de constater que même s’ils attirent toujours les foules, ils ont un peu perdu de leur énergie sur scène et cela se ressent au bout d’une demi-heure de show.
Qu’à cela ne tienne, le public est présent ce soir pour faire la fête et la fête fût belle.

Jour 2 : Quand le Mondial s’immisce dans le festival.

Mon pote est enfin arrivé à liège ce midi, après un détour par l’appartement que nous avons loué pour déposer nos affaires, nous fonçons immédiatement vers le festival.
C’est déjà la grosse ambiance sur place, il faut dire que les français sont présents en masse certains flanqués de leurs maillots aux couleurs de la France, d’autres préférant plutôt des drapeaux tricolores. Mais face à eux, les Belges sont plus nombreux aux couleurs des Diables Rouges à foutre le bordel (de façon festive) dans l’enceinte du festival, l’alcool aidant, certains se lâchent « les français sont des p…. ».
Les organisateurs avaient pris les devants en programmant la diffusion du match de la France contre l’Uruguay et celui de la Belgique Contre le Bresil « Pour faire la fête avec nos amis français qui seront français qui seront nombreux au festival cette année, nous avons décidé de diffuser également le match France-Uruguay » pouvait-on lire sur le site internet du festival.
Nous n’aurons pas le temps de suivre la prestation de l’Or du Commun, il faut faire un choix et le football nous attire, bien que nous soyons là pour la musique.

1ere mi-temps

©️: Antoine Assumani

Massés devant l’écran géant de la scène Wallifornia, les français s’échauffent en chantant la Marseillaise et en invectivant les Belges qui sont également présents en masse pour suivre cette rencontre. C’est une explosion de joie qui envahit tout le monde lorsque le premier but est marqué, il ne fait pas bon de se trouver dans la fosse au milieu du noyau dure des supporters qui sautent dans tous les sens.
La deuxième mi-temps est projetée au niveau du parc, il faut changer de lieu, tous les supporters convergent vers le même endroit, le parc. Mais après le deuxième but des bleus, il faudra aller suivre la fin du match ailleurs, car MC Solaar se prépare à monter sur scène.

L’exclusivité MC Solaar


Il a accepté d’adapter l’heure de son passage sur scène pour permettre aux festivaliers de suivre les quarts de final, Claude alias Mc Solaar arrive sur scène dans un costume bleu nuit au son du « Sonotone », il est en exclusivité dans ce festival, l’auteur de « Caroline » joue ici pour la première fois et réussit à entrainer le public avec lui.

Les Diables Rouges contre les Bleus.


La fosse du parc est pleine à craquer avec des festivaliers flanqués de leur drapeau rouge et noir. Les diables rouges affrontent le Brésil qui part favorite dans cette rencontre. Dès le premier but, le parc se soulève tel un seul enfant, c’est la fête au village, je suis inondé de bière au milieu de cette foule, le deuxième but n’arrangera pas les choses, les Belges sont en demi-finale et c’est l’euphorie totale. Malgré le but Brésilien, les Diables Rouges confirment leur place et affronteront les bleus en démi. J’imaginais mal vivre cette soirée avec l’élimination des Diables Rouges. Ils sont heureux et promettent de faire la fête aux Français mardi prochain.

Nous retournons au bar presse après la rencontre et faisons la connaissance des bénévoles qui y travaillent, j’apprends qu’avant le festival s’achevait à 5h du matin avec une partie rock bien trempée. Mais depuis deux ans, il s’achève à 1h du matin à cause des plaintes de riverains qui supportaient mal d’entendre jouer toute la nuit.

Une odeur de Cannabis


Un pétard à la main, Wiz Khalifa arrive sur scène un micro à la main et lance au public « I love weed, who’s smoke weed here ? » il n’en fallait pas plus pour déclencher un brouhaha de tonnerre vu que devant la scène, ils sortent tous leurs joints et se mettent à tirer dessus. J’avais pourtant lu que cette année la tolérance serait de zéro en matière de cannabis et que les artistes n’avaient pas le droit de monter sur scène avec de la drogue ou d’en faire l’apologie, c’est raté.
C’est la troisième fois d’affilé qu’il est programmé au festival et apparemment c’est toujours un moment de joie, surtout quand le public reprend en cœur « when I see you again » pour le final.

Jour 3 : Samedi
Le réveil a été difficile ce matin après la longue fête d’hier soir où les Belges nous ont entrainé avec eux dans les coins chauds de la ville pour faire la fête. La fatigue se fait ressentir en ce troisième jour et l’on a du mal à quitter son lit.

Le Grand sensible

©️: Goldo Dominique

Nous arrivons sur le festival vers 18h déjà bondé de jeunes, ce soir c’est Sold out, la plupart sont là pour Orelsan qui a mis le feu sur la scène du parc. Il a fait sensation devant le public qui le réclamait déjà avant son entrée en scène aux cris de « Aurélien une chanson, Aurélien une chanson ». Arrivé sur scène sur le titre San, dans lequel il détaille sa vie d’artiste, le Caennais n’a laissé personne indifférent dans un décor de jeux de lumière comme il en l’habitude depuis le début du printemps à travers les festivals. « Liège est-ce que vous avez les bases ? » lance-t-il à l’adresse du public qui ne tarde pas à lui répondre dans un vacarme infernal. De la terrasse de l’espace VIP où nous suivons le concert, tout le monde est unanime, il a réussi à mettre tout le monde d’accord avec ses titres Basique et la fête est finie.

Place aux « Kids »

©️: Luc Garnier

Sans oublier le duo de frères Bigflo & Oli, armés de leur triple disque de platine pour l’album « la vraie vie », qui ont offert au public, pour la plupart très jeune (-25ans), une heure de show pendant laquelle ils ont invité leur père à chanter avec eux, dans un décor de Disney. « Quand on est venu ici la première fois, on a joué devant 15 personnes, on s’est juré de revenir ici en tête d’affiche et voilà que ce soir ce rêve se réalise »

Dimanche : retour à paris
C’est le dernier jour du festival, mais pour nous l’aventure s’arrête là, il faut rentrer pour éviter d’être pris en grippe par la grève. Nous n’assisterons pas à la prestation du clan Migos, ni à celle de Massive Attack… Dommage

Cette treizième édition confirme donc le tournant hip hop pris par le festival depuis trois ans, fini les affiches pop rock des dix premières années, les Ardentes se différencie des autres festivals du coin et séduit un public plus jeune et plus large. Cela se confirme aussi à travers les chiffres, puisqu’ils étaient plus de 100.000 festivaliers à venir faire la fête durant ses quatre jours. Rendez-vous a été donné l’année prochaine du 4 au 7 juillet 2019 pour une quatorzième édition.

Chrislin NR