Bienvenue à Charleville-Mézières, la ville qui a vu naitre Rimbaud ou plutôt bienvenue à la Gare du Cabaret Vert, c’est l’inscription qui nous accueille à la descente du train. Il faut dire que tout a été mis en place dans cette ville pour aider les festivaliers à vivre quatre jours de fête. De la gare, il faut juste suivre le chemin balisé qui mène au cœur du festival à une dizaine de minutes à pied

jour 1 : Ici c’est Charleville Mézières

Ils sont près de 20.000 festivaliers à fouler l’enceinte du festival le plus écolo de France tous les jours, accueilli par de grandes lettres végétalisées « Cabaret Vert » où certains n’hésitent pas à s’immortaliser.

Après un passage à l’espace presse qui se trouve près de la zone VIP, je me lance dans la visite des lieux, les concerts n’ayant pas encore débutés.

La scène des illuminations qui se trouve près de l’entrée est couverte cette année au cas où et en contrebas la nouvelle scène le Green floor qui reflète l’engagement écologique du festival puisqu’elle est entièrement écoresponsable. La scène Razorback située entre le chapiteau des illuminations et l’espace VIP offre un décor digne des superproductions Américaines.

Un tour par les stands de restauration pour comprendre qu’ici également on consomme local, impossible de commander un soda ou une bière autre que celles artisanales. Un petit tour au village libre de l’Idéal où on parle développement durable et où l’on peut aussi regarder des films programmés sur mesure.

De l’autre côté des spectacles de rue sont proposés sous les arbres du Temps des Freaks. Il y a aussi l’espace BD où nous irons prendre l’apéro samedi offert par Stéphane Crety, le parrain du lieu .

Dj Snake : la Star de la soirée

Il était attendu tel un messie, l’icône de l’électro a retourné le public du festival et l’a entrainé avec lui dans un délire grandeur nature comme je vous l’expliquais dès le lendemain du concert ici.

Travis Scott : le monstre de la scène et son maillot PSG ✖️ Air Jordan

Il était l’une des têtes d’affiche attendue en cette soirée d’ouverture, une heure après Dj Snake, Jacques Webster alias Travis Scoot a retourné la scène Zanzibar dès son entrée malgré un petit retard. Celui qui rivalisent désormais avec les grands noms du rap grâce à Owl Pharaoh ou encore days before rodeo, arrive sur scène sans crier gare et se lance dans un show millimétré, devant un public moins dense que DJ snake. Pour chauffer le public à block, il enlève son sweat pour dévoiler un maillot de basket PSG ✖️ Air Jordan floqué du numéro 23, les fans sont en délires. Il se murmure que ce maillot serait issue de la collaboration entre le PSG et Air Jordan pour le maillot spécial que le club devrait aborder en ligue des champions, mais rien d’officiel pour l’instant.

Le rappeur profite pour prodiguer quelques conseils « la famille c’est le plus important… », mais le public est un peu agacé par la durée des morceaux qui n’excèdent pas deux minutes. Après Pick up the phone, Antidote et Goosebumps le rappeur s’éclipse comme il est arrivé, en disant à peine au revoir alors qu’il lui restait dix bonnes minutes au compteur et qu’il avait débarqué avec ce même temps de retard. Certains sont déçus : « Putain le mec se casse sans se retourner, il pouvait rester un peu plus. Heureusement qu’il yavait Dj Snake avant. » peste un festivalier en se dirigeant vers le premier bar avec ses potes.

Après cette journée épuisante et cette fin de soirée haut en couleur, je décide de rentrer me coucher en laissant derrière moi le concert de Francis Dillon, pas trop déçu puisque je l’ai déjà vu plusieurs fois cet été.

jour 2 : un vendredi écolo-légendaire

On se remet tant bien que mal de la soirée d’ouverture de la veille, mais il faut retourner sur le terrain, avant cela nous recevons une alerte nous annonçant une nouvelle défection, celle du Suisse Stephan Eicher, tête d’affiche du dimanche soir qui invoque des raisons de santé. Ça sera aux français du Groupe Feu ! chatterton de le remplacer au pied levé.

Nous commençons la journée par la visite de la dimension verte du festival avec Jean Perrissin responsable développement durable et qualité du festival. Il nous parle de la dynamique globale qui habite le festival depuis ses débuts et de l’engagement de ce dernier dans les énergies renouvelables.

Ian Caulfield : l’attrape cœur

On l’avait découvert au festival La Magnifique Society en juin dernier avec sa voix tantôt vibrante, tantôt juvénile alternant entre l’anglais et le français, Ian Caulfield est seul sur scène une guitare à la main et gère lui-même ses instruments. Casquette à l’envers vissée sur la tête, le jeune show man occupe toute la scène au gré de ses sauts et pas de danse. « Mess In New-York » son deuxième morceau sorti le 11 juin 2018 nous entraîne dans l’ambiance new-yorkaise. Il remercie le public d’être venu nombreux l’écouter sous ce chapiteau.

Suprême NTM : les légendaires

La scène du Zanzibar était pleine à craquer vendredi soir pour le groupe NTM qui a enflammé le public, il fallait avoir un certain âge pour bien comprendre l’engouement pour le groupe mythique du rap des années 80 ou pas, Joey Starr et Kool Shen sont toujours là 25 ans plus tard avec Ma Benz, Paris sous les bombes, Seine-Saint-Denis StyleNtm déroule ses tubes accompagnés de la grande famille au complet : Lord Kossity, Nathy Boss, Raggasonic, Busta Flex

« Ça a l’air d’être un vrai festival, y’a pas trop d’ado pré pubères avec leurs téléphones » déclare Joey Starr sous un tonnerre d’applaudissements.

Damso : « j’étais pas prêt »

On l’avait loupé de peu au festival les Ardentes à liège, cette fois pas question de le louper une nouvelle fois. Je ne suis pas dans la fosse, mais plus en hauteur pour mieux apprécier le spectacle. C’est un Damso qui débarque sur scène avec ses fameuses lunettes noires et dans un t-shirt blanc sur fond d’Ipséité, le public est en liesse et récite les textes de Périscope ou débrouillard à jamais, Dems est surpris lui qui « n’était pas prêt ». Viendront par la suite Quedusaal, lové et Signalé que le public accueille avec joie. Il mettra le feu sur le public avec Feu de Bois, public qui n’hésite pas à se lancer dans des pogos géants et cerise sur le gâteau avec Macarena son single le plus populaire.

jour 3 : samedi sur une piste géante

C’est mon dernier jour au festival et j’ai décidé de ne pas dormir jusqu’à dimanche matin question de faire la fête avec les festivaliers. Je rejoins des confrères sous le chapiteau au niveau de la scène des illuminations.

Kikesa : une découverte

Je ne le connaissais pas, mais je découvre un jeune rappeur aux punchlines percutantes, j’apprends qu’il vient de Nancy et qu’il a été découvert sur le net grâce à ses rendez-vous de tous les dimanches où il poste un nouveau son.

Le public est nombreux et décidément sous le charme quand il martèle « quand je dis que ta mère est une nymphomane, c’est une info pas une insulte », ok c’est noté. Un bandana autour de la tête, un maillot des bleus sur un bermuda, il invite la foule à « enfiler son bandana ». Dommage si j’avais su, j’aurais ramené le mien.

Arnaud Rebotini : l’electro rock

Après avoir reçu le César de la meilleure musique de film grâce à la bande originale de 120 battements par minutes, Arnaud Rebotini est présent sur le Green floor ce samedi en début de soirée pour faire vibrer le public grâce à son électro rock et ses sets qui ne laissent personne indifférent. Je me retrouve vite au milieu de la foule essayant d’esquisser quelques pas de danses, je suis vite rejoint par un confrère qui n’a pas pu se retenir.

Idles : une scène trop grande

La dernière fois qu’on les a vu sur scène c’était au Paléo festival à Nyon, cette fois le groupe à l’air perdu sur cette scène un peu trop grande pour eux, devant un public clairsemé qui se demande un peu ce qu’il fout là. C’est bien dommage car le groupe a de l’énergie à revendre, 20h est peut-être un peu tôt, mais on se souvient qu’ils avaient joué au festival ArtRock au mois de mai dernier et l’ambiance était vraiment différente.

« cauchemar » sur le Green floor avec Vladimir

Pour se consoler du précédent concert, nous rejoignons l’ambiance cauchemardesque qui règne sur la scène du Green floor, Vladimir Cauchemar est aux platines et ça envoie du lourd, impossible de rejoindre le cœur de la fosse. Nous sommes stoppés au niveau du mur végétalisé, sur une pente qui surplombe la fosse, le spectacle est magnifique. Le public est en transe nous aussi, ça saute de partout, on baigne dans une fumée de poussière mais ça ne semble embêter personne. On aperçoit Vladimir de loin sur scène derrière son masque habituel. Ce soir comme à chacune de ses prestations on ne verra pas son visage, mais qu’est-ce qu’on s’en fout en même temps, tant le show est une réussite totale.

Moha La Squale : La perle du rap

Nous ne sommes pas dimanche, mais bien samedi et il ne s’agit plus de publier des vidéos sur Facebook, mais de chanter en public devant une foule de fans. Le chapiteau des illuminations parait petit pour accueillir cette horde de fan qui crie dans tous les coins. C’est la dernière date de l’été pour Bendero et c’est le bordel et c’est très sale quand il enlève son t-shirt comme à son habitude pour terminer le concert en sueur devant une horde de smartphones pour immortaliser l’instant

Shaka Ponk : les écolos

On aurait pu dire que le groupe fait figure de second choix après l’annulation de la venue du rappeur Booba, mais ce n’est pas le cas, pour leur troisième venue au Cabret Vert, le groupe le plus écolo a démontré qu’il en avait encore dans les tripes. Le public venu nombreux ce soir n’a pas été déçu de la prestation du groupe et surtout du turbulent Frah qui après s’est jeté dans le public de la fosse, a traversé celui-ci tel jésus marchant sur l’eau.

Il en a aussi profité pour mettre le public à l’honneur « ici sur cette scène, des dizaines, des centaines de groupes vont passer, mais parmi eux il y’en a un qui est numéro 1, the top of the top, c’est vous le Cabaret ! »

Charlotte de Witte : DJ de l’électro

En bord de Meuse, de 1h à 2h30 du matin, la jeune Dj Belge nous a transporté dans son monde électro à travers ses sets endiablés, la fosse du Green Floor était pleine à craquer pour cette dernière prestation de la soirée. Un public ivre à mort qui ne demandait qu’à danser jusqu’à n’en plus finir dans cette nouvelle scène à la scénographie léchée avant de regagner les différents campings ou la route de chez eux.

After au Camping du dormeur du Val

Pour ma part j’ai décidé de prolonger la fête au Camping du Dormeur du Val situé à l’entrée du festival, malgré l’appellation ici personne ne dort mais la fête continue. Première halte au bar du camping accompagné de mes nouveaux amis croisés pendant la prestation de Charlotte de Witte, on commande des bières et on se trémousse sur la piste de danse. C’est l’anniversaire d’une serveuse et tout le monde chante joyeux anniversaire avec des voix qui prêtent à confusion. Il est presque 3h30 lorsque nous devons quitter les lieux, car le bar ferme ses portes, qu’à cela ne tienne nous continuerons la fête dans les travers du camping, au milieu des tentes où les festivaliers s’improvisent Dj d’un soir. L’odeur de l’herbe ne surprend plus personne et l’alcool coule à flot. Lorsque je quitte les lieux, je croise certains festivaliers affalés à même le sol, je m’avance pour demander à l’un ce qui ne va, il me dit qu’il ne retrouve plus l’endroit exact de sa tente mais que ne m’inquiète pas, il finira par retrouver quand il aura décuvé et il se rendort. Sous cette fraicheur je me demande comment ils font pour ne pas avoir froid alors que malgré ma grosse doudoune je n’ai qu’une envie c’est de regagner le fond de mon lit à paris.

Le Cabaret Vert s’achève pour moi en ce dimanche matin, je vais rater le dernier jour qui affiche complet avec des artistes tels que les Négresses Vertes, Feu ! Chatterton… mais je n’ai pas trop le choix, il me faut être à paris pour le dernier jour de Rock en Seine.

J’apprends par la suite que le festival a accueilli 94.000 festivaliers pour cette 14ème édition, c’est 4.000 festivaliers en moins par rapport à l’édition précédente.

Mais qu’est-ce que c’était réussie cette édition, dans un cadre magnifique qui a vu défiler de nombreuses personnalités de l’industrie de la musique, mais aussi des politiques comme le Premier Ministre Edouard Philippe qui était en visite sur le site vendredi dernier.

Rendez-vous l’année prochaine pour la 15ème édition qui aura lieu du 22 au 25 août 2019.

📸 : assodarkroom

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