Aujourd’hui nous allons à la rencontre de Bertille Des Fontaines, jeune artiste avec plus d’une corde à son arc, qui a accepté de nous ouvrir les portes de son univers

À la dérive avec Bertille Des Fontaines ? C’est le titre qui trottait dans nos têtes avant qu’on ne se rende compte qu’il ne s’agit pas là de la chronique d’un album, mais d’une interview à laquelle Bertille a accepté de se prêter, sans langue de bois, afin de faire toute la lumière sur son univers artistique.

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Pochette « A la Dérive », Bertille des Fontaines

Chanteuse à texte, auteure, chroniqueuse pour la revue dont elle est co-fondatrice (Chronique des Fontaines) intense, troubadour, passionnée par toute forme d’expression artistique…, BDF nous a ouvert les portes de son univers. Son premier Single À la dérive, disponible depuis septembre 2017, est un océan d’amour, en seulement deux minutes, elle nous fait voyager vers des contrées lointaines, ce qu’elle appelle « la voie de l’amour ». Rencontre avec une artiste à plusieurs visages.

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

BDF : Je suis Bertille des Fontaines. Une des dernières élémentales. Fille des quatre vents de Provence, je me suis muée, Parisienne, en femme fontaine de la Providence. Mes deux grandes plantes de pied (anciennement queue de sirène) se sont bien implantées sur le pavé parisien, bien qu’en réalité, en pied de nez, mon esprit, jouant à chat perché, s’échappe, nez au vent, du gris quotidien de mes contemporains. L’on pense souvent que je suis une extraterrestre. Sans doute parce qu’en suspension, la tête dans les nuages ou la lune, je défie les lois de la gravité, pour celles rouge passion de l’attraction ? Je vibre à la mesure mathématique du cosmos, avec sa musique, où le passé, le présent et le futur s’enlacent, en trois temps d’osmose pure. Je ne suis pas terre à terre, je suis terre à air, je suis à feu et à eau… Fontaine en veine qui aime faire couler de l’encre. Messagère d’amour dans les airs de mon temps. Phénix, flammes et cendres, allant d’un feu de joie à l’autre. Corps de pierre, cordes de fer, et croix de bois, inébranlable au combat.

Qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer dans la musique ?

BDF : A trois ans, j’ai pris le pas de la danse, je me suis éprise du ballet et de sa cadence, de sauts de chat en pas chassés… Après dix années d’arabesques en accordance, la musique m’a toujours habitée. Le rythme ternaire de la valse et ses intimes pulsations, et mes coups de Blues entre Spleen et passion, se sont manifestés en balades bertilliennes.

Parle nous un peu de tes quatre nouveaux singles, quels messages véhiculent-t-ils ?

BDF : Des messages très personnels (j’aime beaucoup celui de Françoise Hardy), et aussi universels ! Vol de Nuit est un message d’alerte et de paix ; La Valse Ivre, l’aveu d’un sentiment réaccordé d’un commun accord ; Anthologique Amour, les correspondances d’un amour troubadour, qui se jouent entre le corps d’une femme et celui d’une guitare ; D’une Marguerite revisite, en missive météorite, la chanson du rite amoureux. Ces derniers titres, comme les premiers, A la dérive, L’Allée des Cygnes, La Nuit, et Mon Amant de Karma, ainsi que ceux à venir, Les Amours Oniriques, Si La Do Ré, Paris, Mon Amour et D’amour et d’eau fraîche transportent mes transports d’amour à la vitesse du son et de la lumière, et véhiculent tout le cœur de mon sujet mis à nu : la volonté, la liberté, et la paix. De plus, le fait de mener chacune de mes chansons, en solitaire, me permet de créer exactement, ce que je souhaite : une intimité toute particulière, singulière, familière, avec celles et ceux qui m’écoutent. Entre nous se crée, en secret, une relation privilégiée. Alors, naît l’impression réciproque que sans se connaître, l’on se reconnaît, sans équivoque.

En écho à « Faites l’amour pas la guerre. » Mais, à un degré au-dessus, car l’on en est plus à nos guerres grégaires, puisque l’on s’est mis le Monde à dos.

La période d’amour et d’eau fraîche symbolise quoi pour toi ?

BDF : Bien loin de la fleur bleue ou autre pensée galvaudée, proche du jeûne de protestation, « D’amour et d’eau fraîche », c’est le choix de la Tempérance de toute consommation en masse, au profit, de la jouissance du corps et de l’esprit, et de la convalescence à l’eau de la fontaine de l’espérance. C’est une notion, avant tout, symbolique, politique, presque métaphysique. Un message de paix : Faire une trêve de la faim allant de pair avec la grève de la guerre. En écho à « Faites l’amour pas la guerre. » Mais, à un degré au-dessus, car l’on en est plus à nos guerres grégaires, puisque l’on s’est mis le Monde à dos. Donc ce serait plutôt : « A présent que tout va à vau-l’eau, abstenez-vous de tout dévorer, mais laissez l’amour vous dévorer, et l’eau et ses algues bleues, pour un temps, vous sustenter… » « D’amour et d’eau fraîche », c’est une cure de jouvence, c’est un temps précis accordé à soi, pour se recentrer sur son essence et retrouver ses énergies, et s’unir, aussi, à l’être aimé, et ensemble, aimer être, simplement. Cette idée nourrit encore une utopie ultime : vivre pour toujours « D’amour et d’eau fraîche » (jusqu’à preuve ou œuvre du contraire) semble, hélas, impossible, même s’il est possible d’appuyer sur « pause » sur les clauses de la société que l’on nous impose. Enfin, plus qu’une question de vie ou de mort, « D’amour et d’eau fraîche », c’est une question de volonté, de liberté retrouvée. Alors, dans cette période de ressource aux sources, j’incarne cette allégorie, femme fontaine qui guérit de l’air de ses chants, du flot de ses mots, du feu de sa lumière, du bois fleuri de son instrument, tous les maux des corps meurtris.

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Pochette « Période d’amour et d’eau fraiche » Bertille des Fontaines

D’où provient ton inspiration ?

BDF : Dans la magie et les anges. Fermez les yeux. Apaisez tout battement. Avant la grande inspiration, il y a toujours le néant d’abord (il ne faut pas s’arrêter là, alors, gare aux erreurs de jugement !), s’ensuit, un point rond de lumière et vous y plongez à l’aveugle ou vous vous y élevez en fonction, la neige tombe par flocons, les voix de la sagesse murmurent sans intention, alors vous traversez les murs de votre armure, chair de compréhension, la lumière de votre auréole guide votre envol, les ailes vous poussent blanches ou sombres jusqu’à la voie des anges. Là, aux grands airs de l’inspiration, vous pouvez puiser tout ce que vous désirez. Comme dans un trou noir, vous pouvez interagir avec votre présent, agir sur votre futur, rétroagir sur votre passé, vous connecter aussi avec vos anges gardiens rêvés ou avérés… C’est, en pratique, de la pure méditation. Les anges sont, à mon sens, les intuitions, les émotions, les vibrations et les connexions avec soi et les autres, les signes qui vous habitent et vous entourent, satellites. Croyez en la magie. La vôtre, celle que personne ne peut vous enlever, et vous serez tentés, vous aussi, d’en user, si ce n’est déjà fait.

Comment passe-t-on d’attachée de presse à artiste ?

BDF : Lorsque l’on est artiste-née, et que l’on s’est, de trop près, attachée (par inexpérience de l’existence et autres soucis de l’insouciance) aux peurs sociétales et ancestrales (léguées par nos ancêtres), l’on peut perdre son chemin, s’attacher à tout et rien, alors, on s’empresse, appréhension à l’avance d’être en retard (sur sa vie, surtout, en prescience, pour le coup). Puis, contre toutes attaches et attentes, l’on finit, par relâcher les liens, retrouver son destin, et l’on se détache bel et bien, de cet emploi dit « alimentaire », d’un revers de main (élémentaire, mon cher !) Alors, on se redresse, et l’on poursuit son chemin, sur le fil, tel un danseur de corde. Mais, dans cette mauvaise passe « attachée de près, ou pressée par la tâche » l’on reste qui on est, artiste, ici, par essence, pour moi, en l’occurrence. J’ai passé hauts les cœurs et les mains, d’attache parisienne, à sans attache, œuvrant, à présent, à temps plein, à la tâche des Fontaines…

Si tu peux, n’aime que moi, même un peu
Je m’en arrange avec les anges
Si tu veux n’aimer que moi, c’est mieux
Moi ça m’arrange, mais où sont les anges ?

Depuis le premier single « À la dérive », est-ce que tu as l’impression d’avoir trouvé ta voie/public ou tu es toujours à la dérive ?

BDF : Etre à la dérive est un choix ! C’était déjà une voie en soi, celle de délaisser tout ego sur la rive, faire le grand plongeon et se laisser aller dans l’onde et dériver des rives de la cité laissée en cécité sous les feux carnassiers de la consommation… A la dérive, c’est aussi et surtout, se laisser aller à aimer, se risquer à se perdre dans les yeux de l’autre, au risque de tout perdre. Dans le fleuve de mes premières œuvres, d’autres cœurs, à la dérive, ont dérivé jusqu’à moi, et continuent d’affluer en ma direction. Je les accueille avec joie ! Et j’avance d’ores et déjà, une dérive des continents à l’horizon ! Avec A la dérive, je suis partie en éclaireur vers la voie de l’amour, en veine de cœur. Qui aime « aimer » me suive ! Je tiens et tiendrai le flambeau, morte ou vive, sobre et ivre, celui de la liberté, sirène aux pieds beaux. Toujours plus éprouvée, vous m’apercevrez près de la Seine, d’une rive à l’autre, sur la scène parisienne d’abord, et plus au large encore, chantant « D’amour et d’eau fraîche »… Moi, et mes yeux méduse, poète et muse, et ma guitare, ladite « Marguerite » pour radieux radeau.

On a remarqué que tu es également auteur de nouvelles avec Arnaud, l’écriture est une échappatoire pour toi ou la suite logique de votre ambition artistique ?

BDF : Nouvelles, contes (« Contes culinaires de la fée Myrtille », et « Tous contes de fées » coécrit avec Arnaud) chroniques, chansons, poèmes, grands récits, lorsqu’il s’agit d’écriture tous les formats, pour ma langue-caméléon, sont bons  (même tempo-topo-typo, pour Arnaud) !Je suis de naissance, une créature issue de la Renaissance, se nourrissant de littérature, arts, magie, philosophie et science (je ne sais, par lequel de ces biais, j’ai commencé à créer…) L’écriture est un moyen comme un autre d’exprimer sa Vérité. Je suis mon propre prétexte au texte. Il n’y a pas d’échappatoire, mais un détachement possible à la « dure réalité » établie ; il suffit souvent de changer de point de vue, ou de trouver refuge en son imaginaire, ou encore en sa dimension onirique… Quant à l’expression « ambition artistique », je ne cultive ni ambition ni amour-propre. J’offre mon amour à toutes mains, avec pour simple mission, ma voix, de bouche à oreilles, en émission.

Comment ça fonctionne avec Arnaud ? Qui fait quoi ? Est-ce toujours facile ?

BDF : Oui, c’est un enfer inouï d’œuvrer avec Arnaud Delporte-Fontaine. Entre nous deux, c’est une infernale idylle. On s’entend comme Loup et Lion. Vivre avec cet Affreux (je vous invite sur son Système A) qui n’a jamais froid aux yeux, qui est prêt à décrocher, rien que pour mes yeux, la lune, ou à changer la face du monde, d’un lancé de runes, juste pour que mon destin se fasse (et le sien au passage, je le lui rends bien) et ce, mal ou bien luné (ça n’arrive jamais), est divinement odieux ou odieusement divin ! Plus sérieusement, nos deux comètes, lancées en trajectoires opposées ou parallèles, se complètent. Au sein du Clan des Carpates, je m’occupe de la promotion de ses œuvres artistiques, il s’occupe des miennes. Nous sommes, dans l’écriture, deux alter ego (pour la musique, par contre, je fais bande à part. Fort heureusement, Arnaud me soutient dans la promotion de mes titres). Pour les Chroniques des Fontaines, nous avons nos rubriques partagées dans un même univers, celui, vert de gris, d’un Paris littéraire, dans l’air d’un temps suspendu…

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Pochette « Mon Amant de Karma »

Mon Amant de Karma, je l’ai Dans la peau, je me suis mise dans la sienne, le temps éternel d’une balade bertillienne. Mon Amant de Karma renvoie ma voix, c’est mon écho, c’est moi.

Est-ce lui ton amant de Karma ?

BDF : Avez-vous déjà piégé une Sirène dans une cage à Lion ? Ou un Lion dans un filet de poisson ? Arnaud est bien plus que cela. Il fait, défait ou refait le Karma. C’est une sorte de Kamikaze Karmique. Mon Amant de Karma n’existe (comme tout amant qui se respecte) que dans moi. C’est une Arlésienne, mon Arlésienne des Fontaines. Mon Amant de Karma, je l’ai Dans la peau, je me suis mise dans la sienne, le temps éternel d’une balade bertillienne. Mon Amant de Karma renvoie ma voix, c’est mon écho, c’est moi.

Quels sont tes projets et quand peut-on espérer assister à l’une de tes prestations ?

BDF : Ma période « D’amour & D’eau fraîche » se poursuit. Quatre chansons vont sortir au Printemps : Les Amours Oniriques, Si La Do Ré que je suis en train d’achever (ou qui sont en train de m’achever, ça marche dans les deux sens). Il ne me reste plus que Paris, mon Amour, et D’amour et d’eau fraîche, titre ultime et éponyme de cette ère épique ! A la dernière minute, ce nouvel air est venu hanter mes chairs, comme une dernière danse, une évidence…

Je serai à la Pomme d’Eve, le 19 avril prochain, venez nombreux y dériver jusqu’à moi, l’on se connaît si bien déjà, si ce n’est pas encore le cas, je saurai toujours vous reconnaître.

 

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