Il y en avait pour tous les goûts le week-end dernier à la 84ème édition de la fête de l’Humanité au Parc de la Courneuve en Seine-Saint-Denis, avec des têtes d’affiches comme Shaka Ponk, Aya Nakamura, Eddy de Pretto, Marc Lavoine ou encore Kassav’, pour un total de près de 60 concerts.

La fête de l’Humanité, organisée par le Journal l’Humanité, a été initiée par son directeur de l’époque Marcel Cachin, qui la définissait à l’époque comme une manifestation de « Solidarité prolétarienne ». La première édition à leu lieu au le 7 septembre 1930 à Bezons, mais les premiers concerts ne débutent qu’en 1936 durant le Front Populaire, avec la barre d’un million de personnes franchie après la Libération en 1945.

La fête de l’humanité marque généralement la fin de la saison estivale des festivals et la dernière date de tournée pour beaucoup d’artistes à l’image des Shaka Ponk ou encore Eddy de Pretto qui achèvent une tournée de presque deux ans ce week-end.

Il fallait s’armer de patience vendredi dernier et réfléchir à toutes les options possibles pour se rendre au Parc de La Courneuve en Seine-Saint-Denis depuis paris, les syndicats de la ratp ayant choisis ce jour là pour faire grève. Nous arrivons finalement à destination grâce au service VTC qu’on ne présent plus et qui, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, a presque triplé ses prix le jour en question. On se faufile une fois aux portes du parc avec nos précieux sésames à la main que la sécurité ne s’encombrera pas à scanner, nous délivrant les bracelets d’usage. Pendant ce temps, Loxley, Primero et Swing, le trio rap Belge qui évoluent sous le blaze L’Or du Commun, font leur adieu au public de la Grand scène. Nous qui avions prévus de les voir, c’est loupé.

De l’agora à la grande scène 

Fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Il fait une chaleur écrasante sur le site du festival qui grouille de monde, à croire que la grève n’a pas freiné la motivation du public. C’est parti pour trois jours de fête, de revendications et de militantisme. L’Agora de l’humanité où a lieu les débats et autres conférences se dresse majestueusement sur notre chemin. Le débat sur le thème « École, les raisons de la colère » vient de débuter animé par Olivier Chartrain, journaliste à l’humanité, qu’on aperçoit sur l’écran géant dressé pour permettre au public, installé sur la pelouse de suivre les débats. Le journal, qui traverse une mauvaise passe actuellement, a besoin de soutiens pour se relever et ne pas être obligé de devoir déposer le bilan. Mais on ne s’attardera pas trop, la politique n’étant pas notre fort, il nous faut déjà filer vers la grande scène pour communier avec les amoureux de la musique.

La grande scène en ébullition

Aya Nakamura, fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Aya Nakamura, fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Qui a dit que la fête de l’humanité c’était pour de vieux prolos en manque de crédibilité ? Pas nous en tout cas et ce n’est pas la programmation de cette fin d’après-midi qui dira le contraire. La fosse de la grande scène déborde de jeunes ados en liesse qui scande le prénom de « Aya » à en perdre haleine, pendant que les enceintes se chargent de distiller la bande annonce qui précède chacune de ses apparitions sur scène. Trois chansons plus tard devant un public en délire, elle se présente comme à son habitude « je m’appelle Aya, j’ai 24 ans, je suis né à Bamako et j’ai grandi dans le 93… » hurlement de la foule ne la laisse pas terminer, elle a grandi dans le département qui accueille la fête de l’Humanité, ici elle est chez elle et ça ne passe pas inaperçu.

Aya Nakamura, fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Aya Nakamura, fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Pookie met le feu aux poudres entourée de ses quatre danseurs avant de terminer sur le tube qu’on ne présente plus « Djadja », aidé de la foule qui connait les paroles par coeur.

L’humanité des Terroirs

Nous profitons du changement de plateaux pour faire un petit tour du site, sortir de l’espace qui ceinture la grande scène est un véritable chemin de croix. Nous n’allons pas bien loin et décidons de prendre un verre dans l’un des bars de la Cgt qui jonchent la place, attiré par l’ambiance qui s’y déroule. Les esprits s’échauffent déjà, la chaleur est étouffante et certains n’hésitent plus à faire tomber la chemise, aidé des morceaux old school que balance le dj derrière ses platines.

Contrairement à d’autres festivals, ce n’est pas à la fête de l’humanité qu’on risque de se ruiner, ici les prix sont plus que abordables, une pinte à 5€, là où certains vont jusqu’à 10€ pour ne pas dire plus.

https://www.instagram.com/p/B2b6EyroPE7/?utm_source=ig_web_button_share_sheet

Une heure plus tard, nous sommes de retour devant la Grande scène où de Eddy de Pretto, Bermuda bleu et gilet rouge sur un tee-shirt blanc siglé de la célèbre marque au crocodile, achève ce soir sa tournée de presque deux ans. C’est la fin de l’aventure « Culte », du nom de son premier album, le « Kid » du rap est ému aux larmes, mais cache bien son jeu derrière sa « Virilité abusive ». Ce soir l’heure n’est pas « Grave », même si sur certains visages on perçoit une certaine émotion, il reviendra bientôt pour une nouvelle aventure. Pour ce qui est de la « Fête de trop », il faudra encore attendre.

Le show de la fin est assuré par le Dj allemand Paul Kalkbrenner derrière ses platines, devant une foule bien compacte qui visiblement n’a aucun souci pour rester faire la fête tard malgré la grève des transports. Mais pour nous, il est temps de lever l’encre, laissant derrière nous un spectacle visuel qui régale la foule. Demain est un autre jour.

Jour 2 : Un samedi au soleil

Fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Samedi c’est une autre journée caniculaire qui nous attend à notre arrivée sur le site peu avant 16h, au programme de cette deuxième journée : Marc Lavoine, Steve Amber, Soprano et Shaka ponk.

Après un rendez-vous interview en backstage de la scène Zebrock avec le quatuor Steve Amber, nous fonçons vers la grande scène. La foule est plus dense que la veille, la grève dans les transports est derrière nous et le beau temps ne s’est pas faut prier.

Sur la grande scène, on retrouve un Marc Lavoine toujours aussi séduisant malgré le temps qui passe. Lui le fils de communiste qui proposait le journal l’humanité le dimanche en compagnie de ses parents, est chargé de lancer les hostilités en ouverture de cette scène où on passera beaucoup de temps aujourd’hui. Ses anciens tubes sont repris en cœur par un public plus familial que la veille, la reprise du « Déserteur » de Boris Vian résonne comme une ode à cette fête de l’Huma, dont il soutient le combat.

Steve Amber, fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Steve Amber, fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

En backstage de la scène Zebrock, un pot est offert à la presse après une présentation du dispositif, l’occasion de souffler un peu entre deux bouchées. Mais la détente sera de courte, puisqu’il faut retourner en devant de scène pour le concert survolté de Steve Amber. Depuis que nous les avons découvert en première partie de Feu! Chatterton, nous sommes complètement fan. Le quatuor ne laissera aucun répit au public massé devant eux, malgré la chaleur écrasante. Auteur d’un formidable EP From the Temple on the Hill, disponible depuis l’année dernière et avant la sortie de leur premier album annoncé pour l’été prochain, la bande originaire de Brest a fait le job. De What The radio plays en passant par Something Wrong, le jeu instrumental à quatre fait trembler la scène Zebrock et le public qui lui offre une standing ovation à la fin.

Soprano, fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Soprano, fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Pendant ce temps sur la grande scène, c’est l’ancien membre de Psy 4 de la rime, en la personne du rappeur Soprano qui communie avec son public, dans une ambiance très familiale. Actuellement en tournée avec son Phœnix Tour, le rappeur au chapeau n’est pas venu seul, puisqu’il est accompagné sur scène par quatre musiciens à cordes pour un show symphonique. 

La dernière de Shaka Ponk

Shaka Ponk, fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Shaka Ponk, fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Ils étaient tant attendus pour cette dernière du Mondalik Tour 2, sur la main stage de la fête de l’humanité. Dès la fin de l’après-midi, les membres de la Shaka Family étaient déjà visibles en nombre sur le site de la fête. Festival oblige, les rockeurs survoltés ne livreront pas leur meilleur show pour cette dernière. Une occasion de retrouver la ravissante Sam et sa voix stridente sur Smells Like Teen Spirit, après un problème de voix qui les avait obligés à annuler leur show au Paléo festival à Nyon. Après une intro aux visuels futuristes soignés, mêlant avatars et le singe Goz (mascotte du groupe), Frah fait son entrée sur scène avec son déhanché qui déclenche les premières évacuations. Il ne se fera pas prier pour se jeter dans la foule comme à son habitude, qui le hisse tel un trophée qu’on expose pour la dernière fois.

Samaha, fête de l'Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com
Samaha, fête de l’Humanité 2019. (c): Phenixwebtv.com

Les fans n’auront pas droit à une dernière battle, le temps imparti à une prestation en festival ne le permet pas et les conditions ne semblent pas réunies. Mais Frah offrira une belle fin avec son grand tour au milieu du public, comme un Roi dans une arène, porté par son peuple après une belle victoire. Une fin de tournée qui annonce sans doute la préparation d’un futur album. On a hâte de les retrouver.

La fête de l’Huma prend fin pour samedi soir, nous ne pourrons pas revenir le dimanche assister au départ du 10 km de l’Huma, qui est un événement sportif attirant de plus en plus de monde, ni pour applaudir les Kassav’ ou Youssou Ndour. Mais ce fut une belle édition, sous une belle météo qu’on espère retrouver l’édition prochaine.

Vers un nouveau site l’année prochaine ?

Nous l’avons appris au détour d’une conversation, la fête de l’humanité doit déménager sur un autre site l’année prochaine. La raison est simple, le site a été retenu pour accueillir les compétitions des futurs jeux olympiques en 2024. Il faudra donc trouver un nouveau site pouvant accueillir le Parti communiste français et les autres mouvements de gauche qui composent la majorité des 450 stands présents.

Mais la fête de l’humanité n’est pas à son premier déménagement, elle qui a vu le jour à Bezons, trouvera bien un nouveau terrain de jeu pour ce qui représente la plus grande fête populaire de France. Et afin que le journal l’humanité, qui organise ce grand rendez-vous puisse continuer à assurer cette belle tâche, il est toujours temps de le soutenir.