Ce roman est un livre coup de poing. Le lecteur ne doit pas l’appréhender comme un thriller classique  sous peine d’être déçu, voir de passer à coté.

Afrique du sud, Moses, jeune homme noir, tombe en panne avec sa voiture, il décide de chercher de l’aide dans la résidence voisine surveillée et habitée par des blancs. Parallèlement, dans la même résidence, un couple de cambrioleurs de couleur découvre un cadavre en visitant les maisons.

Ce roman est très court et percutant. Max Annas nous plonge directement dans le feu de l’action  de son intrigue et dans son atmosphère oppressante et toxique. Le style de l’auteur est rapide et efficace. Le lecteur a l’impression d’étouffer, de ne pas pouvoir reprendre sa respiration. Il est littéralement  en happé et embarqué dans cette course poursuite effrénée contre Moses.

En effet, les habitants ont eu vite fait de faire l’amalgame entre Moses et les cambrioleurs. Le pauvre accusé se retrouve poursuivit par le service de voisins vigilants, par la sécurité et par la police en qui il n’a pas confiance car trop souvent corrompue, sans savoir pourquoi. Moses sait qu’il ne fait pas bon d’être noir, pour sauver sa survie, il va devoir fuir…

L’auteur fait le choix judicieux de prendre ces quelques heures passées dans cette résidence pour dénoncer le racisme qui règne encore dans ce pays. Vingt cinq ans après l’apartheid, l’auteur dénonce et nous montre à travers son roman, qu’il y a encore trop d’inégalités sociales entre les blancs et les noirs dans ce pays et que  les mentalités n’ont pas vraiment changées. Certes et heureusement les lois ont changées, les noirs sont libres et ont le droit de voter, mais en ce qui concerne une majorité de blancs, ils sont toujours sous la coupe du spectre de l’apartheid. La route sera sans doute encore longue avant que les états d’esprit s’éveillent et résorbent les inégalités de ces communautés.

Max Annas nous rend compte de cette situation à travers une intrigue très actuelle, des personnages et des situations réalistes. Pour cela, il utilise la narration à plusieurs voix. Deux points de vue : celui de Moses et des cambrioleurs et celui des personnes qui le/les poursuivent. Même si ce roman n’est que fiction, la réalité n’est pas très loin.

Ce roman est un thriller sociétal, incisif qui vous prend aux tripes, qui dénonce la malsanité de l’âme humaine, et qui tend à nous faire réfléchir sur notre société.