Ultra Vomit était en concert la semaine dernière à Rennes où notre reporter s’est glissée parmi le public de la fosse, pour mieux goûter à l’ambiance particulière de ce moment.

Ultra Vomit, le nom de ce groupe n’est pas vendeur? J’avoue, je fais partie de ceux qui s’y sont mis sur le tard, à cause de ce nom ridicule et puis du style : « C’est du Metal parodique! », m’avait-on dit. « Mouais bof, pas mon truc. J’aime bien le Metal mais quand c’est sérieux, non mais! ». Bien que le groupe existe depuis plus de 20 ans (créé en 1999), leur notoriété a particulièrement explosé en 2017 avec la sortie de leur troisième album « Panzer Surprise » et un nouveau line up qui semble fonctionner à merveille : Fétus (chant, guitare) et Manard (batterie), les deux membres fondateurs, sont actuellement accompagnés de Flockos (guitare lead, depuis 2007) et Matthieu Bausson (basse, depuis 2015).

Voilà bientôt trois ans que les quatre musiciens ne cessent d’enchaîner concerts et salles combles. Pour comprendre ce phénomène, il suffit simplement d’y goûter sur scène. En ce qui me concerne, je suis devenue complètement fan après avoir croisé leur route au Festival Les Bichoiseries, durant l’été 2019. Ce concert-ci, à Le MeM à Rennes était ma quatrième expérience en leur compagnie. Comme à mon habitude pour Ultra Vomit, je me fonds dans le public de la fosse pour mieux goûter l’ambiance.

Le MEM se veut être un lieu « très différent », et pour cause : il propose des concerts au sein d’un chapiteau de cirque aménagé en conséquence. L’intérieur est paré de tentures rouges et or, sol et ameublements en bois, orné de miroirs et boules à facettes, le charme de cet endroit est indéniable.

Ce soir, le public venu fêter le concert d’Ultra Vomit est, comme d’habitude, très varié, toutes les tranches d’âges sont représentées : étudiants, parents avec leurs enfants (il n’y a pas d’âge pour être initié à l’humour potache mêlé de bonne musique, les miens y ont déjà goûté également), jeunes retraités, parents libérés pour un soir de leur bébé, ou quarantenaires, comme moi et l’amie qui toujours m’accompagne quand il s’agit de célébrer la vie avec Ultra Vomit.

Un trio de punk en 1ère partie

Le trio Toybloïd ouvre cette soirée avec son Punk Garage énergique et sa sympathique présence sur scène. Lou Sirkis (chant et guitare – fille de Stephane Sirkis), Madeleine (basse) et Greg (batterie) chauffent le public avec une aisance redoutable. Dans la fosse, les plus jeunes osent les premiers pogos (Nous, les moins-jeunes, préférons économiser nos corps pour l’instant). En fin de set, l’une des danseuses figurant dans le clip de « Beauty and The Beast » vient rejoindre le groupe pour une démonstration de Pole dance, à l’occasion de la performance de ce morceau.

Des Ultra pas comme les autres

Avec Ultra Vomit, le changement de plateau est déjà une réjouissance : les membres du groupe font les derniers réglages des balances eux-même, vêtus de lunettes de soleil, capuche sur la tête, sweat noir orné d’un grand « ROADIE » imprimé en blanc sur la poitrine. Manard arrive le premier, dans un prétendu anonymat. Personne n’est dupe évidemment, rien de tel pour nourrir l’impatience du public. Suivent Matthieu, Flockos, et Fétus enfin, chaque musicien feint ne pas être celui qu’on croit, bien que le public scande leurs noms avec détermination.

L’entrée en scène, sur le générique de Fort Boyard, avec une chorégraphie à la super héro, me fait encore rire à la quatrième fois. L’ambiance est déjà bien chaude, lorsque résonnent les accords du titre « Darry Cowl Chamber » qui ouvre ce set. J’entreprends de filmer ce premier morceau avant de me laisser emporter, corps et âme, par l’euphorie et les pogos. Comme en témoigne ma vidéo ci-dessous, l’enthousiasme et les mouvements de foule sont déjà très présents.

Quel pied – ça ne se raconte même pas, ça se vit – de chanter des paroles insensées sur des musiques franchement tripantes : plus les textes sont éloignés de ce que je suis, plus le plaisir d’hurler les paroles est intense. Sur mon titre préféré « Un chien géant » (parodie de Tagada Jones), Niko Jones (chanteur dudit groupe), nous fait l’honneur de sa présence ici ce soir pour partager le chant avec Fétus.

Les morceaux s’enchaînent, tous (ou presque) très aboutis musicalement. On y retrouve des imitations plus que réussies de Gojira, AC/DC, Babymetal, Nirvana, Pantera, entre autres, et des reprises en style Metal de comptines ou chansons rigolotes « Une souris verte« , « Tirelipimpon« , « I Like to Move it » (qui devient « I Like to Vomit »), ou encore « La chenille » au cours de laquelle les gens en fosse tentent de réaliser une gigantesque chenille, tentative qui se conclut inévitablement par un chaos général. Chaque seconde est propice au lâcher-prise, mais les deux moments les plus attendus par le public sont de toute évidence « La minute Manard« , et le désormais légendaire « Wall Of Chiasse« .

Le premier est, historiquement, le moment où Manard, souffrant d’un point de côté, n’en peut plus de jouer de la batterie et ressent le besoin de se dégourdir les jambes, il chante alors un morceau pendant que Flockos assure les percussions. Ce soir, comme souvent, le batteur nous interprète « Keken« , ode à la bière Heineken. Matthieu Bausson nous fait ensuite profiter de sa voix (parce qu’il a des « beaux sons » – Bausson – qui sortent de sa bouche) sur le titre « Pink Pantera« .

Le deuxième événement immanquable, est la performance de « Pipi vs Caca« , la team caca côté guitare, la team pipi côté basse, le public se sépare en deux pour un Wall of Death qui réunira le pipi et le caca en une magnifique chiasse généralisée sur cette chanson d’une durée 53 secondes. Les mouvements de foule, à ce concert-ci, sont particulièrement difficile à gérer, probablement dû à la forme circulaire de la fosse uniquement entourée de marches (aucun mur pour canaliser les mouvements sur les bords), mais l’esprit bienveillant habituel du public de Metal (pardon pour ceux qui croient encore que ce sont des brutes…) est bien présent : quand quelqu’un perd son téléphone ou ses lunettes, un cercle s’organise immédiatement, et les lampes de téléphone s’allument, jusqu’à de que l’objet perdu soit retrouvé. Il est alors rendu à son propriétaire sous les applaudissements des quelques personnes impliquées dans cette démarche de sauvetage.

Une des forces également d’Ultra Vomit, est cette impression très familiale qu’ils ont su créer dans leur groupe, on comprend vite que chacun possède un personnage (ou alors, c’est le personnage qui possède chacun des membres du groupe, je ne sais plus…) et on s’attache vite à chacun d’eux : Manard, c’est les jeux de mots et la voix de merde, Flockos, le beau gosse qui soigne son style, Matthieu Bausson, le petit dernier qui n’a pas droit au chapitre et Fétus, le leader charismatique (avec pourtant un short ridicule) que tout le monde adule comme un dieu (second degré obligatoire). Justement, ce soir, le public fait une petite blague à Fétus : au moment du titre « Anthracte« , le public est censé crier son nom, mais ce soir, les gens décident de se taire, trop drôle, car sans cette réaction, pas de suite. C’est finalement Manard (le plus grand fan de Fétus) qui sauve la mise en prononçant le mot magique. On se rappellera tous du « Vous vous foutez de ma gueule! » lancé par Fétus, et du sourire qui va avec.

Le set se termine par le tubesque « Je collectionne des canards (vivants)« , avec la participation du mec des canards (alias Andreas Martin, acolyte de Fétus dans le projet « Andréas et Nicolas ») qui tient aussi le rôle de Jesus plus tôt dans le set. A l’issue de ce morceaux, quelques enfants ont le privilège de monter sur scène, un petit gars de six ou sept ans, peut être moins, a même l’audace de traverse le public en crowd surfing.

Le groupe est rapidement rappelé pour enchaîner trois de ses meilleurs morceaux qui montrent toute l’étendue des capacités vocales et d’imitation de Fétus : « Kammthar » (parodie de Rammstein), « Quand j’étais petit » (parodie de Motorhead), puis le magnifique « Evier Metal » (parodie de Iron Maiden) pour finir en apothéose.

Le bonheur ressenti dans le public n’a d’égal que le plaisir évident des musiciens sur scène. Un concert d’Ultra Vomit vous laisse inévitablement dans un état démesuré d’euphorie enthousiaste excessive. Un prérequis est cependant nécessaire pour apprécier ce moment à sa juste valeur : apprécier la (bonne) musique Heavy Metal.