Mercredi dernier, est paru le conte musical Siam, au fil de l’eau. Un livre audio de 48 pages sur lequel plusieurs personnalités ont posé leur voix. Entretien avec Tim Dup, qui assure le rôle de James : il nous décrit son regard sur ce conte, la conception de celui-ci et ce qu’il a aimé dans cette aventure.

Comment a débuté cette aventure ? Comment ce conte est-il arrivé jusqu’à toi ?

Tim Dup : Ça s’est passé pendant le premier confinement : Arnaud Thorette, qui est à l’origine du conte et en a écrit les textes, m’a contacté. J’ai tout de suite adhéré à cette idée de conte pour enfants, c’est un domaine dans lequel je n’étais pas encore allé. J’aime bien essayer de nouvelles choses. Les histoires jeunesse, on peut avoir tendance à réduire ça à la portée des enfants, mais, en fait, c’est souvent un moment de partage familial, j’aime bien ce côté transgénérationnel, il y a quelques chose d’universel qui, potentiellement, va toucher plus de monde. L’histoire était touchante aussi. Et dans cette période de confinement, on avait tous très soif de faire à nouveau des rencontres, de partager le métier qu’on fait, de retrouver la sève du partage créatif, de l’échange.

Et pour une bonne cause…

Tim : Et puis il y a Le rire médecin, l’association qui va bénéficier des ventes du livre CD. C’est très chouette aussi de se dire que ça a du sens car il y a une jolie cause derrière. Voilà donc, les multiples raisons pour lesquelles j’ai accepté de participer à ce projet.

Avais-tu déjà ressenti l’envie de chanter pour la jeunesse avant cette proposition ?

Tim : Non, c’est vraiment cette occasion là qui m’a mis le pied à l’étrier. Je pense que ça me plairait, pourquoi pas, un jour, de faire un petit disque de chansons pour enfants. J’aime bien me lancer plein d’enjeux, de challenges, il y a des envies qui me traînent un peu dans la tête tout le temps, mais il n’y avait jamais rien eu de vraiment concret dans ce domaine. C’était la première fois qu’on me sollicitait pour un projet jeunesse.

Qu’est-ce qui te touche, en particulier, dans cette histoire ?

Tim : J’adore l’idée du voyage, je pense qu’on a beaucoup besoin de ça en ce moment, puisque justement, on ne peut pas trop bouger. Arnaud et Johan Farjot m’ont proposé ça en pleine période du premier confinement. C’est l’histoire d’une petite fille qui quitte son Asie natale pour tenter sa chance sur les scènes de Broadway. Là, on rentre à nouveau dans une période de confinement, cette histoire va probablement faire du bien à plein d’enfants. Elle offre une possibilité de s’échapper du monde dans lequel on vit qui est un petit peu chaotique, il faut quand même le reconnaitre, en ce moment. On y retrouve du voyage, la saveur d’un départ, avoir d’autres horizons en perspective, c’est quand-même très chouette.

Siam, Au fil de l’eau. (c): Olivier Latyk.

Tu interprètes le rôle de James dans cette histoire, te reconnais-tu dans ce personnage?

Tim : C’est l’homme au piano. Arnaud connaissait ma musique, mes chansons, et je crois qu’il a pensé à moi dés le début. Il a écrit les rôle des personnages en fonction de l’univers de chaque artiste qui les interprète. Je me reconnais en James dans l’idée du pianiste, du passionné, du voyageur aussi. Il y a quand même des traits en commun. Cette idée, de tenter sa chance, de mettre de coté la peur de ce que les gens peuvent en dire, surmonter tous les obstacles. Quand on choisit un profession artistique, il faut s’accrocher à l’envie de pousser ça à fond, car ce n’est pas simple. Je me retrouvais aussi dans cette idée d’être en équilibre entre deux points très éloignés du monde : entre l’Asie et les États-Unis, ce qui pose deux ambiances très différentes. J’ai eu la chance de voyager dans l’un et l’autre des continents et c’était assez chouette de retrouver ça.

Peux tu nous révéler un peu le rôle de James dans cette histoire ?

Tim : James, c’est un soldat Américain qui va au Vietnam pour la guerre dans les année 1970, et va rencontrer l’amour là bas. Il va y avoir cette rencontre impromptue et en même temps, une espèce d’amour fou qui se déclare assez vite avec une femme au Vietnam. Ensuite, il va rejoindre les État-Unis et tenter sa chance sur les scènes américaines de l’ouest. Il y a un côté comédie musicale qui est assez chouette, Arnaud est un grand fan de comédie musicale. Et l’histoire parle de personnages qui vont au bout de leurs rêves. J’aime bien donner cette idée aux enfants : du rêve, vouloir quelque chose, développer une force intérieure, de l’abnégation pour mener son rêve à bien. Traverser le monde pour décrocher ce rêve-là, c’est beau, comme idée !

A quel moment as-tu fait la connaissance avec la représentation de ton personnage dans ce livre très joliment illustré par Olivier Latyk?

Tim : Je l’ai découvert bien après l’enregistrement des chansons. À la base, c’est un conte qui est vraiment musical, avant tout quelque chose qui s’écoute. Les illustrations viennent poser une ambiance, les décors sont magnifiques, les dessins d’Asie, du voyage, de la traversée sont superbes. C’était amusant de découvrir James, avec une tête et des bras et qui ressemble à qui il est, il y a un côté assez savoureux à découvrir visuellement le personnage que tu incarnes. Les dessins sur une musique, c’est un peu comme quand un bouquin est mis en film (je pense à mon ami Gaël Faye et son très beau livre Petit Pays qui a été adapté récemment au cinéma), on t’enlève une part de subjectivité. Je trouve que les dessins du conte Siam déposent à la fois une ambiance concrète et laissent également une part de libre interprétation qui est agréable. Et je pense que c’est important aussi pour les enfants, d’avoir tout un travail d’imagination, de créer leur propre univers, en fonction de ce qu’on leur fait découvrir, écouter.

L’enregistrement a commencé pendant le confinement, mais tu es quand même allé en studio ?

Tim : Au début, pendant le confinement, Arnaud m’envoyait des choses, j’enregistrais mes voix dans ma chambre et puis je lui renvoyais. Et ensuite, au déconfinement, j’ai rencontré Arnaud et Johan pour enregistrer en studio, c’était chouette de découvrir leurs visages après avoir eu des échanges uniquement vocaux pour le début du projet. Pendant cette rencontre, pas mal de choses se sont ajustées, c’était un vrai travail en trait d’union. Presque tous les artiste sont allés en studio, mais on a dû y aller un par un, car c’était au début du déconfinement.

C’était un peu étrange de ne pas pouvoir travailler ensemble, non ?

Tim : En fait, j’ai rencontré la plupart des artistes pour la première fois, il y a quelques semaines, pour la promo : Gérard Jugnot, François-Xavier Demaison, Juliette, Marie Oppert. Et surtout, j’ai rencontré Sara Giraudeau. C’était chouette, car on est amoureux dans le conte donc, c’était sympa de se rencontrer après avoir enregistré les voix à distance. On a un duo qu’on n’a pas enregistré ensemble, c’était rigolo comme tout de raconter enfin ensemble cette histoire qu’on avait raconté séparément.

Y a-t-il des parties parlées dans ce conte ?

Tim : Oui, il y a des parties parlées, c’était assez rigolo de faire ça aussi. Rentrer un peu dans l’exercice de la comédie où tu prêtes ta voix à un personnage, ça se fait juste par les mots, mais c’était assez agréable et challengeant. C’était un peu nouveau pour moi. C’est chouette aussi d’avoir ce défi où tu essaies de plaire autant aux grands qu’aux petits, les livres d’enfance sont des mines d’or d’inspiration, d’intelligence, d’ouverture.

Dans l’hypothèse d’une adaptation du conte sur scène, serais-tu prêt à assurer le rôle de James pour une version spectacle ?

Tim : Oh oui, pourquoi pas, ce n’est pas quelque chose que j’ai beaucoup fait. J’aime bien l’idée de porter une autre personnalité que la mienne sur scène, je crois que ça m’amuserait. Après, il faut le faire si on se fait plaisir et si on sent qu’on a quelque chose d’intéressant à donner là-dedans. Je ne le ferais pas par principe : ok je peux faire de la comédie, si ça se trouve, je suis terrible (rires). Il est vrai que je l’ai déjà un peu tenté dans des clips. L’idée de rentrer dans un autre personnage, de raconter une histoire, j’aime bien.

Le conte « Siam, au fil de l’eau » est à retrouver chez votre libraire sous forme d’un livre CD (1h d’écoute) de 48 pages + dépliant, format 240X300 au prix de 23€90. La version sonore est également disponible sur les plateformes de téléchargement depuis le 30 octobre 2020.