Devant un public clairsemé sur des sièges numérotés, le jeudi 29 juillet au Festival Grandes Marées, Hervé a su rassembler et faire danser les curieux qui passaient par là aussi bien que ses fans avertis.

Élu révélation masculine aux Victoires de la Musique 2021, l’artiste breton Hervé aurait tout aussi bien mérité le titre de révélation scène, si cette catégorie n’avait pas dû être annulée pour cause de Covid. Sa prestation solaire et énergique sur le plateau de l’émission m’avait regonflée d’optimisme pour plusieurs jours, je brûlais donc de le découvrir sur scène et goûter en direct à son pouvoir électrisant.

Bien que les conditions sanitaires aient évolué, permettant les concerts debout, sans obligation du masque avec la mise en place du pass sanitaire, le Festival Grandes Marées avait fait le choix de garder, pour la grande scène, la configuration assise, sièges numérotés. Le public clairesemé a rapidement compris qu’il était plus intéressant d’occuper les premiers rangs, quel que soit le numéro qui lui était assigné.

Hervé au Festival Grandes Marées le 29 juillet dernier. (c): Didrik Launay Derain
Hervé au Festival Grandes Marées le 29 juillet dernier. (c): Didrik Launay Derain

On aurait pu croire qu’Hervé se laisserait décontenancer par les nombreux sièges vides, mais il possède cette force du jeune artiste déterminé à conquérir un à un ceux qui croiseront son chemin. Dès son entrée en scène, il repère les petits groupes qui sont déjà debouts et se mettent à danser et chanter au son des premières notes. Il branche donc particulièrement son énergie sur cette partie du public.

Je rejoins quelques enthousiastes sur la gauche de la scène (gauche pour l’artiste). Ici, peu importe que l’accès au devant des sièges soit refusé par les vigiles, on danse, on chante on profite des concerts debout retrouvés (et accessoirement du déhanché de l’artiste, l’angle de vue n’est pas si mauvais après tout). Et Hervé nous le rend bien à travers ses sourires hyper communicatifs et sa bonne humeur explosive.

Hervé, devant son clavier, accompagné des ses deux musiciens, batteur et bassiste, emmène rapidement les moins convaincus dans le tourbillon de son univers. L’enthousiasme monte, le jeune homme est un concentré d’énergie, il occupe tout l’espace, arpentant la scène de long en large à chaque fois que son rôle de musicien lui laisse un peu de libertés. Il se donne tellement que les pauses pour récupérer son souffle sont essentielles : serviette pour s’éponger le visage et bouteilles d’eau englouties. Ces moments de répit sont meublés par les cris, applaudissements et tapages de pieds d’un public de plus en plus bouillant.

De réflexions sur la salle qui ressemble à une grille de bingo (avec les chaises en plastique bleues et blanches) aux petites piques lancées aux derniers irréductibles assis sur leurs sièges, « Ça va pas trop mal aux fesses ou quoi ?« , les interventions d’Hervé entre les chansons sont toujours criantes de spontanéité. Arrivé aux deux tiers du spectacle, c’est tout naturellement qu’il regarde notre petit groupe de gauche (rien avoir avec une quelconque couleur politique, soyons clairs) et s’exclame « Bon, je vais finir par avoir un torticolis, venez devant la scène, on se fait une avancée de festival, il reste quatre titres, s’il y a des mécontents, vous direz que c’est de ma faute ! ». Ni une ni deux, à ces mots libérateurs, tout le monde se rue vers la scène pour terminer le concert dans des conditions optimales.

Hervé au Festival Grandes Marées le 29 juillet dernier. (c): Didrik Launay Derain
Hervé au Festival Grandes Marées le 29 juillet dernier. (c): Didrik Launay Derain

Déterminé jusqu’au bout, et porté par nos applaudissements intarissables, Hervé arrive à obtenir l’autorisation d’un rappel auprès de la régie. Heureux comme un gamin qui vient de déballer ses cadeaux de Noël, il nous affirme que c’est la première fois qu’un rappel lui est permis en festival. Pris de court, il laisse le choix du morceau à ses musiciens qui optent pour son titre phare Si bien du mal.

Le concert se termine dans l’euphorie la plus complète. Nous serons nombreux à retourner applaudir le jeune artiste en salle avant la fin de sa tournée qui s’achèvera le 14 décembre prochain à l’Elysée Montmartre (Paris).