Jeune artiste indépendante originaire de Genève, lakna est la nouvelle sensation rnb si on en juge par son dernier titre « Solo de sax », qui tel un tsunami, témoigne de la force de ses racines et de son métissage. Rencontre
Lakna est sur les chapeaux de roue en ce moment. Après son dernier EP Tsunami sorti en mars 2023 et témoignait de ses émotions, l’artiste s’apprête à écrire une nouvelle page de son histoire en musique avec un nouveau projet prévu en 2024. Si le précédent, né dans la douleur d’une rupture amoureuse avait réussi à réunir les auditeurs autour d’une même douleur(Up and Down), on y entrevoyait tout de même son envie de liberté totale face à la société et ses standards (océan).
Et l’avenir nous donnera raison puisque le 24 novembre dernier, sortait son nouveau single « Solo de Sax », à travers lequel elle aborde avec fierté, ses racines et son métissage. Fille d’un griot burkinabé et d’une mère suisse, Lakna a grandi dans une atmosphère artistique qui lui a insufflé une passion précoce pour la musique. Une identité métisse très riche, qu’elle revendique, sans tomber dans la caricature du politiquement correct.
Hello Lakna, désolée pour la rencontre loupée sur paris, ce n’est que partie remise. Comment te portes-tu en début d’hiver ?
Lakna : Je vais bien merci ! Je fais de la luminothérapie pour me sauver de la dépression saisonnière.(ahah)
Avec un papa musicien et une maman accordéoniste, tu étais prédestinée à faire de la musique. Quel héritage gardes-tu de cette époque ?
Je pense que tout enfant qui a des exemples de personnes créatives va naturellement ouvrir ce côté-là de lui-même. Je trouve que c’est une réelle bénédiction ! Et encore maintenant je garde un lien précieux avec l’exemple qu’a été mes parents.
Tu as du faire un choix entre tes études et ta passion pour la musique ? Est-ce que tu le regrettes aujourd’hui ?
Non je ne le regrette pas, ma situation s’améliore d’année en année. Peut-être que si un jour ça ne marche vraiment plus du tout et que je ne vois plus de progrès je te répondrai autre chose (hahaha).
En novembre 2021 tu te lances dans l’aventure avec un premier EP Univers Observale, avec le recul s’il fallait recommencer tu ferais pareil ?
Je pense que je ferai tout pareil car le fait de sortir un EP permet aux opportunités d’arriver et aux gens de me voir. Peut-être par contre que j’aurais aimé trouver mon « style » plus tôt. Mais en réalité encore aujourd’hui je continue à me découvrir artistiquement.
Pourquoi avoir intitulé ton nouvel EP Tsunami ? Est-ce une façon voilée de dire au public que tu as eu une existence compliquée ?
Non, j’aimais bien ce titre car je trouve qu’il représente ce que je ressens quand j’ai différentes émotions, qui elles me font écrire des chansons. Qu’elles soient positives ou pas !
Dans ton EP il est question de rupture amoureuse, de dépression ou encore de métissage… as-tu besoin de vivre les choses pour en parler ou c’est le fruit de ton observation ?
Tout passe par ma vraie vie. Concernant le métissage, c’est des préoccupations qui sont en moi depuis longtemps et qui sont surtout ressorties ces dernières années. J’ai fait beaucoup de recherches identitaires et j’ai découvert un besoin d’appartenance assez fort.

Quelle relation entretiens avec ton public ?
Je crois que je suis quelqu’un d’assez ouverte sur ma vie et détendue. Quand on vient me parler dans la rue ça me fait plaisir de savoir ce que eux ils font de leur vie. Je n’ai même pas vraiment l’impression que on peut complètement s’intéresser à moi ahahah, c’est même pas de la fausse modestie c’est mon cerveau qui me dit que ce n’est pas possible. Ça me protège beaucoup des critiques et du regard des autres, je me dis tout le temps qu’ils ne doivent pas avoir le temps de parler de moi.
Entre la scène et le studio, où te sens-tu le plus en phase avec ton univers ?
Ça dépend de la période de ma vie, mais en vérité j’ai commencé la musique car je voulais être sur scène devant des milliers de personnes. Mais maintenant je commence à vraiment tomber amoureuse du processus de création en studio.
Est-ce un souci pour toi d’assumer fièrement ta double identité dans l’industrie musicale ?
C’est un peu compliqué car je suis « entre-case » à pleins de niveaux. Je sens parfois que les gens ont de la peine à me catégoriser et que ça peut me porter préjudice. Mais c’est comme ça que je vais continuer d’avancer car c’est moi.
Dans ton clip « gimme » tu te laches comme jamais, en assumant pleinement tes formes dans une sensualité déconcertante. Est-ce un contrepied aux standards actuels de la société ?
J’avais envie de retrouver la force de ma féminité, en grandissant on m’a souvent dit qu’avec mon corps je devrais faire attention à ne pas être trop sensuelle car ça pouvait être dangereux. Donc j’ai eu tendance à avoir honte de ce coté là de moi. Dans Gimme j’ai voulu reprendre le pouvoir sur cette partie de moi. Et j’ai adoré !
Quand aurons-nous la chance de te découvrir en live sur une scène parisienne ?
Je n’ai pas encore de date précise mais bientôt !
