Diversité et richesse artistique étaient au rendez-vous de la 48e édition du Printemps de Bourges qui s’est achevée le dimanche 28 avril après avoir fait vibrer la ville aux rythmes de ses nombreux spectacles quotidiens.
Le mardi 23 au soir, les habitants et les visiteurs ont afflué Place Serracourt où était organisé un grand bal européen pour lancer cette nouvelle édition. Récemment couronnée de son titre de Capitale Européenne de la Culture 2028, Bourges a profité de la 48e édition de son festival de printemps qui s’est déroulée du 23 au 28 avril dernier, pour vibrer aux rythmes de nombreux spectacles programmés dans toute la ville. Le 13 décembre 2023, le maire divers gauche Yann Galut réussissait à la surprise générale, l’exploit de faire de sa ville la prochaine capitale européenne de la culture de la France en 2028. Une action lancée conjointement en 1985 par la France et la Grèce avec pour objectif de promouvoir la diversité des cultures en Europe et placer la culture au cœur du développement d’une ville sur le long terme. Ce soir là, le bal ne fut pas masqué, ce qui présageait une grande célébration musicale portée par plus 130 artistes durant six jours.
La jeune génération a le vent en poupe
Avec seulement 30 minutes au programme, Santa a fait fureur en ouverture du W le mercredi 26 avril avec son tube « Popcorn salé » ou encore « Recommence-moi », le titre éponyme de son premier album attendu le 24 mai prochain et qu’elle portera en marge de son groupe Hyphen Hyphen. Elle sera suivie de près par la sensation du moment aux quatre Victoires de la Musique Zaho de Sagazan dont La symphonie des éclairs a double tranchant peut rebuter plus d’un. À peine descendue de scène, elle rejoindra le Palais d’Auron pour participer à la création originale « Messages personnels » en hommage à l’icône Françoise Hardy comme nous vous l’indiquions dans un article la semaine dernière.
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Un peu plus tard dans la soirée, Mika en plumes et paillettes fera ton sur ton avec sa pop acidulée qui séduit toujours autant qu’il fédère le public, surtout quand il a repris son premier single au refrain entêtant « Relax take it easy ». Le coach de The Voice sur la Une a su emporter le public dans son univers coloré avec sa personnalité haute en couleurs, dès son entrée sur scène dans une cage d’oiseau. Malgré une voix qui n’était pas toujours au rendez-vous, l’ambiance et la ferveur n’ont pas fait défaut, ce qui a poussé l’artiste à descendre dans la fosse pour interagir avec des fans, pour qui certains étaient présents dès potron-minet. Une ambiance de folie que le DJ Martin Solveig n’a pas su entretenir en douchant nos attentes avec un entrée ratée qui en a déçu plus d’un et qui nous a fait regretter le mix majestueux de Bob Sinclar l’année dernière.
Heureusement que le lendemain au Palais d’Auron, Eddy de Pretto a su mettre un peu de « love’n’tendresse » dans le cœur des festivaliers avec les titres de son 3e album Crash cœur qui confirme que le « Kid » du rap a fait du chemin depuis 7 ans. Ou encore Nuit Incolore, révélé sur Tik Tok grâce à un extrait de 15 secondes de son titre « Dépassé » devenu viral et qui lui permet aujourd’hui de vivre son premier festival à Bourges. Hoshi de son côté a mis le public à l’abris de son « Cœur de parapluie » sur la scène du W en prélude à la tempête Shaka Ponk. Le groupe de rock qui effectue actuellement sa tournée d’adieu, a fait trembler le chapiteau lors d’un show émouvant à guichet fermé qui restera dans les mémoires.
Il pleut mais il fait beau…
« Bonjour, nous sommes à Bourges, pour le Printemps. Pour le Printemps de Bourges bien sûr. Pour le temps c’est pas forcément l’idéal, mais enfin c’est le temps habituel pour moi… » à la lecture de ces quelques mots sous forme de punchlines humoristiques, on pourrait croire qu’il s’agit d’une déclaration de l’un des poids lourds du rap programmé au W samedi dernier, mais que nini. C’est l’ancien Président de la République François Hollande qui a livré ce constat à son arrivé sur Bourges le 26 avril dernier et nous pouvons le confirmer, il a plu toute la fin d’après-midi et jusqu’à tard dans la soirée. Une météo qui contrastait avec celle du lendemain qu’on pourrait qualifier d’été indien, ou celle du milieu de semaine en forme de montagne russe. Mais de là à rendre l’ex chef d’état responsable de la flotte qu’on s’est pris le samedi …
Malgré les caprices de la météo, le rap a battu son plein le week-end dernier et a su réchauffer les corps et les cœurs des jeunes qui étaient tous en sueur sous le chapiteau du W. Il pleut à l’extérieur, mais à l’intérieur il fait quand même beau. Autrefois relégué à la Halle au blé, le marché couvert de Bourges, les amoureux de rap ne se sentent désormais plus à l’écart depuis l’édition d’avril 2023 et ont pu profiter d’une programmation assez éclectique. L’électro n’était pas en reste avec un Saturday Night Fever au Palais d’Auron qui s’est achevé dimanche au petit matin.
Les interplateaux de la soirée du samedi au W étaient assurés par les trois lauréates de l’édition 2023 de Rappeuses en Liberté : Saturnz, Turtle White, et Lyloow ont chauffé le public à block avant les concerts de l’étoile montante du rap Bekar, du plus gros vendeur de disques en France en 2023 et révélation masculine pour les Flammes en 2023 Werenoi, et enfin le nouveau projeté de Booba aux textes subversifs SDM. Prix du morceau RnB de l’année aux Flammes 2024, Josman qui a grandi à Vierzon avant son déménagement en banlieue parisienne, a laissé parler son flow pour conclure cette soirée rap qui avait trouvé son public en affichant rapidement complet. Une soirée Sold Out, tout comme la précédente avec à l’affiche le jeune PLK, le sensuel et polyvalent Luidji, sans oublier le fascinant et autodidacte Yamê.
Et les inouïs dans tout ça ?
À l’image d’un Eddy de Pretto révélé par les Inouïs du Printemps de Bourges, le tremplin du festival qui permet chaque année de découvrir de nouveaux artistes de la scène musicale régionale, 33 artistes émergents étaient invités à présenter leurs univers au public et au jury de professionnels présidé cette année par la chanteuse Izïa. À l’issue de ces quatre jours de prestations aussi diverses que variées, le palmarès est tombé. Le Prix du Printemps de Bourges Credit Mutuel – Inouïs 2024 a été attribué à Noor (chanson pop). La candidate en provenance de l’île de France succède ainsi à Brique Argent et participera à la tournée des Inouïs cet automne avec en prime une participation à la prochaine édition du Printemps de Bourges. Le Prix du Jury – Inouïs 2024 a été attribué à Jean (chanson pop) en provenance de Normandie qui participera aussi à la prochaine tournée des Inouïs. Et enfin le Prix Public Riffx – Inouïs 2024 est allé à Marius qui a reçu les faveurs du public appelé à voter en ligne durant le festival. Il remporte ainsi une bourse de 2.000€ et une session d’enregistrement.
L’apothéose du dimanche de retour
Le soleil était au Zénith pour le retour des concerts au W le dimanche où le public se veut très souvent familial et intergénérationnel. C’est sous une chaleur écrasante que le jeune public a donné de la voix lors des concerts de Nej et M Pokora, au programme de cette dernière journée. Les deux artistes avaient à leurs côtés, outre leurs accompagnants, trois membres de l’Association 10 doigts en cavale se sont relayés sur scène pour traduire en langue des signes les titres des deux artistes pour les personnes malentendantes et non voyantes. Une belle initiative qui confirme que le Printemps de Bourges ne cesse d’évoluer dans son approche d’inclusion qui mérite d’être saluée.
Rendez-vous est désormais noté dans notre agenda (et maintenant le vote) pour la 49e édition prévue du mardi 15 au dimanche 20 avril, un an avant l’édition du demi siècle et trois ans seulement avant l’édition Bourges Capitale Européenne de la Culture 2028.

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