Deux ans après son premier EP « 13 ans » qui revenait sur ses addictions, Jeanne Bonjour se relève dans « Nouvelle Ère« , son nouveau projet dans lequel elle s’interroge sur son rapport aux autres. Rencontre !

« Jeanne Bonjour n’est pas un pseudo, mais ma véritable identité, c’est déjà assez original pourquoi le changer ? » d’entrée de jeu nous sommes fixés. Ce qu’on a toujours pris pour un pseudo depuis ses débuts en mode « Mood » jusqu’à la sortie de son premier EP 13 ans en 2021, n’en n’est rien finalement. Au festival Kimpton où nous avions rendez-vous pour un aparté le mois dernier, Jeanne Bonjour fera forte impression lors de sa performance live derrière son clavier sur scène en défendant les titres de Nouvelle Ère, dans une configuration presque identique à celle des Transmusicales de 2022 où nous l’avions vu pour la première fois accompagnée d’Antoine Jourdan au synthétiseur et Léo Chaussé à la guitare et à la batterie électrique.

Avec plusieurs cordes à son arc, la comédienne, auteure compositrice et interprète originaire de Rennes garde la tête sur les épaules quand il s’agit de raconter ses propres histoires avec une forme d’autodérision. Après avoir abordé les facettes de la drogue suite à un traumatisme dans son premier EP six titres 13 ans dévoilé en 2021, celle qui a baigné dans le milieu artistique depuis sa tendre enfance avec une mère accordéoniste, opère sa mue dans Nouvelle Ère. En huit titres de moins de trente minutes, l’artiste nous plonge dans un univers électro pop où mélancolie douce et rythmes endiablés font bon ménage. En interrogeant son rapport aux autres, la Révélation Riffx 2023 sort du registre personnel et introspectif dans lequel elle s’était repliée deux ans plus tôt, « Il y’a une forme de résilience par rapport au premier projet. Avant j’étais plus dans l’introspection alors que là on se retrouve dans quelque chose de beaucoup plus extravertie… »

L’EP de la majorité

Du haut de ses 23 ans, Jeanne Bonjour fait preuve d’une grande lucidité dès le titre d’ouverture au piano en conviant l’auditeur à danser sur ses « Regrets » puisqu’il n’y a qu’en musique qu’on les applaudit. « Chaque morceau est une nécessité, c’est très thérapeutique pour moi, j’ai besoin de faire des morceaux pour moi avant d’en faire un métier. Je fais vraiment de la musique par passion, c’est pas un truc calculé, quand je fais un morceau c’est vraiment instinctif… ». Même si ça reste très autobiographique, dans le texte, il arrive à Jeanne de s’inspirer des histoires des autres ou de les accentuer. « Dans « Série B » j’accentue beaucoup parce mon idée de départ c’était de prendre une de mes expériences pour ensuite la codifier comme dans une série. » Et parfois ça lui arrive de nous replonger dans l’ambiance innocente des années 90 comme avec « Ce soir ».

Ce qui n’empêche pas la rennaise de garder les pieds sur terre et de se protéger des pièges du milieu, « Je suis un peu ma propre manageuse, je mets vraiment des limites, j’essaie de ménager des jours de congés, c’est important… ». Inspirée par des artistes tels que Nino Ferrer ou Catherine Ringer, Jeanne n’hésite pas à remettre au goût du jour certaines compositions à l’image de sa reprise du titre « En héritage » de Benjamin Biolay dont elle a assuré la première partie au zénith de Lille en 2022 ou encore sa fameuse reprise en français de « Creeds », le tube de Radiohead qui conclu en beauté son nouveau projet. L’illustration a d’ailleurs en partie été réalisée à l’université de Rennes où Jeanne était étudiante en licence Art du spectacle il n’y a pas si longtemps. « j’ai le temps de comprendre les choses, savoir avec qui travailler, comment je veux évoluer et surtout bien préparer mon album ».

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