Malgré le succès de son premier EP qui cumule plus de 15M de streams sur les plateformes, Doria D est toujours dans une quête perpétuelle. C’est ce qui ressort de son premier opus Je cherche encore… dévoilé le 31 mai dernier et dans lequel elle fait face à de nombreuses interrogations dont certaines restent toujours sans réponses. Rencontre !
Difficile d’imaginer que la jeune Doria D avec qui nous avions rendez-vous le 12 juin dernier au restaurant de la Maison de la Radio et de la Musique à paris, a connu un succès fulgurant avec son premier EP « Dépendance ». Même si les titres de ce dernier, comme elle le reconnaîtra sans vouloir s’en défaire, ne représentaient pas vraiment ce qu’elle voulait, ils font partie de son histoire et les renier serait suicidaire. Elle en est consciente, il faut toujours composer avec son passé pour espérer éviter de tomber dans les mêmes pièges plus tard.
La « Jeune et con » de 2021 revient avec un premier album à son image, dans lequel elle fait face à de nombreuses interrogations, donnant ainsi le sentiment d’être dans une recherche perpétuelle. À l’image du premier extrait vidéo « Questions » dévoilé le 19 avril dernier, Je Cherche Encore… se pare d’ambiance rock et nous plonge dans une quête sans fin d’une artiste qui, même si elle veut être parfaite aux yeux de tout le monde, revendique désormais le droit de souvent se mettre en « Colère ».
Tu reviens après le succès de ton premier EP « Dépendance », la transition n’a pas été trop difficile ?
Doria: J’ai du prendre un peu de temps. Il y a eu presque trois ans entre les deux. Mon premier EP a été très vite, c’était la première fois que je signais en label et j’ai eu plein d’opportunités sans avoir le temps de réfléchir à la direction que je voulais donner à mon projet. Ça a été très anxiogène, ce qui m’a poussé à prendre du recul, à me questionner sur qui j’étais artistiquement, où je voulais aller, retrouver le plaisir de faire de la musique.
D’où le titre de ton nouveau projet « Je cherche encore… », on comprend que tu fais face à de nombreuses questions. Est-ce que durant ce laps de temps tu as réussi à trouver des réponses à tes interrogations ou tu es toujours dans une sorte de recherche perpétuelle ?
Je suis clairement dans une recherche perpétuelle, et je pense que toute ma vie je vais être en mode recherche, mais c’est une recherche plutôt cool, j’essaie de comprendre le monde qui m’entoure et me comprendre moi même. Ces dernières années j’ai eu plein de réponses mais après il y a tout le temps de nouvelles questions et celles qui resteront sans réponse à vie et ça, je dois un peu accepter d’évoluer avec. Je suis un peu en recherche perpétuelle, c’est bien une recherche infinie.
J’ai appris à plus m’écouter.
Doria D.
Comment tu as réussi à te protéger de ce succès inattendu ?
Quand j’ai sorti le premier EP j’étais très jeune, je n’ai pas trop de main sur mon projet, je sentais que d’autres prenaient des décisions pour moi et je ne me sentais pas alignée avec ma musique. J’ai appris à plus m’écouter. Toute cette première expérience m’a vraiment montré qu’il fallait que je m’écoute, sinon ça avance, mais pas vers quelque chose qui me plaît au final, c’est un peu contre-productif. Il faut vraiment que je prenne le temps de m’écouter, savoir dire non aussi parfois.
J’ai le droit d’être souvent en colère, tant pis si ça dérange les autres…
Doria D.
Dans « Colère » tu demandes de te laisser le temps, mais le temps de faire quoi ?
De me mettre en colère… J’étais très très introvertie avant, je n’arrivais pas du tout à exprimer mes émotions, mes ressentis… je passais beaucoup par l’écriture. C’est pourquoi j’ai ce rapport très thérapeutique avec ma musique. Mais il y a un jour où je me suis dit que ce n’était pas honnête envers moi, envers les autres, d’aussi peu partager mes ressentis. Je me suis fais un pacte avec moi même d’exprimer mes ressentis, surtout la colère, parce que j’ai toujours été quelqu’un de calme, sage, souriante et qui fait en sorte de ne déranger personne. Un jour je me suis dit que j’ai le droit d’être parfois en colère tant pis si ça dérange les gens. La chanson « Colère » c’est justement pour honorer le pacte que je me suis fait avec moi même d’exprimer mes ressentis.
On a l’impression que l’obsession de la fille parfaite t’habite, pourquoi ?
Ça ne m’empêche pas d’avoir de la joie heureusement, ce n’est pas tant que ça une obsession. C’est vrai que j’essaie souvent un peu de comprendre quelles sont mes croyances limitantes et les choses dans lesquelles je m’enferme, qui m’empêchent un peu de m’épanouir complètement, et je sais que le regard des autres est un peu un frein. C’est un peu l’envie que tout le monde m’aime, soit d’accord avec moi, me trouve parfaite. C’est quelque chose que j’essaie de travailler, de lâcher prise, évidemment que je ne vais pas être parfaite aux yeux de tout le monde, mais c’est vrai que c’est une problématique.
Est-ce qu’on peu dire que tu es encore dépendante en parlant de cette obsession ?
Oui, mais je me soigne un peu ! (Rire)
Il n’y a pas d’équilibre parfait dans ce projet, quel message veux-tu faire passer si tu trouves toi même qu’il n’y a pas d’issue ?
Je pense qu’il y a des issues, il y a pas mal de problématiques que j’aborde. Je ne dis pas que je trouve des solutions, mais j’essaie d’apporter des touches d’espoir comme par exemple dans « Danger » où je parle beaucoup de mon anxiété et mes crises d’angoisse. Mais je tiens quand même à rappeler comme dans « Morose » que jusqu’à présent tout se passe bien et que demain sera beau aussi, c’est un peu mon petit mantra pour essayer d’apaiser mon anxiété. Mais après il y a des problématiques qui sont toujours en recherche et où je n’ai pas encore la solution. Pour l’instant je pense que c’est déjà quelque chose qui peut aider les gens de voir qu’on partage les mêmes problématiques. J’aborde parfois des thèmes que je n’ai pas encore réglés en interne.
Pour rebondir sur la question est-ce que les problématiques abordées dans ce projet sont de l’ordre du vécu ou plutôt des histoires glanées ça et là ?
C’est à la fois du vécu parce que je parle essentiellement de mes ressentis mais aussi parce que je m’inspire du vécu des personnes qui m’entourent. Par exemple, je voulais vraiment écrire sur l’anxiété arce que j’ai remarqué que beaucoup de mes potes étaient anxieux et partageaient la peur de l’avenir.
Est-ce que la « jeune et con » de 2021 a finalement retrouvé ses rêves ?
Ça a quand même changé parce que là c’est des années où je grandis très vite à cause de nouvelles expériences, je reprends confiance en moi, je trouve du sens à ce que je fais, sans compter les personnes inspirantes que je rencontre. Mon projet se construit et je vois de plus en plus où je veux aller.
Dans le projet on retrouve une énergie d’équipe et ton amour pour le rock. Est-ce que ça a été important pour toi de te re-approprier ça ?
J’avais été assez frustrée dans le premier EP où j’étais très limite dans la pop. Je bossais avec des gens qui me disaient « il y a tel schéma dans la pop et tu ne peux pas trop sortir du sentier… » C’était hyper frustrant pour moi parce que, comme tu dis, j’adore le rock, j’ai plein d’influences d’un peu de différents endroits et j’aime bien faire un cocktail de toutes les influences sans devoir me limiter dans ma création et ça c’était quelque chose de très frustrant avec l’EP. Là j’ai rencontré tout un groupe d’amis à Bruxelles qui fait de la musique et chacun a son projet personnel. On s’est très bien entendu autant personnellement que musicalement, ce qui nous a poussé à faire une résidence de musique durant une semaine. C’est à la fin de cette semaine là que l’album est né, on avait composé la plupart des titres sans trop réfléchir à un album. On s’est juste amusé en créant de la musique. La raison pour laquelle il y a plusieurs influences est qu’on ne s’est pas limité du tout dans notre création.
Quel lien entretiens-tu avec le public français ?
C’est encore le début de la découverte avec le public français, je n’ai joué que deux fois en France.
Tu as quand même des fans français qui te suivent …
Oui sur les réseaux, mais c’est assez dur de conscientiser vraiment à quel point j’ai des français qui me suivent. Je sais que souvent sur les réseaux on me réclame des concerts en France, il faudra un de ces quatre en faire, mais je sens qu’on est encore au début de notre rencontre avec le public français.
Quand on sort un nouveau projet après le succès du précédent on a très généralement envie de ne pas décevoir, est-ce que cette hantise t’habite ?
Pas vraiment, vu que j’avais été un peu frustrée dans ma créativité avec le premier EP, là je m’étais vraiment dit que le seul objectif c’était d’être fière de ma musique et que je m’amuse vraiment. Je me suis trop amusée à créer cet EP, je n’ai pas cette attente de savoir comment il va vivre, j’ai juste envie de l’offrir aux gens, j’en suis trop fière et, pour moi, ma mission est accomplie.
N’as tu pas peur qu’à chaque fois, on te ramène au succès du début et qu’on te demande les anciens titres ?
C’était un peu une question au début parce que je n’avais plus trop envie de jouer les premiers morceaux, je trouvais que ça ne me représentait pas vraiment. Mais le public le réclamait à chaque fois et, au final, je me suis dit que ça fait partie de l’histoire. Ce sont des morceaux que je suis quand même contente d’avoir écrit, qui m’ont quand permis d’être là aujourd’hui et la plus part des gens connaissent d’abord ces morceaux là. Maintenant je suis d’accord de les jouer mais par contre j’en ai fait des versions un peu différentes où je profite un peu plus de ce qui se passe sur scène. C’est un peu des versions inédites pour la scène mais les gens reconnaissent, ils peuvent chanter, c’est cool.
Et sur scène, la configuration va-t-elle changer ?
Oui, on est un peu plus puisqu’on est cinq. C’est un peu le retour au groupe de rock, j’avais envie qu’il y ait de vrais instruments, de vraies guitares, un batteur, un bassiste, du coup on est cinq.
Plus d’infos
Doria D est sur la route cet été avec notamment un passage aux Francofolies de Spa le 19 juillet et aux Solidarités à Namur le 24 août 2024.
« C’était hyper frustrant pour moi parce que comme tu dis j’adore le rock », mettre les virgules avant et après « comme tu dis »
« C’est la raison pour laquelle il y a plusieurs influencesparce qu’on ne s’est pas limité du tout dans notre création. » -> reformuler « La raison pour laquelle il y a plusieurs influences est qu’on ne s’est pas limité du tout dans notre création »
« un de ses quatre » -> « un de ces quatre »
« j’en suis trop fière et pour moi ma mission est accomplie » ajouter la ponctuation avec des virgules avant et après « pour moi »
« Mais le public le réclamait à chaque fois et au final je me suis dit que ça fait partie de l’histoire » ajouter la ponctuation avec des virgules avant et après « au final »
« Ce sont des morceaux que je suis quand même contente d’avoir écrite » enlever le « e » à la fin de « écrite
