Avec plus de 200 groupes et artistes sur quatre jours, l’édition 2024 du Hellfest a tenu ses paris avec une programmation XXL autour des musiques extrêmes qui a ravi les quelques 240.000 festivaliers présents dans l’enfer de Clisson du 27 au 30 juin dernier.

Du 27 au 30 juin 2024, Clisson a une fois de plus accueilli l’un des plus grands festivals de musiques extrêmes au monde : le Hellfest. Avec une programmation de plus de 200 groupes, cette 17e édition a réuni près de 240 000 festivaliers venus des quatre coins du globe pour quatre jours de musique, de folie et de communion autour du métal et du rock. Une édition marquée par des performances dantesques, des engagements forts et une ambiance unique. Retour sur un week-end mémorable dans l’enfer de Clisson.

L’entrée en enfer : un voyage unique

Le décor est planté dès l’entrée : la fameuse inscription “Welcome to the Hell”, située entre le camping et le site principal, accueille les festivaliers dans une autre dimension. Une fois la majestueuse cathédrale traversée, on se retrouve face à une explosion de décibels et d’images. Entre statues monumentales, architecture gothique et scénographies travaillées, le Hellfest ne fait pas les choses à moitié.

Dès les premières heures, les scènes s’enflamment : sur la MainStage 2, les Japonaises de Babymetal électrisent la foule avec leur mélange unique de pop et de métal, enchaînant des titres comme « Gimme Chocolate ». Plus loin, à l’Altar, les fans tentaient tant bien que mal de découvrir les performances intenses de Wormrot, groupe de grindcore singapourien, tandis que les Bretons de Komodrag & The Mounodor lançaient les hostilités sur la Valley.

L’un des moments forts de la journée a été orchestré par Slaughter to Prevail, avec un wall of death légendaire qui a divisé la foule entre les deux MainStages, une scène à la fois spectaculaire et caniculaire, nécessitant même des arrosages d’urgence pour calmer la chaleur. Côté War Zone, Enter Shikari, avec leur électro-post-hardcore, a offert un set explosif pour conclure une première journée intense, sous le regard bienveillant de la statue monumentale de Lemmy Kilmister (Motörhead).

Une gardienne des ténèbres veille sur le festival

Cette année, l’une des grandes nouveautés a été l’installation de la Gardienne des Ténèbres, une statue de dix mètres de haut imaginée par le Hellfest en collaboration avec la compagnie La Machine. Cette œuvre monumentale, dotée de cornes de bélier et d’une queue de scorpion, crache feu et eau pour émerveiller les festivaliers, devenant rapidement l’une des attractions les plus photographiées du site. Cette création, initiée trois ans auparavant, illustre le soin du festival à enrichir constamment l’expérience visuelle et immersive des visiteurs. Cependant, cela n’a pas calmé l’effervescence autour de The Sanctuary, l’espace marchand éphémère du Hellfest, où certains festivaliers ont patienté plus de trois heures pour repartir avec des souvenirs exclusifs.

Machine Head : une machine à détruire

Le vendredi 28 juin a marqué le retour attendu de Machine Head, 12 ans après leur dernier passage au Hellfest. Robb Flynn et ses comparses, rares en festivals ces dernières années, ont fait vibrer les foules avec un set puissant de 90 minutes, revisitant des titres phares comme « Darkness Within », « Locust » et « Halo ». Si leur album controversé Catharsis a été soigneusement évité, cela n’a en rien entamé la ferveur du public, qui a accueilli cette troisième prestation du groupe à Clisson comme un véritable événement.

Autre moment marquant de la journée : le passage de Shaka Ponk. Pour leur première et dernière apparition au Hellfest, les rockeurs français, dans le cadre de leur tournée d’adieu Final Fucked Up Tour, ont réussi à conquérir un public parfois sceptique quant à leur place en tête d’affiche. Le show, marqué par des effets spectaculaires et l’émotion palpable de la chanteuse Samaha Sam, s’est conclu sur des larmes et une standing ovation de 50 000 festivaliers. Leur message écologique et social, en accord avec leurs valeurs, a également résonné fortement.

Des engagements écologiques et sociaux au cœur du festival

Cette année, le Hellfest a également démontré son engagement envers les grandes causes sociétales. Le groupe Savage Lands, porté par des musiciens comme Dirk Verbeuren (batteur de Megadeth), a mis en lumière les enjeux de la biodiversité, notamment en récoltant des fonds pour protéger la forêt tropicale du Costa Rica. Le festival s’est engagé à soutenir ces actions à hauteur de 5 millions d’euros sur cinq ans, affirmant ainsi sa volonté de s’impliquer dans la préservation de l’environnement.

Par ailleurs, le dispositif Hellcare, déjà en place, a été renforcé pour sensibiliser et prévenir les discriminations, les addictions et les violences sexuelles ou sexistes. Ces efforts témoignent d’un festival qui cherche à répondre aux critiques, notamment sur des sujets sociétaux cruciaux.

Le retour controversé de Metallica

Le samedi 29 juin, Metallica, tête d’affiche principale, a signé son grand retour après avoir enflammé la double édition de 2022. Si les attentes étaient immenses, la prestation a laissé un goût amer. Des problèmes techniques récurrents, une mauvaise qualité sonore et des caprices des écrans géants ont entaché le spectacle, malgré des classiques comme « Nothing Else Matters » et « Master of Puppets ». Si la pluie a cessé à temps pour la soirée, le groupe n’a pas su raviver la flamme comme à son habitude, avec une prestation jugée trop mécanique par une partie du public.

Foo Fighters : une clôture en apothéose

Le dimanche 30 juin, c’est Foo Fighters qui a eu l’honneur de clore le festival. Un choix surprenant pour certains, mais qui s’est révélé un pari réussi. Dave Grohl et son groupe ont livré un concert magistral de deux heures, enchaînant des tubes tels que « All My Life » et des morceaux de leur dernier album But Here We Are. Le moment fort du set a été l’interprétation de « The Teacher », un hommage émouvant à Taylor Hawkins et à la mère de Dave Grohl. La communion avec le public a atteint son apogée avec « Everlong », un final inoubliable qui a laissé tout le monde sur une note de gratitude et d’émerveillement.

Clisson, terre de tous les excès

Que serait le Hellfest sans ses excès en tout genre qui font aussi sa singularité. En matière d’excès le groupe français de métal Lofofora qui ne cache pas son engagement contre l’extrême droite en sait quelque chose puisqu’il a fait monter des Femen sur scène pour délivrer un message contre les violences sexuelles, « l’enfer c’est vous, nous c’est #metoo » pouvait-on lire sur l’une d’elles. Des prises de positions qui ont crispé une partie du public, certains jugeant que ce n’était pas l’esprit du festival de prendre position. Que dire des américains de Steel Panther, qui a demandé à des spectatrices à se dénuder sur scène ? Beaucoup considèrent le Hellfest comme une machine à fric avec le pass 4 jours à 329€, qui risque d’augmenter en 2025. Faudra attendre la mise en vente des pass le mardi 9 juillet pour connaître le nouveau tardif, sans compter la disparition des démos au profit des pintes.

Un rendez-vous incontournable pour 2025

Alors que cette 17e édition a marqué les esprits, le Hellfest continue d’évoluer, s’adaptant aux enjeux modernes tout en restant fidèle à son essence. Rendez-vous est pris pour la 18e édition, du 19 au 22 juin 2025. La mise en vente des pass, prévue le 9 juillet à 13h, s’annonce déjà comme un événement en soi. Une chose est sûre : l’enfer de Clisson continuera de faire rêver les amateurs de musiques extrêmes du monde entier.