La 21e édition du festival Musilac s’est achevée samedi 13 juillet après avoir battu son plein durant quatre jours, en rassemblant plus de 100.000 personnes. Si les grandes scènes étaient très prisée avec ses nombreuses têtes d’affiche, la petite scène (Korner) a su procurer de nombreuses émotions à un public avide de découvertes.
Le festival Musical a tenu sa 21e édition du 10 au 13 juillet dernier sur l’esplanade du lac à Aix-Les-Bains (Savoie). Entre lac et montagne, le festival a tenu ses promesses grâce l’éclectisme de sa programmation qui comprenait des grosses têtes d’affiche aux premiers rangs desquels la légende vivante Lenny Kravitz. L’américain a fait déplacer les foules le premier soir pour deux heures de show sans saveur particulière, alors que le rappeur Ninho nous en a mis plein les yeux quelques minutes plus tard sur l’esplanade du lac. En ouverture de la scène du lac, le groupe anglais Idles, s’est montré une nouvelle fois vindicatif envers l’extrême droite, comme il ne cesse de le faire depuis le début de sa tournée des festivals français.
L’icône électro pop folk américaine, le rappeur Macklemore, qui a déplacé les foules le samedi où la soirée se jouait à guichets fermés, a offert un show inoubliable dont l’apothéose fut une communion avec le public du premier rang. Placebo de son côté a demandé gentiment au public de ranger leurs téléphones, afin de profiter pleinement du spectacle. Tandis que le prodige anglais à l’énergie débordante Yungblud, a électrisé les foules sous l’orage jeudi soir, offrant au festival, l’un de ses plus beaux moments.
Avec ses chansons qui peuvent très vite passer d’une ambiance triste à joyeuse, Pomme était de retour à Musilac dix ans après être venue en tant que festivalière. De son côté le prodige et virtuose du piano, Sofiane Pamart, a fait corps avec son élégance pour servir des notes pleines d’espoir au public. Beth Ditto et son groupe iconique Gossip, ont dû faire face à quelques soucis techniques lors de leur show haut en couleurs et mené dans une ambiance « Crazy again », le samedi en début de soirée. Toujours aussi bouillant le Hervé, qui s’est éclaté vendredi soir sur scène en donnant « Encore » beaucoup d’énergie avec les titres de son dernier album, le dansant et hyper instinctif « Adrénaline« . Prévue à l’affiche en ouverture de la scène du lac le vendredi à dix-huit heures, Jade, la jeune artiste émergente de la scène R&B, a eu moins de chance, puisque l’orage a eu raison de sa prestation qui a été simplement et purement annulée
À l’image du Printemps de Bourges qui l’a expérimenté lors de sa dernière édition, le festival Musilac a mis en place pour la première fois, un concert chansigné. C’est ainsi que le concert de Louise Attaque a été intégralement traduit en langue des signes par l’association 2 Mains sur Scène, vendredi soir. Une belle façon de « Sortir de l’ordinaire » et « d’emmener au vent« , un public qui a su faire front sous une pluie battante. La foule était en transe le soir du samedi 13 juillet, devant le show démentiel du célèbre duo français, Justice. Un moment incroyable qui fera date, même si cette dernière soirée fut un peu gâchée par la forte affluence.
La scène Korner est une fête !
Mais pas si loin de l’effervescence des deux mainstages, la scène Korner située non loin de l’entrée du site, a fait son festival. Les huit groupes sélectionnés cette année par le biais de son tremplin, et les artistes confirmés, venus d’ici et d’ailleurs, s’y sont produit. C’est sur cette scène que nous avons vécus nos meilleures émotions, loin de l’agitation du Lac et de la Montagne. Même si la gadoue a parfois rendu l’exercice extrêmement difficile, on ne regrette rien comme dirait l’autre, et nous sommes plutôt heureux de partager avec vous ces moments coups de cœur, avant la 22e édition prévue du 9 au 12 juillet 2025.
Noé preszow de toute urgence
Les mots s’entrechoquent dans ses textes et mettent son cœur à rude épreuve. Pour Noé Preszow, il y a urgence, et ce n’est pas l’illustration de son dernier opus où on l’aperçoit courir, qui dira le contraire. « Je trouvais cette photo assez juste… Je dirais que sur la photo on me voit courir, mais je cours après mon ombre aussi. Je cours vers l’auditrice et l’auditeur. Il y a une vraie urgence dans ce que je fais, l’urgence de partager ces chansons là aujourd’hui, de parler de cette époque. Aujourd’hui c’est aujourd’hui ! ».
Quelques heures avant de monter sur scène samedi 13 juillet, Noé Preszow était « À nous » pour un point presse en toute décontraction et sans langue de bois. C’est qu’il est ainsi Noé, il ne peut s’empêcher de taper sur l’extrême droite, lui que « coule dans ses veines l’otage », comme il le laisse entendre dans « Juste devant ». Un titre tellement coup de poing, qu’une journaliste lui demanda un jour, s’il n’avait pas peur de le jouer en festival ? il y a répondu de la plus belle des manières en l’interprétant sous les ovations d’un public engagé, qui l’a aussi accompagné quand il s’est agit de prouver « que tout s’danse« .
Mais point de « Charlotte » sur la set liste. Un prénom féminin niché parmi les titres de son dernier album et qui nous a longtemps intrigué. « Je vais vous décevoir, Charlotte c’est un personnage qui résume un petit peu un certain nombre de personnes que j’ai perdu de vue. Peut-être que c’est ma vie de chanteur qui fait que j’ai perdu de vue les gens que j’ai pu connaître à l’enfance ou à l’adolescence. Je dirais que Charlotte représente un peu tous ces visages perdus de vue. ». Avec Noé, le verre n’est jamais à moitié vide, ni à moitié plein, il est peut-être brisé, mais pas à plaindre.
Shake Shake (don’t) Go & Zed Yun Pavarotti come
Ils s’étaient fait connaître du grand public en 2015 avec leur titre à succès « England Skies », que le public de Musilac était ravi de reprendre en chœur, le mercredi 10 juillet dernier. Eux, c’est le groupe indie pop Shake Shake Go, formé à Londres par la chanteuse Poppy Jones, le guitariste Virgile Rozand et le Drummer Kilian Saubusse. Sur scène, c’est dans une configuration à cinq qu’ils font le show en jonglant entre le premier album All In Time, le second Homesick, ou encore le dernier en date Double Vision. Un océan narratif émotionnel qui invite à la réflexion, saupoudrée d’une bonne dose de folie.
Zed Yun Pavarotti s’est retrouvé ! Quatre ans après le succès de son premier album, ZED Yun Pavarotti semble avoir trouvé sa voi(X)e. Dans une désinvolture de crooner qui le caractérise, il a fait vibrer le public du festival Musilac qui chantait en chœur ses titres, notamment « Ce que la lune éclaire » extrait de son dernier album « Encore« .
Naphasso, l’amour en ouverture
En provenance de Grenoble, le quintet Naphasso, formé par Lucie (chant), Jérôme (piano), Nico (drum), Andy (basse) et Ismaël (guitare), a ouvert cette 21e édition de Musilac sur la scène Korner. Leur groove contagieuse et leur univers enchanteur, a su attirer les premiers festivaliers qui rentraient à peine sur le site. Le groupe qui tire ses inspirations de la soûl, du hip-hop, du R&B et des sonorités africaines, a profité de la tribune qui leur était offerte, pour interpréter avant-première quelques titres de leur premier EP à venir, dont le premier extrait « Makoyana ». L’amour de la bande pour la vie trouve ses origines dans leurs influences diverses et variées, qu’ils essaient de véhiculer à leur auditoire sur scène.
Lynn au pays des merveilles
Dans notre précipitation pour être aux premiers rangs du concert de Lenny Kravitz, on s’est laissés happer par la voix douce et mélancolique de Lynn, en passant devant la scène Korner. Même si nous n’avons vécu que les dix dernières minutes du concert, ce fut d’une intensité à nulle autre pareille. Sa neo soul un brin intimiste, révèle une artiste qui a choisi la transparence comme arme redoutable, même si quelques fois elle s’est un peu « fâchée », pour y arriver. Une chose est certaine, il nous tarde de la revoir pour mieux profiter de cette douceur qu’elle dégage sur scène.
Bonneville en ville
Dans la case « mes inconnus », en refence à son titre du même nom, on pourrait mettre Bonneville. Un artiste qu’on regrette presque de ne connaître que maintenant, tant sa bonne humeur sur scène, couplée à un « je m’en foutisme », a fait son petit effet. C’est le seul de cette édition à pourvoir se targuer d’avoir un ingénieur du son qui rap depuis la régie. C’était assez impressionnant. Le tout couronné par une« danse sur le hic », dont on se souvient encore des détails.
Et Moïzo tira le premier
Leur sélection pour le tremplin Musilac 2024 n’est pas du tout déméritée, tant le cocktail explosif qu’ils nous servi sur scène, était excellemment concocté. Le frontman à la voix incroyable et au regard revolver Valerian Griesmar, a livré avec ses comparses Mario (guitare), Lilian (guitare), Leonard (batterie), et Jay, une performance de haut volt. De « Nobody » il y a quelques mois, ils sont en passe de faire trembler les scènes, et d’y foutre le « Fire » avec sensualité comme ils savent très bien le faire. Leur « Discofun » a fait des émules et ne cessera d’en faire au cours de leur tournée. Et croyez nous, on ne vous raconte pas des « Mythos ». Foncez écouter leur premier album Mystik Town, sorti le 10 juillet dernier.
Barkanan, deux en un
La ressemblance entre les deux n’est pas tout de suite évidente, comme l’avouera d’ailleurs l’un des deux sur scène. Mais le tandem Barkanan est bel et bien formé de deux frères, qui se sont lancés dans cette aventure musicale il y a presque trois ans. Le groupe qui pensait ne pas jouer en début de soirée le vendredi, à cause des fortes averses sur le festival, a eu de la chance de se produire « avant l’orage ». Et c’est « à contre-courant », et sans jamais perdre espoir, qu’ils nous ont parlé de cette réalité qu’on traverse et des rencontres qui nous construisent, avec « La traversée », extrait de leur 2e EP qui sortira à la rentrée. Ils sortiront fin août un nouveau titre autour du refuge secret dans lequel on se sent bien, et où tout le monde est accepté. Eux, c’est sûr qu’on aimerait traverser l’atlantique en leur compagnie.




Caïman hors d’Enuo
En ouverture de la scène Korner le samedi 13 juillet dernier, le groupe lyonnais Caïman, nous a fait découvrir son univers indie folk, teinté de sorcellerie. Une belle entrée en matière avec l’invocation à l’endroit des gens qui nous manque. Un sujet intime, mais qui s’inscrit dans la démarche du groupe de rendre cela universel. C’est ainsi qu’on s’est tout de suite senti comme chez nous avec leur ode à « la maison » d’enfance, une sorte de doudou sonore qui s’écoute lorsque la demeure où nous avons grandi, vient à nous manquer. Le trio formé par Chloé, Clément et Tommy, n’est pas très éloigné de l’éclectisme du tandem Enuo, dont l’un des membres ne cessait de répéter sur scène « Nous sommes un duo et nous sommes deux… »




Hoorsees en selle
Incontournable sur la scène indie rock parisienne, le quartet Hoorsees a posé ses instruments sur la scène Korner de Musilac samedi dernier, pour un « Big » live. Le groupe qui voit les choses en grand dans son dernier album, a embarqué le public dans un road trip musical avec sa pop colorée et la douceur des émotions qui en découlent. Le son indie rock du quatuor parisien a fait son chemin dans les rangs malgré la gadoue, pour réconforter les âmes et réchauffer les cœurs. L’alternance entre les voix de Zoé Gilbert et Alexin, et le croisement des guitares et de la batterie, ont démontré le savoir-faire d’une bande de trois gars et une fille, qui ne cesse de se réinventer au fil des années, loin de la joyeuse insouciance qui les animait auparavant.
Calling Marian, set et mat
La grosse averse qui s’est abattue sur le festival jeudi soir n’a pas entamée la ferveur des festivaliers, ni celle de la productrice et dj Marianne Delorme aka Calling Marian, qui a livrée une performance live très endiablée sur la scène Korner. Malgré la présence du dj au masque de fer Vladimir Cauchemar, qui clôturait la deuxième soirée de l’autre côté sur la scène du lac, le Prix du Jury des Inouïs du Printemps de Bourges 2019, a su fédérer autour d’elle un public de téméraire, amoureux de trance, acid ou de techno qui tabasse. Un set explosif et très dansant, qui vient une nouvelle fois confirmer son titre de nouvelle étoile de la scène électronique.




