Après six jours de célébration, le plus grand festival open air de Suisse s’est achevé dimanche 28 juillet sur la plaine de l’Asse à Nyon. Pour cette 47e édition, le Paléo a séduit 250.000 festivaliers grâce notamment à sa programmation qui comprenait entre autre Sam Smith, Patti Smith, Burna Boy, Aurora, Nile Rodgers ou encore Sean Paul.

Même si la programmation de cette édition 2024, qui s’est tenue du 23 au 28 juillet dernier, ne payait pas de mine, le plus grand festival open air de Suisse a séduit, comme à son habitude, 250 000 festivaliers sur la plaine de l’Asse à Nyon. Un succès qui ne se dément pas, puisque depuis maintenant vingt-cinq ans, le festival écoule tous ses billets bien avant le début de ce rendez-vous incontournable de l’été en Suisse romande.

« Une édition radieuse… avec un beau temps au rendez-vous depuis trois ans. Une programmation qui permet de réunir toutes les générations… Une excellente fréquentation sur toutes les scènes, qui dépasse largement ce que les artistes pourraient avoir comme public dans une salle… », a abondé en conférence de presse bilan Daniel Rossellat, directeur et cofondateur du Paléo.

Après avoir fait le plein l’année dernière avec des têtes d’affiche francophones comme Aya Nakamura, Shaka Ponk, Indochine ou Maxime Le Forestier, cette année, c’était autour des vedettes internationales, à l’image de Sam Smith, Burna Boy, Patti Smith, Sean Paul ou encore Aurora, de tenir le haut de l’affiche. Retour sur les temps forts de cette édition, qualifiée d’exceptionnellement paisible et de « radieuse » par les organisateurs.

Les vedettes internationales à l’affiche

La programmation de cette nouvelle édition du Paléo a fait la part belle aux vedettes internationales. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé avec deux « Smith » à l’affiche en l’espace de deux soirs. La mythique Patti Smith a ouvert le festival sur la grande scène en mode quartet mardi dernier. Même si le temps passe, les tubes de l’icône punk et guitariste, eux, n’ont pas pris une ride.

Après Montreux Jazz l’année dernière, l’iconique Sam Smith était l’une des principales têtes d’affiche du Paléo le mercredi 24 juillet dernier avec son Gloria Tour. Programmé en clôture de la grande scène ce soir-là, la star britannique de 32 ans, qui célèbre à la fin de ce mois le 10e anniversaire de son premier album In The Lonely Hour, a livré l’un des moments les plus mémorables de cette édition 2024, entouré de ses choristes et danseurs. Véritable show musical et visuel, ses sonorités pop et soul ont conquis le public dès son entrée sur scène avec « Stay With Me ».

Autant faire que se peut, Sam a veillé à ce qu’au cours de cette soirée, tout le monde se sente à l’aise de « danser, de chanter et d’aimer qui on veut ». En duo avec sa choriste LaDonna sur « Lay Me Down », ils ont fait chavirer le public et nous avec, par cette union de deux voix puissantes. Icône de la mode, le Britannique a changé plusieurs fois de tenues sur scène, passant d’une robe de soirée à un trench noir ou encore un manteau aux couleurs du drapeau LGBT. Le rappel a pris des allures solennelles avec notamment « Gloria », qu’il incarne avec respect, avant de terminer avec Unholy dans une jupe à plumes, un chapeau démoniaque sur la tête et un collier portant l’inscription « Sex ». Vous avez dit « sexy » ? Ça l’était !

On n’a pas compris la programmation du Jamaïcain Sean Paul sur la scène Vega mardi soir, alors qu’il méritait largement la grande scène, tant le public fut massif. Le chanteur aux tubes planétaires, qui a pris un sacré coup depuis ses débuts, a pu confirmer que son reggae continuait de faire danser les foules. Mention spéciale à ses deux danseuses. Le public s’est ensuite déporté vers la grande scène où le rappeur nigérian Burna Boy était l’apothéose de la première soirée. Arrivé avec quinze minutes de retard sur l’horaire annoncé, cela n’aura eu aucune incidence sur le show d’anthologie qu’il livrera par la suite. Entouré d’un véritable orchestre, celui qui figure dans le top 200 des meilleurs chanteurs et chanteuses de tous les temps (Rolling Stone) a enflammé (au sens propre comme au figuré) la scène avec son afrobeats et sa bonne humeur contagieuse.

Véritable machine à tubes, le légendaire guitariste Nile Rodgers a pris d’assaut la grande scène du Paléo, accompagné de son groupe Chic, pour le plus grand plaisir des plus nostalgiques. Malgré le décès dramatique d’Edward en 2006 et celui de Thompson en 2003, Nile poursuit l’aventure de cette œuvre originale et classique, qui compte au total neuf albums, dont le dernier en date It’s About Time. Producteur talentueux, il a collaboré avec de nombreux artistes et pas des moindres, à l’instar de Madonna (Like a Virgin), David Bowie (Let’s Dance) ou encore Diana Ross (I’m Coming Out). Ce n’est pas pour rien qu’il est l’un des artistes les plus samplés dans le monde, à qui on doit les tubes comme « Good Times » ou encore « Everybody Dance ».

Pieds nus sur la scène Vega et dans une robe bustier, l’autrice-compositrice-interprète norvégienne Aurora semble sortir tout droit d’un autre monde. Une étrangeté qui a fait de cette reine de l’art pop une célébrité depuis 2021, grâce notamment à son titre « Runaway », devenu viral sur les réseaux sociaux six ans après sa sortie.

Les francophones au second plan

La diversité de la chanson française, qui se taille souvent la part belle de la programmation du Paléo, était moins représentée que lors des éditions précédentes. Zaho de Sagazan que l’on ne présente plus, était ainsi de retour sur le festival et cette fois-ci sur la scène Vega, après son passage par le Club Tent en 2023. Il se murmure même dans les équipes de Jacques Monnier (le programmateur), qu’elle pourrait avoir les honneurs de la grande scène très bientôt. Jamais deux sans trois ? Grand Corps Malade est le seul jusqu’à ce jour à avoir connu une telle ascension dans de trois ans de programmation sur les scènes du paléo.

La diversité de la chanson française, qui se taille souvent la part belle de la programmation du Paléo, était moins représentée que lors des éditions précédentes. Zaho de Sagazan, que l’on ne présente plus, était ainsi de retour sur le festival, cette fois-ci sur la scène Vega, après son passage par le Club Tent en 2023. Il se murmure même dans les équipes de Jacques Monnier (le programmateur) qu’elle pourrait avoir les honneurs de la grande scène très bientôt. Jamais deux sans trois ? Grand Corps Malade est le seul, jusqu’à ce jour, à avoir connu une telle ascension en trois ans de programmation sur les scènes du Paléo.

Alors qu’elle était prévue en ouverture de la grande scène vendredi dernier à 18h30, c’est finalement à 20h et sur la scène Vega que s’est retrouvée Véronique Sanson. Un changement d’horaire dû à la demande de cette dernière, qui a entraîné une rocade avec la femme chocolat Olivia Ruiz, initialement prévue sur la grande scène à l’heure du dîner. Ce qui n’a pas empêché l’inoxydable auteure, compositrice et pianiste française d’accuser un retard de plus de quinze minutes avant de se présenter pour saluer le public, les bras levés. L’« amoureuse » et « indestructible », qui chante debout ses mésaventures douloureuses avant de s’asseoir devant son piano blanc, n’est plus très au fait de sa forme. Il faudra attendre « Ma Révérence » et « Bahia », en fin de prestation, pour enfin apercevoir une lueur d’émotions dans les yeux du public.

C’est également en ouverture de cette grande scène le mercredi fin d’après-midi qu’Eddy de Pretto a donné un peu de Love et de tendresse au public, cinq ans après son dernier passage sur la scène des Arches. Quant à Calogero, le taulier français n’avait même pas eu besoin d’ouvrir la bouche tant le public récitait en chœur les paroles de ses chansons. La voix profonde et singulière de Clara Ysé, couplée à ses chansons nostalgiques, a envoûté le public du Club Tent le 24 juillet. C’est également sur cette même scène que l’étoile montante Lakna a fait sensation en ouverture le samedi 27 juillet.

Le lendemain, dimanche 28 juillet, c’est à la finaliste de la Nouvelle Star 2016, Kalika, qu’est revenu l’honneur de clôturer la scène du Club Tent. Comme nous vous le relations dans un article qui lui était consacré, Hoshi, de son côté, a fait cœur avec le public lors de son passage sur la scène Vega le jeudi 25 juillet.

Lire aussi : Hoshi fait un triomphe au Paléo Festival à Nyon.

Devant une marrée humaine, Mika a été le dernier à se produire sur la grande scène dimanche soir, offrant à cette édition 2024 un “Happy ending” très coloré, juste après le spectacle de drones. « Coucou Paléo », lance à l’adresse du public l’interprète de Elle me dit, dès son entrée sur scène. Il s’est ainsi offert un bain de foule sur « Big Girl (You Are Beautiful) », allant jusqu’à monter sur les épaules de l’agent de sécurité au milieu de la fosse pour reprendre en chœur avec le public le refrain de la chanson. Aidé de ses hits « Lollipop, « Relax (Take It Easy) » ou encore « Underwater », sur lequel il a organisé un concours de chant, le Britanno-libanais a su clôturer cette 47e édition du Paléo de façon endiablée, poussant le public à donner de la voix pour se faire entendre jusqu’à « Montreux et Besançon ».

Le rap fait de la résistance  

En ouverture de la scène Vega le premier jour, Meryl a livré un show participatif auquel le public a totalement adhéré. Armée de son premier album Caviar I sorti le 14 juin dernier, la martiniquaise, qui a longtemps évolué dans l’ombre des poids lourds du rap, sait mettre l’ambiance sur scène. C’est d’ailleurs ces moments fédérateurs, a l’image de celui qu’elle vit sur la plaine de l’Asse, qui la dissuadent de continuer la scène, de son propre aveux. Chantant en français, mais aussi en créole, par amour pour sa région d’origine, elle fera danser le public avec ses titres comme « Jack Sparrow » ou encore « Mauvaise élève ». Entourée de ses quatre musiciens, elle fera d’ailleurs monter huit personnes du public sur scène, qui nous régalerons de leur talent de danseurs.

En ouverture de la scène Vega le premier jour, Meryl a livré un show participatif auquel le public a totalement adhéré. Armée de son premier album Caviar I, sorti le 14 juin dernier, la Martiniquaise, qui a longtemps évolué dans l’ombre des poids lourds du rap, sait mettre l’ambiance sur scène. Ce sont d’ailleurs ces moments fédérateurs, à l’image de celui qu’elle vit sur la plaine de l’Asse, qui la dissuadent de quitter la scène, de son propre aveu. Chantant en français, mais aussi en créole, par amour pour sa région d’origine, elle fera danser le public avec des titres comme « Jack Sparrow » ou encore « Mauvaise élève ». Entourée de ses quatre musiciens, elle fera d’ailleurs monter huit personnes du public sur scène, qui nous régaleront de leur talent de danseurs.

Était-il vraiment important pour le Paléo de trop teinter sa programmation de rap cette année ? Pour cette édition, le festival nyonnais a offert une grande place au rap français, au risque de provoquer l’ire d’une partie de son public. La performance du rappeur Booba, samedi dernier sur la grande scène, n’a fait que confirmer cette colère saine. On aurait pu se passer de ses tacles envers Gims, demandant au public de lui réserver un accueil médiocre le lendemain, ou encore envers Maes, qu’il a qualifié de « traître ». Même si « le Duc de Boulogne » peut compter sur un public fidèle, qui récite ses paroles par chœur, tandis que lui peine à les trouver, il a déçu bon nombre avec un show en play-back. Étanchant sa soif sur scène à l’aide d’une bouteille de whisky de sa marque, le patron du rap français a enchaîné ses classiques comme « Validée », « Comme une étoile » ou encore « Trône », escorté de deux gardes du corps. Avec lui, « tout passe par la force, rien n’est acquis de droit… ». C’est ainsi qu’il écourtera sa prestation de quinze minutes, jetant un froid dans le public qui s’attendait à un rappel. L’immense drapeau de pirate qui a traversé toute la fosse pour arriver jusqu’à lui sur scène semblait nous prévenir que la piraterie ne sera jamais finie.

De son côté, IAM, l’un des monuments du rap français, a mouillé la chemise le vendredi soir, en dansant le mia en chœur avec une marée humaine devant la grande scène. Trente ans après leur début au Paléo, Akhenaton, Shurik’n et leur compère du mythique groupe de rap étaient là pour mettre le feu, et ont prouvé une nouvelle fois qu’ils étaient une légende vivante. La jeune génération n’était pas en reste, avec notamment PLK, qui a eu les honneurs de la grande scène en fin de soirée le jeudi 25 juillet. L’interprète de Petrouchka a provoqué des pogos géants dans la fosse avec son titre à succès. Dommage que le mode play-back ait été poussé à fond, avec un Baker très souvent perdu. On aurait préféré voir le sensible Luidji sur la grande scène pour sa première au Paléo, jeudi 25 juillet. Son rap mélodique parvient toujours à nous réconcilier avec le genre musical auquel il appartient, qui divise autant qu’il interroge.

Palectro et moins rock

« C’est ce jeune public qui va assurer la pérennité du festival… » déclarait le programmateur Jacques Monnier, en conférence bilan, dimanche 28 juillet. Force est de constater qu’il a totalement raison, car la jeunesse occupe une place importante dans un festival, surtout quand sa programmation est teintée d’électro, un genre que l’on peut consommer en plein air. Dédiée à la scène électronique, la scène Belleville a attiré une jeunesse avide de sensations fortes. En clôture de la première soirée sur la scène Vega, le producteur et DJ allemand Paul Kalkbrenner a livré une performance de haut vol qui réconcilierait n’importe qui avec la techno.

La fosse de la grande scène était noire de monde le 27 juillet dernier pour le show, autant visuel que sonore, du trio électro dancehall Major Lazer. Pour leur première venue au Paléo, le groupe americano-jamaïcain a fait danser le public non-stop durant quatre-vingt-dix minutes grâce notamment à des titres tels que Lean On ou encore Light It Up, et des effets pyrotechniques qui venaient pimenter le plaisir. Une ambiance de malade, qu’on espérait plus retrouver après le concert en demi-teinte de Booba, sur cette même scène, quelques heures plus tôt. Dans un dernier geste de tendresse, un « Je t’aime la Suisse » se fit entendre depuis la scène, ce à quoi un jeune homme dans le public répliqua : « Moi aussi… ».

Mais le parfait apothéose de cette soirée du samedi 27 juillet fut le concert du tandem électro house The Blaze sur la scène Vega à une heure du matin. Le duo a fait trembler les enceintes du festival avec un show électro pop et visuel qui déchire.

Des drones au-dessus du Village du Monde en fête

Le traditionnel concert classique du dimanche, qui réunissait cette année le maître de l’opéra lyrique Roberto Alagna et ses amis, a peiné à trouver son public. On a profité de ce moment pour faire un tour du côté du traditionnel Village du Monde. Véritable festival dans le festival, il est devenu, depuis vingt ans, un lieu incontournable du Paléo, mettant chaque année en avant la musique d’un pays. Il était organisé cette année autour des Balkans, avec une scénographie originale. C’est ainsi que l’on a pu découvrir le pont de seize mètres, érigé tel un monument pour surplomber la place, et ainsi apprécier de haut les mets et les artistes originaires d’Albanie, de Serbie, de Bosnie-Herzégovine ou encore de Grèce.

À la place du traditionnel feu d’artifice du dimanche, c’est à un spectacle aérien de quelque neuf cent drones que le public a eu droit. Une apothéose dont la mauvaise visibilité a eu raison du spectacle de quinze minutes. Il fallait être du côté du Village du Monde pour mieux apprécier les illuminations, car le public massé devant la grande scène, en attente du show de Mika, n’a aperçu que quelques bribes du spectacle. D’où la frustration de certains qui n’ont pas hésité à huer dans les travées. Après les Balkans, c’est le Maghreb qui sera à l’honneur du Village du Monde lors de la 48e édition prévue du 22 au 27 juillet 2025.