La 89e édition de la plus grande fête populaire et culturelle de France qui s’est déroulée les 13, 14 et 15 septembre dernier, à battu un nouveau record de fréquentation en attirant 450.000 visiteurs. Retour sur les grands moments de l’événement politico-musical de la rentrée.
Prenant désormais ses quartiers sur l’ex base aérienne 217 au Plessis-Pâté (Essonne), la très populaire fête de l’humanité qui y était organisée pour la troisième année consécutive, a rassemblé 450.000 personnes sur trois jours à l’occasion de sa 89e édition. Avec 430 000 visiteurs en 2023, le 2e festival de France bat un nouveau de fréquentation cette année, confirmant une nouvelle fois que l’événement a su se réinventer au fil du temps avec une programmation qui fait la part belle aux artistes engagés et porteurs de valeurs humanistes. « Merci pour cette 89ᵉ édition de la Fête de l’Humanité. Pendant ces trois jours, vous étiez 450 000 à débattre, danser, rire, chanter et discuter au cœur de cette fête culturelle, politique, populaire et résistante », pouvait-on lire sur un post des organisateurs à l’issue de cette édition.
En dépit des rivalités qui peuvent les opposer, la fête de l’Humanité organisée tous les ans par le journal l’Humanité, accueille des personnalités de tous bords, avec une préférence pour les alliés et partenaires traditionnels du PCF à gauche. C’est ainsi qu’on retrouvait à l’affiche des débats l’homme politique de droite Dominique de Villepin, l’ecolo Marine Tondelier, le leader du PCF Fabien Roussell ou encore la patronne de la CGT Sophie Binet. En marge des débats et autres invectives politiques, l’événement communément appelé Fête de l’Huma, a battu son plein sur les différentes scène de ce rassemblement politique, culturel et musical, incontournable de la rentrée.
Zelie fait monter la température
À peine arrivé sur le site de la fête de l’Humanité, nous voilà déjà plongés dans le bain de ce qui s’annonce comme un week-end emblématique. On est tout de suite happé par les débats qui battent leur plein dans une Agora qui débordent de partout, on a juste le temps d’apercevoir Marie-George Buffet à la tribune. Mais il faut déjà filer de l’autre côté de la scène Angela Davis, où Zelie est chargée d’ouvrir en beauté cette 89e édition. La jeune chanteuse qui dévoilait en mars dernier son premier album Un million de petits chocs, savoure son premier grand festival. Pour l’occasion, elle fera monter scène sa mère à qui elle doit sa reprise de « Au revoir mon amour » du grand Dominique A, ou encore l’artiste Mauvaise Bouche présente sur son dernier opus et qui viendra lui donner la réplique sur « Faut que je m’en souvienne« . Impossible de rester statique durant cette prestation entraînante d’environ cinquante minutes, surtout avec des sons comme l’excellent « Ptn de bpm« . On en ressort trempé, oubliant presque les températures basses qui sévissaient ce jour-là.
The Doug dans sa cabane à la fête de l’humanité
Les festivités de cette première journée de la 20e édition de la scène Zebrock à la fête de l’Humanité, ont débuté le vendredi en fin d’après-midi avec le rap sensible de Jules Granier alias The Doug. L’artiste qui ne récuse pas le terme de rappeur que lui ont accolé les médias, mais qui se voit plutôt comme un chanteur, a fait le show en ouverture avec ses textes poignants et ses mélodies entraînantes. Du haut de ses 23 ans, le jeune clermontois qui ne rêvait que de « faire le bien », a su faire rentrer le public dans son univers teinté d’une sensibilité à fleur de peau. Le « Jeune The Doug » de 2022, est venu défendre son premier album Réparer, accompagné de ses deux musiciens, Louis à la guitare et Gaétan à la basse. Mais que cherche-t-il à Réparer avec cet opus? Ses pas de côté durant sa jeunesse ou il fricotait avec les dangers de la drogue ? De cette partie de sa jeunesse qu’il porte en héritage, il en fait un vibrant hommage dont il est pas peu fière dans son « HLM en papier ».
Les vulves assassines à la maison
Après un passage remarqué par la scène Zebrock l’année dernière, le trio punk Vulves Assassines était de retour à la fête de l’humanité le vendredi 13 septembre. Mais contrairement à la dernière fois, c’est sur la (grande) scène Angela Davis, que le groupe a fait son retour dans une formation à quatre. Les filles qui ont eu maille à partir lors de leur tournée de festivals cet été, se sentaient à la maison devant un public acquis à leur cause. Parlant de cause, la bande a fédéré autour de sa lutte des classes, entraînant le public à chanter en chœur leur dernière chanson dédiée à l’extrême droite « Les champignons », ou à reprendre des chorégraphies qu’on retrouvait souvent dans les manifs. Une heure de revendications, de prise de conscience et de rigolade, qui a convaincu un public de combattants, prêt à retourner battre le pavé.
La dernière des Shaka Ponk à l’Huma ?
Poing levé et larmes qui perlent sur le visage, Samaha a du mal à faire ses adieux au public ou à ramener Frah (qui s’adonne à des selfies avec les fans) sur scène pour une dernière photo d’ensemble. C’était le dernier concert en plein air des Shaka Ponk, le groupe qui a annoncé se séparer dans la foulée de sa tournée d’adieu, tenait à faire une dernière fois la fête avec le public de l’Humanité. Un dernier rendez-vous qu’ils ont insisté pour avoir selon les organisateurs, ce qui explique l’annonce de leur programmation un mois avant le début des festivités. Devant une foule intergénérationnelle au combat pour la planète chevillé au corps, le groupe s’est senti en milieu conquis pour ce qui était sa 3e venue à l’Huma. Le show se voulait à la fois sonore et visuel, avec un Frah donnant de la voix, malgré un timbre de voix cassé. Allant jusqu’à haranguer la foule, « Humanité, tu le sais, je t’aime mon amour ». Il n’en fallait pas plus pour voir le public danser comme un seul homme sur les tubes intemporels comme « I’m Picky« , « Sex Ball » ou encore « Smells Like Teen Spirit » et « Wanna get free ». Une dernière grand-messe dans une ambiance festive, et de justice sociale.
MC Solaar côtoie les astres
Le soleil a attendu le dernier jour du festival pour être au firmament et nous offrir ainsi de bonnes conditions pour apprécier le concert de la légende incontestée du rap français, Mc Solaar. Après sept ans d’absence, celui qui a permis au rap de se frayer une place de choix dans le paysage musical français, a signé son retour en mars dernier avec Lueurs Célestes, le premier volet d’un triptyque, dont la 2e partie Éclats célestes est disponible depuis le 5 juillet, en attendant la partie finale. Vêtu d’un jaune de travail et accompagné d’une bande de musiciens sur la scène Angela Davis le dimanche 15 septembre, le rappeur aux 5 Victoires de la Musique à revisiter ses classiques intemporels, sans oublier ses créations les plus récentes. Passant d’une ambiance plus dansante à l’américaine, à un rap parlé beaucoup plus conscient et poétique, le rappeur prend des libertés et ne cesse de se réinventer trente ans plus tard. Depuis sa première venue sur le festival en 1992, deux ans après la sortie de son tube « Bouge de là », MC Solaar continue à donner espoir à un large public qui a toujours trouvé refuge dans ses paroles.
