À travers son premier album Paris, Capitale de la solitude, Nochka explore des thèmes universels comme l’amour, la solitude et le mal-être, inspirés par sa vie et ses expériences parisiennes. À l’occasion du Crossroads Festival, elle s’est confiée sur son parcours, sa démarche artistique et sa relation complexe avec la création.

Avec son premier album Paris, Capitale de la solitude, Nochka invite à une plongée introspective dans un univers empreint de poésie et de mélancolie. Inspirée par ses expériences personnelles et sa vie à Paris, la jeune chanteuse et compositrice aborde des thèmes comme la solitude, l’amour et les désillusions avec une authenticité désarmante. Un projet qui révèle une artiste complexe, tiraillée entre sa noirceur intérieure et des éclats d’espoir, avec une écriture qui transforme sa vulnérabilité en une force universelle.

Dans cette interview, elle se confie sur son parcours, sa vision de la création et son rapport à l’hypersensibilité. Une plongée authentique dans l’univers d’une artiste émergente.

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Ton album Paris, Capitale de la solitude bouscule l’image traditionnelle de Paris comme ville romantique. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Nochka : Ça fait cinq ans que j’habite à Paris, et ce titre est directement lié à une phrase que j’ai trouvée chez mon cousin après son décès. En vidant son appartement, j’ai vu ces mots écrits sur sa table : Paris, Capitale de la solitude. C’était puissant. Et en vivant ici, ça a résonné encore plus fort. Paris est une fourmilière où il y a toujours du monde autour de toi, mais paradoxalement, on peut se sentir terriblement seul. Je l’ai vécu personnellement : mes relations d’avant se sont effilochées, celles que j’ai nouées ici n’ont pas toujours tenu. C’est cette dualité qui m’a inspirée.

Amour, solitude, déceptions… tes textes explorent un univers sombre. D’où vient cette noirceur qui imprègne ton écriture ?

Non, je ne pense pas que cette noirceur ait toujours été là. Elle est apparue à l’adolescence, vers 12-13 ans. J’ai essayé d’écrire sur des sujets joyeux, mais ça ne fonctionne pas, ça me bloque. J’ai une chanson d’espoir qui viendra dans la troisième partie de l’album, mais elle ne me parle déjà plus. Ce mal-être est un peu sans fin. J’ai peur qu’en allant mieux, je perde une part de moi et que je ne puisse plus écrire. C’est irrationnel, mais j’ai du mal à m’en détacher.

Ton hypersensibilité transparaît dans tes chansons. Comment appréhendes-tu ce trait de caractère au quotidien ? Dirais-tu comme Zaho qu’être sensible c’est être vivant et on est jamais trop vivant ?

C’est compliqué. Zaho, par exemple, a dit qu’être hypersensible était une force. Moi, je n’arrive pas à l’accepter totalement. Je déteste même ce mot, surtout depuis que The Voice m’a collé cette étiquette. Être sensible, c’est intense, ça peut être merveilleux, mais aussi épuisant. Parfois, je ressens tout de manière exacerbée, et d’autres fois, je me barricade pour me protéger. Il faut encore que j’apprenne à jongler avec ça.

Tu as longtemps interprété des chansons d’artistes comme Pomme ou Stromae avant de proposer tes propres compositions. Pourquoi avoir emprunté cette voie ?

C’était un mélange de nécessité et d’admiration. Certaines chansons m’ont profondément bouleversée, comme L’Enfer de Stromae. Mais c’est un exercice difficile pour moi, car les mots ne correspondent jamais parfaitement à ce que je ressens, et j’ai du mal à retenir les paroles des autres. C’était un passage obligé pour me faire connaître sur Internet et avancer.

La création semble être une forme de thérapie pour toi. Composer t’aide-t-il à surmonter tes difficultés ?

Oui, écrire est très libérateur, mais seulement quand j’y arrive. En ce moment, je suis bloquée. Je pense que composer m’aide à extérioriser, un peu comme quand on écrit un cauchemar pour ensuite le brûler. Ça soulage. Mais ce blocage actuel m’empêche d’écrire, et ça devient frustrant.

L’un de tes titres s’intitule Heureuse à nouveau. As-tu déjà connu des périodes de bonheur profond ?

J’ai connu des moments de grande joie, mais être profondément heureuse, dans la durée, c’est autre chose. Pour moi, le bonheur est un état plus stable, et je ne l’ai pas vraiment expérimenté de manière constante. Mais il y a eu des phases où ça allait beaucoup mieux, et c’est déjà beau.

La création de cet album a-t-elle été linéaire ou ponctuée de défis ?

Ça dépend. Certains morceaux sont sortis d’un coup, en quelques heures. D’autres m’ont pris des années. Par exemple, un des titres de la deuxième partie de l’album m’a demandé 4-5 ans. Cette deuxième partie est d’ailleurs plus axée sur la colère, contrairement à la première, qui parlait surtout de mal-être.

Te considères tu encore comme une artiste émergente ?

Oui, et même moins que ça. J’ai l’impression d’être encore en train d’émerger, pas encore arrivée à cette étape. Je vois toujours le verre à moitié vide, donc je pense qu’il me reste beaucoup à faire pour vraiment “émerger”.

C’est ta première participation à un festival de ce type. Comment vis-tu cette expérience ?

Oui, c’est la première fois que je participe à un événement comme celui-ci. C’est vraiment particulier.

Que t’apportent des événements comme le Crossroads Festival ?

C’est une chance de rencontrer des gens, d’élargir mon public. Avec la quantité de musique disponible aujourd’hui, c’est facile de se perdre dans la masse. Ces festivals me donnent une visibilité précieuse et me rapprochent de l’objectif de vivre de ma musique.

Aujourd’hui, arrives-tu à vivre de ton art ?

Pas encore complètement. J’ai accumulé mes 507 heures pour l’intermittence, donc je suis en train de finaliser les démarches. Mais pour l’instant, je ne fais pas encore assez de dates pour que ce soit rentable. Mon équipe ressent davantage cette pression financière, car de mon côté, je suis payée à chaque fois. Mais c’est l’étape suivante : transformer ce projet en une véritable activité professionnelle durable.