À travers cette interview, découvrez l’univers délicat et envoûtant de Ziyad Al-Samman qui a marqué les Trans Musicales. Son oud, ses mélodies vibrantes et sa vision lumineuse de la musique nous transportent. Un moment suspendu, à revivre ici !
C’est dans l’atmosphère intime de la Salle de la Cité, à Rennes, que Ziyad Al-Samman a ouvert la 46e édition des Trans Musicales. Avec son oud dialoguant harmonieusement avec des guitares électriques, l’artiste a offert au public un moment d’exception. Dans un mélange délicat de folk arabe et de pop occidentale, sa musique a suspendu le temps, créant des paysages sonores teintés de mélancolie et d’espoir.
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Le point culminant de sa performance fut sans doute l’interprétation de son morceau phare, « Ya Habibi ». Ce mot, qui signifie «mon amour» en arabe, incarne toute l’essence de Ziyad, celle d’une quête universelle d’émotion et de partage. Ce titre, à la fois intime et universel, illustre le pont qu’il bâtit entre ses origines moyen-orientales et son héritage occidental.
Vous avez ouvert la 46e édition des Trans Musicales de Rennes. Qu’avez-vous ressenti en inaugurant un événement aussi emblématique ?
Ziyad : C’était une expérience incroyable, vraiment. L’énergie du public était incroyable, et je suis tellement reconnaissant pour cette opportunité.
Vous avez grandi entre la Jordanie et l’Angleterre, avec un père syrien et une mère britannique. Comment ce parcours multiculturel a-t-il influencé votre musique ?
Cela a eu un énorme impact sur moi. En grandissant en Jordanie, j’étais entouré de musique et de culture arabes — des artistes comme Amr Diab, des chanteurs égyptiens, et les vieux films arabes que mon père adorait. Ensuite, quand je suis retourné en Angleterre, j’ai eu ma première guitare, et la musique occidentale est entrée dans ma vie, avec des artistes comme Prince, Queen et beaucoup de glam rock. Ce mélange d’influences a vraiment façonné mon son.
Vous avez mentionné avoir reçu votre première guitare jeune. Que représentait cet instrument pour vous à l’époque ?
C’était tout pour moi. Je ne pouvais pas m’en passer. Alors que d’autres enfants jouaient au foot dans le parc, j’étais enfermé dans ma chambre à pratiquer. Ma mère devait m’appeler pour dîner, tellement j’étais obsédé. C’était une véritable passion dès le début.
Votre premier EP, Pleasure Complex, vient de sortir. Qu’est-ce qui a inspiré ce titre ?
Ce titre reflète ma relation en constante évolution avec l’amour et l’amitié, les complexités des émotions humaines, les hauts et les bas de mes expériences passées. C’est à la fois ludique et profond.
Votre musique est souvent décrite comme cinématographique et théâtrale. Considérez-vous vos chansons comme des histoires ou des bandes-son de votre vie ?
D’une certaine manière, oui. Certaines chansons sont autobiographiques, mais j’essaie de laisser de la place à l’interprétation. Je suis encore en exploration, et je pense que pour mon album, je plongerai plus profondément dans mes expériences personnelles.
Est-ce votre première performance en France ?
Non, j’ai joué à Paris plusieurs fois auparavant. Mon premier concert était à La Maroquinerie, en première partie de mon amie Finlay. C’était une salle pleine, et la réaction du public a été incroyable. Cette expérience m’a ouvert de nombreuses portes, comme signer avec Yotanka Records, qui a sorti mon premier EP.
Comment préparez-vous un spectacle comme celui des Trans Musicales ?
Cela a demandé beaucoup de préparation. Je n’avais pas joué avec mon groupe depuis un an, car je joue souvent en solo. On a dû répéter de nouvelles chansons, intégrer de nouveaux éléments de production. En plus, j’avais perdu ma voix la semaine précédente ! J’ai passé des jours à me reposer et à boire de l’eau chaude avec du miel et du gingembre pour me remettre. Heureusement, tout s’est bien passé.
Vous commencez à bâtir un public fidèle en France. Comment le public français se compare-t-il à celui de Londres ?
Je me sens plus soutenu ici. À Londres, la scène musicale est tellement saturée qu’il est difficile de se démarquer. Mais en France, les gens sont très accueillants, et je reçois plus d’attention. J’aimerais explorer davantage, au-delà de Paris et Rennes, visiter Lyon par exemple. La France est comme une seconde maison pour moi, et j’aimerais apprendre le français pour encore mieux connecter avec le public.
Avec un parcours aussi diversifié, vous considérez-vous comme un citoyen du monde, ou une identité spécifique domine-t-elle ?
Je suis très fier de mes racines arabes, mon père est syrien et j’ai grandi en Jordanie. Mais j’ai aussi vécu longtemps en Angleterre, donc c’est un vrai mélange. Peut-être qu’un jour, j’apprendrai le français, je déménagerai à Paris et je deviendrai Parisien !
Quels sont vos projets à venir ? Des choses en préparation ?
Mon objectif principal est de travailler sur mon premier album. Je veux m’enfermer dans un studio ou une cabane quelque part et collaborer avec des auteurs et producteurs talentueux pour créer les meilleures chansons possibles. J’ai déjà commencé à écrire, et je suis très excité pour la suite.
L’une de vos chansons s’intitule « Ya Habibi ». Pouvez-vous nous en parler ?
« Ya Habibi » signifie « mon amour » ou « mon chéri » en arabe. C’est un mot que j’utilise tout le temps avec mes amis. La chanson est aussi liée à mon enfance en Jordanie, où une grande chanson intitulée Habibi d’Amr Diab était très populaire. Ce mot est chaleureux et universel pour moi.
Y a-t-il des artistes ou producteurs spécifiques avec lesquels vous aimeriez collaborer ?
Absolument, Jules Apollinaire, avec qui j’ai écrit « Ya Habibi ». Il est incroyablement talentueux. J’aimerais aussi travailler avec quelques amis de Londres pour l’album.
Écoutez-vous de la musique française ?
Oui, des artistes comme Justice, Daft Punk et La Femme, qui m’ont beaucoup influencé. Leur créativité est vraiment inspirante.
Où vous voyez-vous dans quelques années ?
J’espère avoir deux albums à mon actif et une forte présence à travers l’Europe. Mon rêve serait de faire des concerts à guichets fermés, de rendre mes parents fiers, et de bâtir une carrière durable.
Devenir artiste a-t-il été facile pour vous ? Ou a-t-il fallu surmonter des défis ?
Cela a toujours été un rêve, et je n’ai jamais envisagé de faire autre chose. Ce n’est pas facile, mais je suis persévérant. Je vais continuer à avancer, malgré les hauts et les bas, parce que c’est ma vie, et je n’arrêterai pas.
