Après plusieurs années de travail et de maturation artistique, Samuel revient avec Beaux, un album sincère où se mêlent émotions intenses et mélodies envoûtantes. De l’indépendance sentimentale à l’espoir, en passant par une collaboration marquante avec Léa Castel (Celui qui te manquait), l’artiste dévoile les secrets de ce premier opus.
C’est dans les locaux de son label Play Two, à Boulogne, que nous avons rencontré Samuel le 24 janvier dernier. En pleine effervescence de la Fashion Week Homme à Paris, à laquelle il était convié, l’artiste nous a accordé un moment pour parler de son premier album, Beaux.
Révélé en 2018 avec le single 50 nuances de toi, Samuel a su captiver un large public grâce à son univers singulier. Son engagement au sein du collectif Green Team et sa proximité avec le monde de la mode ont renforcé son image d’artiste à la croisée des influences. Après cinq années de travail et de maturation, il dévoilait en octobre dernier Beaux, un premier opus qui s’impose comme l’aboutissement d’une quête artistique sincère.
Dans cet album, Samuel explore des thèmes universels : l’amour sous toutes ses formes, l’indépendance sentimentale (Jeu d’enfant), la nostalgie et les souvenirs (Beaux), mais aussi la résilience et l’espoir (J’avance). Porté par des mélodies ciselées et une écriture sensible, le disque alterne entre douceur et intensité. On y retrouve notamment la collaboration remarquée avec Léa Castel sur « Celui qui te manquait », fruit d’une amitié artistique évidente.
Place maintenant à notre échange avec Samuel, où il nous dévoile les coulisses de la création de Beaux et son regard sur son évolution artistique.
Phenixwebtv.com : en lisant ta biographie, on a vu que tu as grandi entre Paris et Londres, dans une famille passionnée de musique anglo-saxonne. En quoi cette double culture a-t-elle influencé ton style musical ?
Samuel : Cette double culture a influencé presque tout ce que j’ai entrepris dans ma vie. J’ai grandi en consommant beaucoup de contenus et de formes d’art anglo-saxons, qu’il s’agisse de musique, de cinéma ou d’autres disciplines. J’étais bien plus exposé aux productions anglaises et américaines qu’aux œuvres françaises. Cela m’a aussi permis de comprendre la manière dont les Anglo-Saxons travaillent dans les industries artistiques. Leur approche est différente de celle des Français, et j’ai toujours adopté cette façon de faire. J’ai également toujours eu un attrait plus marqué pour la culture anglaise, américaine et même australienne.
Finalement, cette double culture est un avantage pour toi ?
Oui, clairement. Au début de ma carrière, je voulais uniquement faire de la musique en anglais. Mais en grandissant, j’ai pris conscience de la richesse et de la complexité de la musique française. J’ai appris à l’apprécier différemment et à en voir toute la beauté.
Quand je regarde mon premier clip, j’ai l’impression de voir quelqu’un d’autre.
Samuel
Ton premier single, « 50 nuances de toi », a rencontré un beau succès. Que retiens-tu de cette première expérience ?
C’était une véritable première expérience. J’ai sorti ce morceau de manière assez innocente, et aujourd’hui, je ne referais pas du tout une chanson comme celle-là. Elle ne me représente plus du tout. Que ce soit le titre ou le clip, j’ai l’impression de voir quelqu’un d’autre. C’est le produit d’un jeune adulte qui débutait, qui voulait faire comme ses idoles et qui s’inspirait un peu partout. Avec du recul, je le regarde avec tendresse plus qu’avec admiration.
Après ce premier single, il t’a fallu cinq ans pour sortir ton premier album, Beaux. Pourquoi avoir pris autant de temps ?
J’avais besoin de temps pour évoluer, approfondir mes textes et mes compositions, mais aussi pour grandir personnellement. Ces années ont été essentielles pour acquérir suffisamment d’expériences et avoir des choses intéressantes à raconter. Je n’avais pas prévu d’attendre aussi longtemps, mais la vie a fait que j’ai vécu des choses plus intenses, qui m’ont nourri artistiquement. C’est seulement après ces cinq ans que je me suis senti prêt à proposer un projet abouti.
Beaux, c’est à la fois le titre de ton album et l’un de ses morceaux. Qu’est-ce que ce mot représente pour toi ?
Beau est le mot français qui, pour moi, incarne le mieux l’idée de beauté. J’ai toujours été attiré par les belles choses, par une certaine forme de positivité dans ce que je fais. L’album raconte une histoire, souvent marquée par la rupture et des thèmes profonds. Mais ce que je veux retenir à la fin, c’est qu’il y a eu de la beauté à un moment donné. C’est une manière de refermer un chapitre sur une jolie note.
Cet album, c’est mon histoire, mais chacun peut en faire la sienne
Samuel
Tu explores plusieurs thèmes dans cet album, comme l’indépendance sentimentale dans « Jeu d’enfant » ou l’espoir dans « J’avance ». Comment choisis-tu les histoires que tu racontes ?
Je m’inspire énormément de ma propre vie, mais aussi des longues discussions que j’ai avec mes amis. On parle beaucoup de nos expériences amoureuses, amicales, familiales… et tout cela nourrit mon écriture. Parfois, une simple pensée ou un échange va semer une idée, qui finit par éclore sous forme de chanson.
« Celui qui te manquait » est un titre phare de l’album, et tu l’interprètes en duo. Comment est née cette collaboration avec Léa Castel ?
Léa est une artiste que je suivais depuis longtemps et dont j’étais fan. On s’est rencontrés par hasard, et une belle amitié est née très naturellement. À la base, « Celui qui te manquait » était une chanson que j’avais écrite seul. Je l’aimais beaucoup, mais je sentais qu’il lui manquait quelque chose. Alors, sur un coup de tête, je lui ai envoyé le morceau en lui demandant si elle accepterait d’en faire un duo. À ma grande surprise, elle m’a répondu une minute après en me disant oui, avant même d’avoir écouté ! Ensuite, on s’est retrouvés chez elle à 1h du matin, assis par terre sur un tapis, entre deux verres, à enregistrer. Ce n’était pas une collaboration professionnelle, c’était avant tout un échange artistique et amical.
Il y a aussi des titres plus sombres comme « Marionnette » ou « Prisonnier ». Ce sont des morceaux très personnels ?
« Marionnette » est une chanson à plusieurs facettes. Elle parle de manipulation, que ce soit dans une relation amoureuse ou dans l’industrie musicale. Les artistes peuvent parfois se sentir pris au piège par les attentes du public, des plateformes comme TikTok ou des codes de l’industrie. La chanson évoque ce sentiment d’être manipulé, comme une marionnette. C’est un titre très groovy, mais dont les paroles cachent un message plus profond.
Et « Prisonnier » ?
« Prisonnier », c’est plus léger. C’est un jeu amoureux, pas un texte dramatique. C’est une chanson mignonne qui parle d’une obsession réciproque.
L’album se termine sur « J’avance », un morceau plein d’espoir. Tu savais dès le début que ce titre clôturerait l’album ?
Non, pas du tout. Pendant longtemps, il était placé au début de l’album. Mais au dernier moment, j’ai décidé de le mettre à la fin, car il apporte une belle conclusion. Cette chanson parle de résilience : peu importe les épreuves, demain est un nouveau jour. Je l’ai écrite après avoir été marqué par certains événements mondiaux qui ont changé notre vision de la vie.
Justement, ces événements ont-ils retardé la sortie de ton album ?
Non, au contraire. Le Covid, par exemple, m’a donné du temps pour me recentrer et travailler sur ma musique. Ça m’a permis de me professionnaliser encore plus, notamment sur la production et le mixage.
En tant qu’auteur-compositeur, quelle est la partie de la création que tu préfères ?
La composition et la réalisation. J’adore construire un morceau, le voir évoluer, jouer avec les arrangements. Et bien sûr, l’interprétation aussi.
En créant cet album, qu’as-tu appris sur toi-même ?
Énormément de choses. J’ai appris à m’ouvrir aux autres, à échanger davantage, à accepter certains conseils tout en gardant mon identité artistique. Ce projet m’a aussi appris à faire confiance… et à me méfier parfois.
Tu sembles réservé. Cet album est-il une manière pour toi de t’exprimer autrement ?
Oui, je pense que la musique me permet de dire des choses que je ne dirais pas forcément autrement. L’intimité, ça doit rester intime, et la musique permet de la sublimer.
Après cet album, quels sont tes projets ?
Je continue à créer, sans planifier strictement les choses. La musique fait partie de moi, donc il y aura forcément d’autres projets.
Que veux-tu que le public retienne de Beaux ?
J’aimerais que chacun puisse s’y retrouver, que cet album leur appartienne d’une certaine façon. S’il apporte du réconfort à quelqu’un, alors j’aurai tout gagné.
Dernière question : est-ce que tu te trouves beau ?
Pas particulièrement. On est souvent attiré par ce qu’on n’a pas. Mais je suis en paix avec qui je suis, et c’est ça le plus important.
