Le 23 janvier dernier, Sauvan a enflammé l’Olympia avec un concert intense et émouvant. Quelques jours plus tard, il nous a confié ses impressions sur cette soirée inoubliable, son parcours et les défis qui l’attendent. Rencontre avec un artiste en pleine évolution.
Le 23 janvier dernier, Sauvan foulait la scène mythique de l’Olympia pour un concert à guichets fermés. Une soirée électrique, marquée par une mise en scène soignée, une énergie débordante et une communion intense avec son public.
Quelques jours après cet événement majeur de sa jeune carrière, le jeune auteur compositeur et interprète parisien nous a accordé un entretien pour revenir sur cette date symbolique, son évolution artistique et la suite de l’aventure.

Ton concert à l’Olympia affichait complet depuis des mois. Quand tu es monté sur scène ce soir-là, qu’as-tu ressenti ?
Pour moi, c’était un aboutissement. Ces deux dernières années, j’ai tout donné à la musique, et plus largement, cela fait quatre ans que je compose. J’ai commencé seul, dans ma chambre, en 2020. Même avant ça, dès que j’ai touché une guitare ou un clavier, la musique a pris une place centrale dans ma vie.
Ce concert représentait donc l’aboutissement de toutes ces années de travail, de recherches et de sacrifices personnels. L’émotion était très forte en arrivant devant ces fameuses lettres rouges de l’Olympia, en entendant le public crier quand la salle est passée dans le noir, juste avant le début du show. C’était intense.
L’Olympia me paraissait être un rêve ultime, presque irréalisable.
Sauvan
Avant l’Olympia, tu es passé par des salles comme La Boule Noire, La Maroquinerie ou La Cigale. J’ai lu quelque part que tu considérais ce concert comme « le rendez-vous de ta vie ». Pourquoi ?
Quand j’ai commencé à sortir mes premières chansons depuis ma chambre, je n’étais pas du tout dans le milieu artistique. Je ne connaissais rien à la production, au mix, à l’enregistrement… Je faisais tout au feeling, avec les moyens du bord.
L’Olympia me paraissait être un rêve ultime, presque irréalisable. Donc, le voir se concrétiser, après toutes ces étapes et ces petites salles pleines d’histoire, c’était énorme pour moi.
Tu avais choisi une mise en scène marquante pour l’ouverture du concert, avec cette silhouette projetée en ombre chinoise avant la chute du rideau. Pourquoi ce choix ?
Je voulais un début fort, mémorable. Avec Max, mon ingénieur lumière, on a travaillé sur cette introduction pour qu’elle marque les esprits. C’était la première fois que je préparais une entrée aussi soignée. Pour l’Olympia, je voulais vraiment marquer le coup dès la première seconde.
Il y a eu un moment fort où tu es descendu dans la fosse pour chanter au milieu du public. Que représente ce lien avec tes fans ?
Depuis le début, ma relation avec mon public est directe. Après le Covid, j’ai commencé à sortir des morceaux sur SoundCloud, et les gens ont rapidement commencé à m’écrire sur Instagram pour me proposer de jouer chez eux, que ce soit pour un anniversaire, une soirée ou une pendaison de crémaillère. J’ai tout fait, des petits concerts en appart jusqu’aux grosses soirées étudiantes, sans intermédiaires. C’est là que j’ai compris que ma place était vraiment au milieu des gens, dans l’énergie brute du live, parfois même plus que sur scène.
Lire aussi : Sauvan transcende l’Olympia dans une soirée électrique
Ton tout premier titre, « Coco », date de 2020. Avec le recul, referais-tu la même chose aujourd’hui ?
« Coco » était très expérimental. Je n’avais pas de micro, j’enregistrais directement avec celui de mon ordinateur. La production était rudimentaire, mais c’était fidèle à l’esprit de mes débuts : des textes sincères, rythmés, posés sur une base électro bricolée avec ce que j’avais sous la main.
Ce qui a changé depuis, c’est ma façon d’écrire. À l’époque, j’étais très spontané, presque naïf. Aujourd’hui, je réfléchis davantage à ce que je raconte, je suis plus conscient de mon propos.
Dans ton dernier EP, Crépuscule, on a l’impression que tu remets la chanson à texte au cœur de la fête. Quelle histoire voulais-tu raconter avec ces cinq titres ?
J’aime que chaque projet explore des sujets et des émotions différents. « Michel-Ange » parle de trahison, c’est une chanson lente, mélancolique. « Monsieur Disco », à l’inverse, est hyper électro et évoque l’ambiance des soirées. « Nous les hommes » aborde la virilité et les codes de la masculinité. « Alain et Aline » flirte avec une pop plus variété…
J’aime cette diversité parce que ça permet de ne pas être redondant et de proposer un voyage émotionnel varié à ceux qui écoutent.
Quand tu construis un projet, y a-t-il un fil conducteur ou préfères-tu laisser chaque chanson vivre indépendamment ?
Il y a toujours un fil conducteur : raconter des histoires. C’est toujours narratif, avec une attention particulière portée aux textes. Même les morceaux les plus électro et dansants restent ancrés dans cette volonté de transmettre des émotions et des images fortes.
Dans « Nous les hommes », tu évoques la virilité et la masculinité toxique. Comment perçois-tu ce sujet au quotidien ?
Je voulais traiter ce sujet avec modestie. Dans la chanson, les couplets énumèrent les travers qu’on peut avoir, tandis que le refrain exprime un désir simple et universel : tomber amoureux. Ce n’est pas un manifeste ou une prise de position radicale, mais plutôt une manière d’observer et d’interroger certains comportements que j’ai pu voir autour de moi.
Tu viens de sortir « J’M », inspirée par Mathieu Chédid. Pourquoi lui, et en quoi son influence est importante pour toi ?
C’était mon premier concert, j’y suis allé avec mon père sans trop connaître son univers, à part quelques tubes. Et là, je découvre une foule en transe, des gens qui connaissent toutes les paroles par cœur… J’étais sidéré. Après ce concert, j’ai regardé ses lives, notamment celui de Bercy en 2005, et je me suis dit : « On peut vraiment faire ça avec la musique ? » C’était un déclic. Ça m’a donné envie d’écrire, de composer, de tester des choses.
Cela dit, « J’M » n’est pas une ode à Mathieu Chédid. Si ça l’était, j’aurais fait quelque chose de plus métaphorique. Le refrain où je répète son nom, c’est plus un clin d’œil à l’élan qu’il m’a donné qu’une véritable déclaration d’admiration.
Et un duo avec lui, ça te tenterait ?
Bien sûr, avec grand plaisir ! Ce n’est pas d’actualité pour l’instant, mais si l’occasion se présentait, ce serait un honneur.
Quand tu composes, qu’est-ce qui vient en premier : la musique ou les paroles ?
Pour moi, la mélodie prime toujours. La plupart des chansons qui marquent une époque ont d’abord une mélodie forte. Ensuite, le texte vient habiller cette mélodie et lui donner une profondeur. Si je pars d’une instru, j’ai souvent l’impression que ça ne donne pas mes chansons les plus marquantes.
Avec le succès, comment fais-tu pour garder les pieds sur terre ?
Je ne suis pas sûr-exposé médiatiquement, donc la question de prendre la grosse tête ne se pose pas vraiment. Mon quotidien reste celui d’un artiste émergent, et c’est un équilibre fragile entre moments forts et réalité plus rude.
L’euphorie d’un Olympia est vite rattrapée par les défis à venir. On se pose immédiatement la question de la suite, du prochain projet.
Justement, après l’Olympia, quelle est la prochaine étape ? Un album ? Une tournée ?
Oui, l’objectif, c’est un album et une nouvelle tournée. L’Olympia marque la fin d’un cycle, il faut maintenant construire la suite.
Beaucoup d’artistes émergents dénoncent la précarité du milieu musical. Arrives-tu à vivre de ta musique ?
Oui, mais c’est récent. Je suis devenu intermittent du spectacle il n’y a pas longtemps, et même avec des millions de streams et un Olympia complet, c’est encore fragile. Le streaming a bouleversé l’industrie musicale. Beaucoup de gens pensent que c’est un modèle viable, mais en réalité, il est très difficile d’en vivre. Il y a une réflexion à mener sur ce système, qui ne permet pas forcément aux artistes d’être rémunérés à la hauteur de leur travail.
Et après l’Olympia, quelle salle aimerais-tu viser ?
On y réfléchit. Tout dépendra des projets à venir et de la direction que prendra l’album. Rien n’est figé, mais on y travaille déjà.
