Franck mélange euphorie et mélancolie dans une électro-pop entre club et nostalgie. Avec son nouvel EP Pop to Club, il fusionne mélodies entêtantes et beats percutants, quelque part entre la French Touch et les années 80. Rencontre avec un artiste indépendant qui joue sa dernière carte pour imposer son univers.
Dans un paysage musical où la viralité dicte les carrières, Franck trace son chemin en toute indépendance. Sans label, sans manager, sans financement institutionnel, il avance seul, animé par une passion inébranlable et une foi sincère en son projet. Entre euphorie et mélancolie, club et nostalgie, il construit un univers où les contrastes s’entrechoquent. Son premier EP, Pop to Club, traduit cette dualité : une électro-pop taillée pour le dancefloor, inspirée par la French Touch et portée par une sensibilité pop affirmée. À 31 ans, cet artiste indépendant, qui partage encore son temps entre musique et travail, se donne une dernière chance d’imposer son projet.
Rencontre avec un musicien qui avance, lucide, entre passion et réalisme.

L’électro-pop au goût de nostalgie
Comment définir sa musique en quelques mots ? Franck hésite. « C’est toujours difficile de parler de son propre son », admet-il. Mais s’il fallait tenter une définition, ce serait « de l’électro-pop de 2025, avec une grosse nostalgie des années 80. » Une fusion assumée entre modernité et réminiscences d’une époque révolue. Dans ses morceaux, on sent l’influence évidente de la French Touch. « C’est la musique qui m’a bercé », confie-t-il. « Daft Punk, Air, Phoenix, Justice… Tout ça fait partie de mon ADN musical. » Ce qui le distingue de ses inspirations ? « J’écris et compose tout moi-même. Ce qui me différencie, c’est ma voix, mes idées, mon interprétation. Mais évidemment, ce que l’on crée est toujours nourri de ce que l’on écoute. »
Avec Pop to Club, il revendique pleinement cet héritage tout en l’adaptant à son époque. « C’est une manière de rendre hommage à cette musique tout en la réinventant à ma façon. »
Un déclic nommé Caribou
Si la musique a toujours fait partie de sa vie ( il commence à en jouer à quatre ans, dans une famille d’artistes ), la décision d’en faire son métier s’est imposée plus tard. C’est en pleine pandémie, alors qu’il vit encore à Londres et travaille dans le conseil en stratégie de communication, qu’un échange va tout changer. « J’ai envoyé mes morceaux à Caribou (Daniel Snaith), et il m’a répondu que c’était bien. Je lui ai demandé un conseil, et il m’a dit : « Tu ne peux pas savoir si tu es fait pour ça avant d’en faire à temps plein à un moment dans ta vie. « »
Ce conseil résonne comme un électrochoc. Peu après, Franck quitte son job, rentre en France et se lance à fond dans la musique. Pendant plusieurs mois, il ne fait que ça. Aujourd’hui encore, s’il a repris un travail à temps partiel, l’essentiel de son énergie est consacré à son projet musical.
Pop et club, l’alchimie parfaite
L’idée derrière Pop to Club naît d’une frustration. « Quand je vais en club, la musique manque souvent de mélodies, de voix, d’une énergie humaine. Et à l’inverse, quand j’assiste à un concert pop qui se veut dansant, s’il manque de basses et de batterie, ce n’est pas assez club. »
Pour combler ce vide, Franck a cherché à fusionner ces deux univers, à créer une passerelle entre la pop et la musique électronique. Un équilibre subtil entre mélodies entêtantes et puissance rythmique. Une façon aussi d’exprimer sa propre dualité.
« Beaucoup de gens me disent que mes morceaux oscillent entre euphorie et mélancolie. Ce n’est pas un choix conscient, mais c’est sûrement un reflet de qui je suis. Je suis très nostalgique, mais aussi profondément dans l’instant présent. J’aime la fête, j’aime les gens, et en même temps, j’ai toujours cette mélancolie qui plane. »
Un univers visuel travaillé
Chez Franck, l’image a pris une place essentielle au fil du temps. « Au début, je n’avais pas conscience à quel point c’était important. Mais j’ai compris qu’il fallait des codes marquants. » Parmi ces marqueurs visuels : une palette de couleurs bien définie et une veste rouge, devenue sa signature. « Elle a été designée par un ami, et j’ai fini par la porter sur quasiment tous mes concerts. »
L’esthétique de son projet est pensée comme un prolongement de sa musique. « Il y a une vraie influence des années 80, et j’ai créé un personnage qui, sans être un rôle de composition, me permet d’explorer une facette plus spectaculaire de moi-même. Il y a des références à Freddie Mercury, à Michael Jackson, mais aussi beaucoup de moi là-dedans. »
« Si dans un an je n’ai pas d’accompagnement pro ou financier, j’arrêterai. On ne peut pas durer éternellement comme ça. »
Franck
Percer dans une industrie impitoyable
Indépendant, sans label ni financement, Franck évolue dans un milieu où la visibilité est une bataille permanente. « Aujourd’hui, si tu ne fais pas une vidéo qui explose sur TikTok, les labels ne te regardent même pas. C’est ça, la réalité du métier. »
S’il a envie que son projet fonctionne, il refuse de tout sacrifier à la logique du marché. « J’ai envie que ça marche, mais pas à n’importe quelle condition. J’ai 31 ans, ça fait trois ans que je fais ça sérieusement. Je vois très bien les rouages de cette industrie. Je suis lucide. »
Le futur, il le voit comme une dernière ligne droite. « Si dans un an, je n’ai pas de soutien professionnel, je ne pourrai pas continuer éternellement comme ça. Ce n’est pas viable. » Pourtant, il reste inspiré par les trajectoires d’autres artistes indépendants qui ont su se faire une place, comme Claude ou Yoa. « Tous les ans, il y a des artistes qui émergent, qui construisent leur carrière avec sincérité. C’est possible. Mais il faut être bien entouré. »
« J’ai vu l’Olympia d’un artiste que j’aime beaucoup, Muddy Monk, et l’ambiance était particulière. Ce sont des moments exceptionnels, mais ce n’est pas une fin en soi. »
Franck
Des salles mythiques en ligne de mire
Cette année, Franck a coché plusieurs cases sur sa bucket list. « J’ai joué au New Morning, aux Trois Baudets, à la Boule Noire… Trois salles qui faisaient partie de mon top 5 de rêve ! » Mais les ambitions ne s’arrêtent pas là. « J’aimerais faire la Cigale, le Trianon… et bien sûr, l’Olympia. C’est un rêve d’enfant, forcément. Voir son nom en lettres rouges sur la façade, c’est un symbole fort. »
En attendant, il espère surtout que son travail sera vu et entendu. « J’ai mis énormément d’énergie dans ce projet. Maintenant, j’ai besoin que ça aboutisse, que ça trouve son public. »
Alors que Pop to Club continue de séduire les amateurs d’électro-pop hybride, l’avenir de Franck se joue dans les prochains mois. Une chose est sûre : son équilibre entre euphorie et mélancolie, lui, continuera de faire vibrer ceux qui l’écoutent. Reste à voir si le coup de pouce tant espéré viendra.
