Après V E R S O 1 (2019) et V E R S O 2 (2021), Kloahk conclut une première trilogie d’EP avec V E R S O 3 qui s’ouvre sur le titre « Vagissement », cri du nouveau né, et se clôt sur « Goodbye », témoin d’un au revoir.
Kloahk est un personnage fantomatique enfermé dans une télévision, nous vous avions présenté son univers à l’occasion de la sortie du single Black and White, en avril dernier (à lire ici). Maintenant consciente de son emprisonnement, la créature voit ses émotions évoluer, entre sensation d’oppression et échappées imaginaires vers la liberté, et nous entraîne dans un voyage aux textures variées.

credit Marissol Noilhac
Vagissement, grondement venteux instrumental en début de périple, ménage une accalmie dans sa structure pour se renforcer ensuite, et mieux nous emporter vers le souterrain de Round and Round, au creux duquel la notion de temps se confine autant qu’elle s’étire, laissant entrevoir un ciel qui n’est que mirage. Nous embarquons sur Memory of Light. Ce radeau précaire aux cordages grinçants nous emmène à tanguer sous les gouttes, tantôt tièdes, tantôt glaciales d’une pluie qui engourdit. Lullaby, maître morceau de cet album, furtif, glissant, visqueux, subtilement éthéré, s’approche de nous à la dérobée, fait gonfler nos angoisses les plus profondément enfouies, pour s’en nourrir, et finalement nous en soulager. Nous revenons au contact de la terre pour fouiller la poussière et les cendres de Black and White, au risque de rencontrer la brûlure de quelques braises encore vives et rougeoyantes.
Déjà présent sur V E R S O 2, It’s alright s’habille de noirceur pour une nouvelle version toute en tension, réservant aux ténèbres une place de choix, avec un chant plus maîtrisé, plus nuancé, plus habité. Tout va bien quand la pénombre nous accueille sans jugement. La fin du voyage résonne comme une éternité, Goodbye offre la désintégration de ce qui nous retient ici bas, et la dilution de notre être dans l’infinité de l’atmosphère, un au revoir qui sous entend le champ de tous les possibles.
Au fur et à mesure des trois épisodes de V E R S O, Kloahk dessine l’originalité de son univers avec une précision grandissante, et un chant qui gagne en nuances, en textures, en émotions. Ce dernier volet, à travers son contraste plus marqué, ses ténèbres plus présentes, sublime une sensation d’équilibre instable, une impression d’étourdissement, ne conduisant cependant jamais à la chute.
Plus d’infos
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Paul Prevel alias Kloahk, a confié la rédaction des paroles de V E R S O 3 (hors It’s Alright) à Sylvie Hall.
