Gros coup de cœur pour Joanne Radao : on l’avoue, on était passés à côté de son premier EP Fety… mais on se rattrape avec bonheur grâce à Jélinne, un second opus vibrant, intime, lumineux. Entre héritage malgache, pop habitée et hommage à sa grand-mère, Joanne nous touche en plein cœur.

Dimanche dernier, dans nos Clips de la semaine, nous évoquions le superbe visuel du morceau Jélinne, titre éponyme du tout nouvel EP de Joanne Radao. Une introduction idéale pour plonger aujourd’hui dans l’univers dense, vibrant et profondément humain de cette auteure-compositrice-interprète franco-malgache qui, avec ce second projet, transforme le deuil en lumière, et la mémoire en musique.

Il existe des artistes qu’on découvre avec un frisson, ce sentiment rare d’être au bon endroit, au bon moment, face à une musique qui ne cherche pas à impressionner mais à toucher. C’est exactement ce qu’on a ressenti en découvrant Jélinne. Et on l’avoue sans détour : on était complètement passé à côté de Fety, son premier projet. Une erreur qu’on corrige avec empressement, tant ce second opus nous a frappés par sa sincérité, sa chaleur et sa profondeur.

Une voix entre deux mondes

Enregistré entre Paris et Bruxelles, Jélinne poursuit et approfondit le sillon tracé par Fety, qui faisait déjà danser la mélancolie de l’île rouge. Mais ici, la fête se teinte d’une tendresse nouvelle, d’un attachement viscéral à celles et ceux qui nous façonnent. Jélinne, c’est le prénom de sa grand-mère, figure fondatrice, source d’inspiration et d’amour, à qui cet opus est dédié. La musique devient alors offrande, passerelle, hommage vibrant à la transmission, au métissage et à ce qui reste quand les mots manquent.

C’est d’ailleurs tout le propos du morceau-titre, Jélinne, où les percussions douces et les harmonies organiques enveloppent une voix claire, habitée. Il y a du recueillement, mais aussi de la vie, du souffle, comme si Joanne chantait pour ne pas oublier ou plutôt, pour mieux se souvenir. Ce lien à l’intime traverse tout l’EP, comme une colonne vertébrale émotionnelle.

Un EP qui parle vrai

On est touchés par « Mineraly », chanson d’amour portée par une métaphore inattendue, celle d’un bleu minéral, cristallin et profond. Joanne parle de ce moment suspendu, fragile, où l’amour effraie autant qu’il élève. Le titre, construit comme une berceuse malgache, tisse des ponts entre tradition et modernité, entre profondeur et accessibilité.

« Le Courage » et « Demoniko » ajoutent d’autres nuances à cette palette déjà riche. Là encore, la sincérité est reine, portée par des arrangements subtils, où les racines world se fondent dans une pop hybride, généreuse et résolument actuelle. Quant à « Magoya », elle ferme l’EP sur une note presque cinématographique, comme un générique de fin doux-amer que l’on réécoute pour ne pas quitter la salle. L’ensemble est cohérent, habité, jamais démonstratif. On sent une artiste en pleine possession de son langage, et surtout, de ce qu’elle veut transmettre. 

La pochette du disque, elle aussi, parle en silence. Dans le reflet d’un miroir, Joanne, en robe d’été bleu ciel, épaule découverte, collier doré et regard droit dans l’objectif, semble nous dire : « Voilà qui je suis. Voilà ce que je transmets. »

On se dit rendez-vous dans …

On comprend pourquoi elle faisait partie de la sélection 2024 du Chantier des Francofolies. On comprend aussi pourquoi elle a déjà partagé la scène avec Fatoumata Diawara, Emeli Sandé ou Blick Bassy. Et on se dit surtout qu’on a bien fait de ne pas rater ce second rendez-vous.

Et si Fety annonçait la fête, Jélinne en livre l’essence profonde : celle d’une célébration de l’amour, de la transmission et de l’identité plurielle. Et pour celles et ceux qui veulent prolonger l’expérience, rendez-vous ce mercredi 9 avril au Pop Up du Label pour la release party ou au Printemps de Bourges le samedi 19 avril. On y sera (peut-être). Parce que certaines fêtes ne se manquent pas deux fois.