Sorti en janvier, le premier album fiévreux de Ojos Oui Futur dévoile un nouveau fragment avec « Adieu », une ballade où la rupture s’incarne dans une mise en scène du quotidien en miroir.

On avait quitté Ojos en janvier dernier sur un Oui Futur aussi brûlant que vulnérable, premier album tendu comme un fil entre colère contenue et désir de lumière. Parmi ses douze morceaux, Adieu s’était imposé d’emblée comme un sommet : un chant de rupture lucide et désarmant, porté par une phrase qui claque comme une devise « Je suis belle en au revoir. »

Aujourd’hui, ce titre se voit prolongé par un clip à la hauteur de sa tension émotionnelle. Pas de drame ni de grand fracas, juste une rue parisienne, un balcon d’un côté, un banc de l’autre. Deux protagonistes qui se font face, sans jamais vraiment se retrouver. Elodie vit, lit, s’entraîne, écoute, rit. Hadrien aussi, mais de l’autre côté de la rue, en miroir distant, comme une projection manquée.

L’intimité à travers l’objectif

Le plus frappant dans cette mise en scène réside dans le cadre du clip : un cercle qui délimite notre vision, comme si nous observions cette scène à travers des jumelles. Ce choix de cadrage accentue encore le sentiment de distance, créant une sensation de voyeurisme doux, presque clinique. Le cercle nous isole du reste du monde, nous concentre sur cet écart insurmontable entre les deux personnages. Comme si, malgré les gestes et les intentions, l’espace entre eux restait intangible, séparé par un verre invisible.

Réalisé par le duo lui-même avec Tifaine Joulié, le clip refuse le spectaculaire au profit d’une précision quasi documentariste. Tout se joue dans l’écart : entre deux trottoirs, deux silences, deux façons d’aimer. Le banc devient une scène de solitude, le balcon un observatoire de l’irréparable. L’un reste figé dans l’attente, l’autre finit par tourner la page ou du moins essaie.

Ojos réussit là un exercice rare, transformer le banal en battement de cœur, faire du vide un langage. « Adieu » devient un théâtre miniature où l’on ne joue plus à deux, mais en face. Et le futur, auquel ils disaient oui en janvier, s’esquisse ici sans l’autre, mais avec style.