Le duo folk-rock Grand Camino dévoile un premier album entre paysages intérieurs, racines ibériques et rêve d’ailleurs. Une traversée libre, introspective et solaire, à écouter comme un carnet de route sonore.
La route de Grand Camino s’est d’abord dessinée par petites touches. Découvert à travers « The Way She Walks », morceau narratif aux allures de road-movie intérieur, Grand Camino avait déjà laissé entrevoir une esthétique forte, celle d’une musique habitée, libre, et profondément cinématographique. Depuis ce premier pas, le duo nancéien a tracé sa route en dévoilant, titre après titre, les multiples contours d’un univers à la fois sauvage et onirique.
« Sunflowers » a creusé la veine folk, plus sombre, plus âpre. « Floating Around » a ouvert les fenêtres sur un horizon plus lumineux, suspendu, presque vaporeux. Puis est venu « Los Monegros », chanté en espagnol, comme un retour aux racines pour Esther, et une échappée brûlante au cœur d’un désert aragonais. Ces quatre extraits, comme des balises posées sur le chemin, annonçaient un album nourri d’expériences, d’images, de souvenirs – et surtout d’une quête.
Carnet de route entre rêve et racines
Désormais, c’est un territoire complet que Grand Camino nous donne à explorer avec Wildflowers, un premier album aux allures de journal de bord sensible, nourri par le désert, la route et l’appel des grands espaces. Dix titres pour raconter une errance, une émancipation artistique et intime. Guitares planantes, voix sensuelle, atmosphères mouvantes : le disque flirte tour à tour avec la dream pop, le folk psychédélique et le desert rock, sans jamais s’enfermer dans un genre.
Chaque morceau déploie ses paysages propres, des étendues arides de « Wild Wild » à la montée solaire de « High As The Sun », en passant par la rêverie liquide dépouillée de « The Water », partagée avec Magon, ou encore « Eyes Wide Open », long morceau-fleuve de huit minutes qui clôt l’album dans une forme de transe douce.
Les références artistiques convoquées en filigrane (David Lynch, Georgia O’Keeffe, Clarissa Pinkola Estés) ne sont pas là pour faire joli. Elles traduisent une volonté profonde de faire de Wildflowers un album-pont entre les disciplines, un espace où la musique devient peinture, récit ou rêve lucide. Le tandem ne chante pas l’Ouest tel qu’on se l’imagine, mais l’ailleurs tel qu’on le porte en soi. Et c’est précisément dans sa capacité à faire du paysage un miroir de l’intime, que cet opus touche juste.
Si Mountain Faces, leur premier EP, évoquait l’errance comme question, Wildflowers y répond par l’affirmation. Celle d’une identité artistique libre, non figée, qui assume autant ses racines ibériques que son attirance pour l’imaginaire nord-américain. Loin d’un simple pastiche de desert rock, Grand Camino propose ici une œuvre sincère et habitée, un disque sans filtre, aussi riche dans ses silences que dans ses élans. Un album à écouter les yeux ouverts et le cœur prêt à se perdre un peu. Et surtout à vivre en live. Ça tombe bien, le duo fêtera cette belle sortie le 17 avril prochain à l’Autre Canal de Nancy.
Plus d’infos
17/04/2025, dès 20h30 – L’Autre Canal – NANCY (54)
Avec Claire Days & Santiago Moreno
Billetterie et plus d’infos ici !
