Lola Sauvageot dévoile L’Animale, dernier clip d’un premier EP habité. Une traversée visuelle entre douceur et puissance, où chaque image devient mémoire et chaque silence, un cri.
Après avoir chroniqué son premier EP L’Animale, il était impossible de ne pas attendre avec impatience l’aboutissement visuel de cette œuvre singulière. Et le clip, réalisé par Lola Sauvageot et son frère Gabriel, répond à toutes les attentes. Il fallait une image à la hauteur du feu. Un film capable de contenir la rage souterraine, la douceur blessée et l’appel ancestral qui traversaient déjà le morceau. C’est chose faite : L’Animale clôt cette première œuvre comme on referme un livre de rites, avec lenteur, gravité, et une dernière étincelle dans les yeux.
Un dernier cri calme et puissant
Ici, la musique devient terrain, et le corps, un langage. Dans un paysage nu, presque lunaire, trois femmes avancent. Pas à pas. Mouvements simples : ramasser une pierre, manger une orange, tracer un contour au sol. On pourrait croire à des gestes du quotidien, mais dans le regard de Lola Sauvageot, tout devient symbole. Ces actions prennent la force d’un rituel ancien, d’un féminisme instinctif, ancré, presque chamanique. On pense à Ana Mendieta, évidemment. À ces artistes qui ont fait du vivant leur matière première.
Le morceau, déjà l’un des plus percutants de l’EP, trouve ici un contrepoint visuel fascinant. À la basse lourde, hypnotique, répondent des silences pleins. Aux cymbales crissantes, des regards calmes. Et dans la tension sonore, on entend le cri silencieux de celles qu’on n’a pas écoutées. Les « robes de feu », les « cités de femmes », les « jardins de seins » ne sont pas que des images, ce sont des armes. Des balises dans un monde où le féminin reste trop souvent muselé.
Mais L’Animale, ce n’est pas la rage seule. C’est la lenteur, la sororité, la réparation. C’est la terre qu’on touche pour revenir à soi. C’est un cri qui se fait caresse. Et ce clip en est la parfaite traduction. On en ressort comme d’un rêve ancien, les yeux légèrement mouillés, le cœur un peu plus vaste. Et avec ce dernier tableau, Lola pose une pierre de plus dans un univers déjà singulier, politique, nécessaire. Une artiste à suivre, à ressentir, à écouter pleinement, jusqu’au bout du souffle.
