Premiers pas discrets mais puissants pour Lucille Mille qui dévoile aujourd’hui « rayon vert » & « demain matin », un double-single entre folk dépouillé et textures instrumentales sensibles. Un début prometteur, à écouter en apesanteur.
Il y a des débuts qui n’en ont pas l’air. Pas de fanfare, pas d’effet d’annonce. Juste une voix. Un frisson. Une impression de déjà-rêvé. Avec son double-single «rayon vert / demain matin», Lucille Mille ne se présente pas, elle s’installe. Doucement. Elle occupe l’espace comme la lumière à l’aube, presque invisible, mais nécessaire.
Rêver en deux temps
« demain matin », morceau d’ouverture, est une balade folk épurée, presque nue, portée par une voix qui semble souffler plus qu’elle ne chante. Unique titre entièrement vocalisé de son EP à venir, il s’impose comme une confidence murmurée au creux de l’oreille. Les silences y sont aussi importants que les notes, et chaque mot semble choisi avec le soin d’une calligraphe. Le morceau touche par sa sincérité, sa fragilité assumée, et cette façon de faire cohabiter l’espoir avec une forme douce de mélancolie.
À l’inverse, «rayon vert» explore des territoires plus instrumentaux, où se mêlent souffles de cuivres, percussions organiques et nappes électroniques. On y retrouve la patte sonore du trio formé avec son frère Lilian (trompettiste) et son compagnon Léo Fumagalli (tous deux du groupe Bada-Bada). Ce deuxième titre évoque ces instants suspendus, où l’on croit entrevoir quelque chose de rare, de presque irréel, comme ce phénomène optique auquel il emprunte son nom.
En deux morceaux seulement, Lucille Mille réussit à dessiner les contours d’un monde à part, à la fois tactile et onirique. Ce premier double-single, c’est une chambre intérieure ouverte sur l’horizon. Une introduction qui ne dévoile pas tout, mais qui donne envie d’y revenir. Encore. Et de rester, les yeux fermés.
