Chaque fin de semaine, la rédaction de Phenixwebtv.com vous propose de découvrir les nouveaux clips qui font actuellement la Une.

MatmatahPutain Putain

Avant un concert exceptionnel prévu à l’Accor Arena le 11 octobre prochain pour célébrer leur 30e anniversaire, Matmatah se frotte à l’un des monuments du rock belge, et le fait sans trembler. Leur reprise de Putain Putain garde intacte la verve brute d’Arno, tout en lui injectant une nouvelle dose de fureur maîtrisée. La voix grave de Tristan Nihouarn ne cherche pas l’imitation, elle dialogue plutôt avec le fantôme du morceau original, dans un respect vibrant. Les guitares sont tendues, les refrains martèlent, on sent le plaisir de l’insolence, mais aussi une gravité assumée. Derrière l’apparente légèreté du refrain, c’est tout un manifeste humaniste qui résonne à nouveau et qui rappelle que l’Europe est autant une idée poétique qu’un patchwork dissonant, fragile, mais vivant.

Le clip signé Charlie Garnier flirte avec l’absurde et le sublime. À travers une lyrics video mutante, où chaque mot clignote, vacille ou explose, le réalisateur orchestre un chaos visuel contrôlé. Ici la bichromie fonctionne comme un cri graphique, un manifeste pop et politique. Vingt ans après ses débuts, Garnier signe un retour imprévisible, joueur, à la frontière entre l’exercice de style et le coup de gueule. Un court-métrage de typographies, de textures et d’idées. Bref, un « blockbuster quantique » comme le décrit le groupe brestois lui-même, improbable, mais pleinement assumé.

RosemarieLa mer

« La mer », glisse comme un aveu murmuré à soi-même dans le nouveau single de Rosemarie. La voix à peine posée sur une instrumentation discrète, laisse remonter à la surface une émotion contenue, jamais forcée. Le morceau évoque l’intime sans le disséquer, préfère l’évocation à l’explication. Tout ici semble suspendu, le tempo, les respirations, la douleur elle-même. Une manière de faire de la fragilité un socle, de donner corps à une forme de consolation lente. Premier extrait d’un album annoncé, cette chanson pose un cadre doux-amer, comme une lumière qui filtre entre deux nuages.

Le clip qu’on doit à Cléo-Nikita Thomasson s’inscrit dans cette même retenue. Rosemarie flotte dans une crique familière, bercée par l’eau, toujours sur le dos, comme pour regarder le monde à l’envers, ou s’en détacher. L’image refuse le spectaculaire, embrasse la lenteur. Le texte de la chanson s’invite discrètement à l’image, sans souligner, sans imposer. Le décor naturel devient un écrin silencieux, un espace de repli et de mémoire. Une mise en scène simple, presque documentaire, qui rend le geste encore plus sincère.

Manu LodsDansons sous la pluie

Manu Lods revient en troubadour des temps modernes avec « Les petits bonheurs de la vie », chanson tendre à la mélodie discrète mais entêtante, extrait de son dernier album Quai des petits bonheurs. Entre swing minimal et poésie de bric et de broc, le morceau ressemble à une ritournelle qu’on chuchote pour conjurer la morosité. Les couplets, finement ciselés, tracent une philosophie du quotidien en pointillé, loin des grands discours. On pense à des chansonniers d’un autre temps, à cette tradition française qui sait dire l’essentiel sans hausser le ton.

Le clip, réalisé par Pierre Sabrou, fonctionne comme un charme. Théâtre ambulant, lumière tamisée, objets inutiles devenus essentiels : tout y est pour redonner aux instants leur juste valeur. Le montage capte des détails que le monde oublie, des gestes infimes, des sourires volés. Peu à peu, la place se transforme, les passants se métamorphosent. La fête gagne, doucement mais sûrement. Le message ne s’impose jamais, il s’infuse. Et à la fin, sans qu’on sache quand, la magie opère.

Julia GuezDes vies

Julia Guez pose un regard tendre et lucide sur les chemins de vie qui s’entrelacent, se croisent, se perdent. Son nouveau single « Des Vies » s’ouvre comme une confidence, portée par des cordes sensibles et une voix claire qui cherche la lumière sans effacer les ombres. Le morceau emprunte à la chanson française ses teintes mélancoliques tout en affirmant une modernité discrète, quelque part entre héritage et réinvention. Une bascule vers une pop plus orchestrale qui lui permet de gagner en ampleur sans perdre en intimité.

La lyric vidéo joue la sobriété. Une photo statique de l’artiste, un fond feutré, les paroles qui apparaissent mot après mot. Aucun artifice, seulement l’essentiel. Cette simplicité visuelle permet au texte de prendre toute la place, comme une lettre lue à voix haute. C’est un format modeste, mais cohérent, qui sert le propos de la chanson : transmettre sans détour, toucher sans forcer.

Simone d’OpaleTapis blanc

« Tapis Blanc », continue d’étirer le fil délicat que Simone d’Opale tisse depuis ses débuts. Un morceau suspendu, tout en tension douce, où chaque arrangement semble s’accrocher à la voix pour ne pas tomber. L’écho du passé s’invite dans la narration, le futur cligne de l’œil à travers les silences, et le présent se perd entre les deux. On avance sans savoir si l’on se souvient ou si l’on imagine. Cette chanson avance comme un rêve lucide, sur une ligne brumeuse entre douceur et inquiétude.

Pour donner corps à cette faille temporelle, Miz. propose un clip comme arraché à une mémoire collective. Un avion qui ne décolle jamais, des lumières tamisées, un flou constant qui semble recouvrir tout d’un filtre nostalgique. Chaque plan ralentit le monde, chaque geste flotte. Le mouvement devient contemplation, l’attente devient décor. Pas besoin d’explication, tout est là, dans le ressenti immédiat, dans ce théâtre figé où chaque seconde paraît précieuse parce qu’elle menace de s’effacer.

Giorgio PoiLes jeux sont faits

Giorgio Poi touche juste avec son nouveau single « Les jeux sont faits », extrait de son album Schegge, disponible depuis le 2 mai. Cette chanson, toute en retenue bouleversante, explore la fin d’un amour sans jamais sombrer dans le pathos. Les mots glissent sur une mélodie à la fois douce et acérée, qui trahit ce que le chant feint de contenir. Il y a dans cette production une élégance rare, un sens de la mélodie qui emprunte autant à la tradition italienne qu’à une pop contemporaine fine, presque fragile. L’ensemble tient sur un fil, entre mélancolie et apaisement, entre effondrement et lucidité.

Le clip réalisé par Gaspard Millet en prolonge le vertige. Giorgio Poi arpente les rues de Paris comme on traverse un souvenir, sans ligne droite, sans destination, mais lesté de fantômes. Les visages se confondent, les lieux résonnent. Tout est flou, ralenti ou en accéléré, comme si le temps lui-même n’arrivait plus à se poser. Un regard se perd, une image accroche, mais rien ne dure. Comme la chanson, la vidéo refuse l’arrêt, impose de marcher, même sur un cœur déchiré.

Kelly BadoJamais oublier

Cette semaine, on a fait la connaissance de l’artiste afropop et soul franco-manitobaine Kelly Bado, à travers son nouveau single « Jamais oublier », qui mêle tendresse et ancrage. Chanté en français sur une production aux accents afropop lumineux, le morceau rend hommage à l’origine, à ce qui fonde l’identité et accompagne les trajectoires. Un titre qui respire la fierté tranquille, celle d’une artiste consciente de ses racines et décidée à les faire résonner dans des sonorités actuelles. L’album Belles Âmes dont est extrait ce titre, porte bien son nom, ici, pas d’esbroufe, mais de la sincérité mise en musique.

Le clip, tourné dans le sud de la Côte d’Ivoire, prolonge ce lien entre la musique et le territoire. La caméra de Laudy Black capte des scènes de vie en plein soleil, entre paysages tropicaux et moments de complicité partagée. Ici l’artiste ne joue pas un rôle, elle est chez elle. Chaque plan semble chargé d’un attachement réel, d’un désir de célébrer cette terre sans l’idéaliser. Le récit n’est pas construit, il se respire. Un moment suspendu, qui fait cohabiter fierté culturelle, légèreté de l’été, et sincérité.

Florence BretonLa peur me guette encore

Florence Breton vient de dévoiler son tout premier EP, Pour combien de temps. Un projet Indie pop de quatre titres parmi lesquels on retrouve un deuxième extrait poignant où la douceur des arrangements contraste avec la tension du propos. « La peur me guette encore » se glisse dans un écrin jazzy, feutré, presque trompeur, tant la voix reste calme alors que le texte serre les poings. On sent l’écriture ciselée, lucide, qui refuse le pathos pour laisser monter une colère sourde. Un féminisme de l’intime, porté sans slogan mais avec cette force tranquille qui touche en plein ventre.

Le clip, signé Raphaël Laliberté-Desgagné, ancre la chanson dans un quotidien tristement banal en mettant en scène l’artiste dans les transports en commun, seule, tard. Caméra discrète, lumières blafardes, des paroles qui défilent à l’écran et une tension qui flotte dans l’air. Pas de drame spectaculaire, juste cette sensation familière pour trop de femmes, surveiller, anticiper, se protéger. L’artiste ne surjoue rien, elle expose. Le réalisme brut fait mouche, d’autant plus qu’il laisse place à une forme de résistance discrète, têtue. Le geste est simple, mais politique.

TVODParty Time

TVOD (télévision overdose) balance son nouveau single « Party Time » comme un cocktail molotov disco-punk. Guitares nerveuses, claviers clinquants, basse bondissante, tout vibre dans une énergie brute et festive. La voix scandée taille dans le vif, les breaks s’enchaînent comme des ruptures de rythme dans une soirée qui dérape. Le titre, bien plus qu’un appel à faire la fête, évoque l’absurdité du quotidien et la nécessité urgente d’y injecter du chaos. Une énergie sale, joyeuse, et dangereusement contagieuse.

Le clip, bricolé en animation stop-motion par Callum, pousse cette logique jusqu’à l’absurde. Un anti-héros mécanique s’enferre dans sa routine jusqu’à ce que « Party Time » le court-circuite. Corps distordu, décors qui vacillent, voisins épouvantés, le délire visuel illustre à merveille l’esprit du morceau. Du carton-pâte et des éclairs psychédéliques au service d’un vrai propos, la fête comme insurrection douce contre l’ennui programmé. Le tout filmé comme une parodie de spot publicitaire des années 80, oscillant entre le trash, le cheap et le génial.