Le 14 mai à La Maroquinerie, Julia Jean-Baptiste a fêté la sortie de Toujours plaire dans une mise à nu émouvante et lumineuse. Retour sur ce moment suspendu entre chagrins passés, élans d’amour, et danses libératrices.

Un silence de velours, un battement de cœur, un halo rouge dans l’obscurité. 21h07. La scène est plongée dans le noir. On devine la silhouette de Lola, déjà en poste derrière la batterie. Julia Jean-Baptiste entre en scène discrètement, presque comme une apparition. Elle porte une veste rouge éclatante, mais le silence est encore roi. Puis, quelques notes résonnent, et le premier souffle de « Le Silence » (extrait de Toujours plaire) s’élève, dans cette obscurité dense. Le concert vient de commencer, et déjà, quelque chose a changé.

Julia Jean-baptiste sur la scène de la Maroquinerie, le 14 mai 2025

Coup de foudre en première partie

Avant l’explosion rouge et sensuelle de Julia, le jeune Samson a ouvert le bal. Un chanteur à fleur de peau, qu’on devine encore en construction mais déjà bouleversant. Pour nous c’est un « coup de foudre », et sur scène, c’est un peu « l’oiseau bleu » de la soirée, celui qui ose dire ce qui brûle dans son ventre. À revoir, sans hésiter.

Samson sur la scène de la Maroquinerie le 14 mai 2025

« On va beaucoup parler d’amour »

Deuxième titre : « Music Hall », extrait de Ciné-Rama, plus solaire, plus ancien. Elle le chante avec l’aisance de celles qui reviennent chez elles. Puis, le ton change. Julia s’adresse au public : « Chers amis, on va passer un petit moment ensemble. On va beaucoup parler d’amour : l’amour sain, l’amour qui vous brise le cœur… » Elle raconte ces espoirs étranges, ces fantômes qu’on pense croiser au coin d’une rue, même quand on sait qu’ils nous ont fait mal. Puis vient « La fête est triste sans toi », chantée face micro, pleine de nostalgie lumineuse.

Sur « Éternité », elle lâche le micro. La chanson gronde d’une colère ancienne, d’une tristesse intacte. Après quelques minutes de tension vibrante, elle quitte brièvement la scène, laissant Lola seule en action.

Robe modulable, ruptures et retrouvailles

Changement d’ambiance, changement de tenue. Julia revient vêtue d’une robe modulable avec une jupe intégrée et ornée d’un long tulle blanc, comme une mariée qui aurait renoncé au conte de fées. Le contraste est saisissant. « Toujours plaire chanté » ainsi, prend des airs de confession solennelle. Elle nous emmène ensuite « Dans le noir », dans ce refuge intérieur, cette chambre mentale où l’on cherche à prolonger la nuit. Puis viennent les amitiés perdues, « Le désamour », une des rares chansons à évoquer les ruptures amicales, un sujet trop peu chanté.

Julia Jean-baptiste sur la scène de la Maroquinerie, le 14 mai 2025

L’émotion monte d’un cran avec « Magnifique », rejointe par Anoraak son premier invité, qui l’accompagne à la basse. Dans la salle, sa mère Catherine applaudit depuis les premiers rangs. Quelques chansons plus loin, c’est au tour du père et du frère de recevoir une dédicace involontaire : « La spirale », chantée pleine face. Elle retire le tulle, reste en bustier noir et jupe, plus guerrière, plus nue dans sa vérité. La cérémonie s’allège, l’intensité monte.

Et puis vient « Les Lilas ». Seule sur scène, guitare en main, elle chante les racines, la fragilité, les vents contraires. L’émotion la gagne, elle vacille un instant, mais tient debout. Comme ces lilas qu’elle célèbre. La salle est suspendue à ses lèvres. La dernière chanson de l’album devient le cœur battant du concert.

Julia Jean-baptiste et Anoraak sur la scène de la Maroquinerie, le 14 mai 2025

L’amour, les copines, la fosse

Puis l’amour vient la rejoindre sur scène : son compagnon, pour une reprise surprise de « Le coup de soleil ». Le public devient chorale. Les sourires sont partout. La douleur recule. Elle continue à danser. Littéralement. « Je continue à danser » est interprétée en bande : quatre copines la rejoignent sur scène. Ça chante, ça saute, ça déborde de vie.

Sur « Tire-toi », c’est Marion Praa qui l’accompagne à la guitare. On sent que l’album devient un espace collectif, un espace de confiance, de partage. « Tout passera », « Faux amours », chaque titre déploie un pan de ce que Julia nomme : apprendre à ne plus vouloir plaire à tout prix.

Julia Jean-baptiste et ses copines sur la scène de la Maroquinerie, le 14 mai 2025

Dernier trophée, dernier feu

Et pour finir : le feu d’artifice final. « Le dernier trophée ». Julia descend dans la fosse, micro dans une main, bouquet dans l’autre. La salle est debout, en liesse. On chante, on danse, on rit. Elle remonte sur scène, relance le refrain, communie avec le public, puis lance son bouquet. Une partie atterrit dans la main de l’auteur de ces lignes. La fête est finie. Julia salue le public, rejoint Lola. Le photographe immortalise la scène, bras levés, regards émus. Un feu sacré s’éteint doucement, mais la chaleur reste. 

Julia Jean-Baptiste a chanté l’amour dans toutes ses nuances, a dansé sur ses ruines et fait de ses failles un feu. Si Toujours plaire est un album de renaissance, ce concert en fut le rituel. À la sortie, on n’était plus tout à fait les mêmes. On était ensemble. Vraiment.