Super Plage nous ouvre les portes de sa Grosse Maison, un album lumineux, dansant, traversé de surprises. On l’a rencontré quelques jours avant la sortie pour parler groove, DJ sets, collabs et nostalgie pas si rétro.

On l’avait découvert avec « 1990 », single solaire, faussement rétro, qui nous avait accroché dès la première écoute. Aujourd’hui, Super Plage revient en force avec Grosse Maison, son quatrième album en trois ans, sorti vendredi dernier. Un disque qui revendique une nouvelle direction sans rompre avec son ADN électro-pop lumineuse et dansante. Derrière ses lunettes de soleil et sa vibe désinvolte, il livre ici un projet plus affirmé, plus taillé pour les pistes de danse, moins mélodique peut-être, mais plus frontal.

Un album comme une grande fête

Il parle vite, rit facilement, et laisse traîner quelques doutes entre deux certitudes. À la veille de la sortie de Grosse Maison, Super Plage (Jules pour les intimes) se dit « excité » à l’idée de partager enfin ce nouveau chapitre. « J’aime toujours sortir de la nouvelle musique, parce que ça montre un peu où je suis rendu maintenant… même si ça date parfois d’il y a deux ans. »

Grosse Maison marque une cassure. Pas une révolution, mais un déplacement assumé. Là où ses précédents albums suivaient une certaine logique de continuité, celui-ci cherche l’éclat, la surprise, une spontanéité plus brute. L’optique est house, la structure pensée pour le club, pour les DJ sets. « Je fais des DJ sets moi-même, et mes anciennes chansons, je trouvais qu’elles ne collaient pas toujours. Là, j’ai voulu que ça fonctionne. »

Un titre qui sonne large

Le titre ? Un accident heureux. À l’origine, un simple nom de fichier : « Grow House », Virginie B, sa collaboratrice régulière, en fait une traduction littérale : Grosse Maison. Le nom reste, et prend sens. C’est l’image d’un lieu collectif, d’un album habité par les autres. Il invite Virginie B, Claudia Bouvette, Pato Joir, et laisse même un autre producteur, Ket Magané, prendre les commandes en studio pour une session : une première pour Super Plage, qui a longtemps tout fait seul.

L’album reste lumineux, dansant, comme toujours. Mais moins mélodique, plus frontal. Les voix changent, les styles aussi, house, disco, drum and bass, avec une volonté de créer une forme de variété cohérente. « J’ai voulu que ça s’écoute comme une playlist. Tu sais, aujourd’hui, après trois chansons d’un même artiste, on a déjà envie de zapper. »

Ni rétro ni nostalgique

Ce besoin de renouvellement est partout. Dans le son, mais aussi dans le regard qu’il porte sur lui-même. Il assume s’être « acharné » sur certaines chansons, comme « 1990 », dont la percussion lui a donné du fil à retordre. Ce nouvel album n’est pas que sonore. Tout l’univers visuel a aussi pris une ampleur maîtrisée. Mais plutôt que de tout contrôler, Super Plage délègue, mieux qu’avant : « Plus je laisse les gens dans leur chaise, mieux je trouve que ma vision est servie. » Virginie B à la réalisation des clips, Rosalie Bordeleau et Andy Jon côté photos : chacun amène sa patte. Le résultat, c’est un univers cohérent, mais jamais figé.

Même si le single « 1990 » et ses synthés doux évoquent une époque où « tout semblait plus simple », Super Plage rejette l’étiquette de revival. Pas de calcul nostalgique, juste une écriture sincère, et une utilisation de sons qui résonnent aujourd’hui. Et c’est peut-être ça, le vrai fil rouge de Grosse Maison.

Une vibe qui traverse l’atlantique

Difficile encore de comparer l’accueil du projet ici et là-bas, mais la curiosité française est bien là. Après quelques dates en première partie de Bon Entendeur ou Julien Granel, Super Plage prépare déjà sa traversée de l’été : Francos de Montréal, Francofolies de La Rochelle, et d’autres surprises à venir. Le pont est lancé. Et même si Jules avoue ne pas encore connaître assez son public français, l’envie d’y bâtir, comme à Montréal, sa propre grosse maison, semble bien réelle.

Grosse Maison est un disque mouvant, généreux, pensé pour vibrer en été. À son image. « Je ne suis pas nostalgique, même si on m’associe souvent aux années 80 ou 90. Je veux juste faire des chansons qu’on a envie d’écouter là, maintenant, ensemble. » Et dans sa Grosse Maison, les portes sont ouvertes.