Chaque fin de semaine, la rédaction de Phenixwebtv.com vous propose de découvrir les nouveaux clips qui font actuellement la Une.

Phelto??!

Phelto brouille les pistes entre les genres et les émotions dans « ??! » morceau-titre de son nouvel EP sorti ce 30 mai. Grunge, hyperpop et fragilités post-rap s’y croisent dans un tourbillon organique, nerveux et touchant. On y sent une urgence intérieure, un trop-plein qui cherche à s’exprimer autrement. Sa voix semble surgir de ce chaos avec des pointes de colère, de douceur et de lucidité entremêlées. Un vrai moment d’errance émotionnelle, à vif, comme un cri qu’on n’avait pas prévu de sortir. On chroniquera d’ailleurs l’EP dans son ensemble la semaine prochaine, parce que ce titre donne vraiment envie d’aller creuser ce qu’il y a autour.

Le clip, lui, en dit déjà long. Phelto quitte une soirée qui semble avoir trop duré, trop bu, trop parlé. On la suit dans les rues, seule, les yeux dans le vague, caressant un chien derrière un portail ou chantant face caméra, un peu ailleurs. Pas besoin d’effets ou de scénarios alambiqués, tout passe par le regard, le silence entre les mots, la manière dont elle marche. L’atmosphère est douce-amère, comme un lendemain de fête qui traîne un peu dans le cœur.

Los Fanfarons et Roberto Cicogna – Luna Di Miele

Dévoilé le 23 mai dernier, Ventilo, c’est l’album d’un duo qui refuse les cases, qui adore brouiller les pistes et qui s’amuse à mixer les langues comme on mélange les styles. Cléa Vincent et Romain Sanderre, alias Los Fanfarons, livrent un disque joyeusement bordélique, pensé pour le dancefloor mais habité par une vraie sensibilité. On passe d’une langue à l’autre, d’un beat reggaeton à une boucle techno, d’un couplet tout en douceur à une envolée plus frontale. Ce sont des morceaux pour danser, mais aussi pour sentir, pour vibrer, à l’image de l’extrait vidéo « Luna di miele »

Réalisé par Roberto Cicogna, le clip embrasse cette esthétique tendre et un peu décalée qui fait tout le charme du morceau. Tandis que Los Fanfarons et Roberto Cicogna déambulent dans Paris, une petite figurine de mariés prend la tangente en solitaire, traversant la ville comme on traverse un rêve ou un souvenir. Sur une production qui sent autant le club que la dolce vita, la voix de Cicogna murmure les vertiges d’un amour tout neuf, entre promesse de fusion et peur de l’inconnu. Une ballade miniature et acidulée, douce comme une fête qu’on n’a pas encore envie de quitter.

Milos Asian – Swima

Milos Asian lance un voyage sensoriel profond avec « Swima », premier extrait de son album-concept Mama Cocha, attendu cet automne. Entre ambient vaporeux et textures synthétiques aux parfums rétro, le morceau semble s’élever lentement comme une bulle d’air vers la surface. Le titre porte le nom d’un ver marin bioluminescent, et l’on comprend vite pourquoi, car il s’écoute comme une plongée dans un univers mystérieux, mouvant, où chaque son réagit à la lumière et aux courants.

Le clip, en animation, accentue cette sensation de dérive paisible dans les fonds marins. Une faune étrange, presque onirique, se révèle au rythme du morceau. Méduses phosphorescentes, poissons translucides et planctons dansants composent une fresque silencieuse, peuplée de créatures douces et lumineuses. Tout semble respirer à un rythme lent et enveloppant. Une première pièce prometteuse dans l’univers riche et sensible que Milos Asian semble vouloir construire.

DVTRCouleur peau (Your Next Token Asian Friend)

DVTR, revient avec un morceau qui ne prend pas de pincettes. « Couleur peau (Your Next Token Asian Friend) » parle fort, mais sans hausser le ton. Le duo retourne le cliché du « quota asiatique » dans les médias ou les programmations culturelles, et le retourne surtout contre ceux qui le manipulent. Demi Lune ne demande pas sa place, elle la prend, ironise sur le racisme déguisé en inclusion, et rappelle que « couleur peau », c’est souvent juste un autre mot pour dire « blanc ». C’est sec, drôle, énervé comme il faut, et ça tape là où ça fait mal, sans jamais perdre le groove.

Le clip joue à fond la carte du malaise contrôlé. Tourné comme un mukbang, Demi Lune déballe des plats asiatiques colorés devant la caméra tout en chantant. On dirait presque une démonstration de self-control, sauf que ce qu’elle sert, c’est surtout une critique bien salée. Des mains apparaissent à l’écran, la transforment peu à peu comme si elle devait cocher les cases d’un exotisme caricatural : coiffure, maquillage, manucure. Elle garde la face, continue de manger. Le vrai renversement vient à la fin lorsqu’elle quitte la table sans un mot, laissant derrière elle tout ce cirque.

MikanoLock & Loaded

Mikano revient en douceur avec « Lock & Loaded », un titre suspendu entre mélancolie lucide et apesanteur jazzy. Il parle de solitude, de souvenirs flous, de relations fugaces. Des thèmes qui auraient pu devenir pesants, mais qu’il habille d’un groove discret et d’une voix tranquille, presque détachée. Le morceau ne cherche pas l’effet spectaculaire. Il déroule son ambiance comme une discussion à mi-voix après minuit, quand les mots sortent enfin. Ce n’est pas un coup d’éclat, c’est un instant figé, tout en pudeur.

Le clip, réalisé à Tokyo par Takuma Magne, joue sur ce même équilibre. Mikano déambule, dérive d’un bar à l’autre comme un touriste perdu dans sa propre introspection. Il boit, parle, sourit, s’attarde. Rien n’est vraiment grave, mais tout a un goût un peu flou. Ce côté cheesy assumé – les poses, les gestes un peu enfantins – vient casser la morosité et injecte une légèreté inattendue. L’image épouse le morceau dans sa façon d’osciller entre errance et lucidité. On sort de là sans certitude, mais avec cette sensation étrange d’avoir saisi quelque chose qui flotte entre deux silences.

Tessa BJ’ai grandi

Tessa B est de retour et ne tourne pas autour du pot. Dans « J’ai grandi », tout est dit dès le titre, mais c’est dans les détails que la chanson prend sa vraie dimension. Mélodie sobre, rythme lent, voix pleine de retenue : l’artiste déplie ici un récit de maturité, tout en nuance, sans éclat forcé. Ce n’est ni une complainte ni un manifeste, juste un moment d’équilibre entre nostalgie, lucidité et douceur. On sent le poids des années, pas comme un fardeau, mais comme une trame sur laquelle elle brode, avec pudeur, ses cicatrices et ses victoires.

Le visualizer prolonge ce sentiment d’intimité. Tessa B, assise au sol au milieu d’un joyeux bazar, semble à la fois chez elle et dans un espace mental. Le décor ( vêtements, micro, instruments) évoque le quotidien d’une artiste en construction permanente. Les images d’archives projetées derrière elle agissent comme des échos du passé, des fragments d’enfance qui traversent le présent sans le figer. Elle chante sans mise en scène, presque comme on parlerait à soi-même, dans un moment suspendu. La guitare, le canapé, les projections sur le mur, tout contribue à cette ambiance à la fois familière et mélancolique.

DegeyterOnly 4 U

Degeyter continue de construire un univers bien à lui, mi-pop abrasive, mi-manifeste teenage, avec son nouvel EP Bonjour Violence. Le titre « Only 4 U » se pose en hymne à ces années où les émotions débordent, où aimer devient une performance presque mythologique. Derrière les filtres saturés et les refrains accrocheurs, c’est surtout une façon de parler de la quête d’identité, entre désir d’exister et besoin d’être vu. Le morceau renvoie autant aux élans naïfs de l’adolescence qu’à la lucidité désenchantée qui vient parfois après.

Réalisé par Jeremy Marlon, le clip, quant à lui, joue sur cette frontière entre réalité et fantasme. On suit un garçon dans ce qui ressemble à une mission secrète, sauf que le terrain d’entraînement, c’est sa chambre. Chaque geste est surjoué, chaque accessoire semble sorti d’un rêve d’ado trop regardé de clips MTV. Caméra-miroir, chorégraphies hésitantes, jeux de regard face à son propre reflet… tout est là pour rappeler l’énergie maladroite et sincère de ces moments où on se rêve irrésistible. Jeremy Marlon filme ça avec une tendresse ironique, sans moquerie. On sourit parce qu’on y reconnaît nos propres souvenirs.

KosmaRalentir

Kosma signe un retour plein d’élan avec Tout est Ok, un EP pop qui respire la joie de vivre et le lâcher-prise. Les jumeaux Caroline et Jules jouent à fond la carte d’une pop colorée et directe, qui mise sur des refrains entêtants et des textes simples mais porteurs de lumière. À l’image de « Ralentir », nouveau single choisi pour marquer la sortie du projet, et qui résume bien leur démarche qui consiste à avancer, tomber peut-être, mais continuer quand même et toujours en musique. C’est un morceau qui parle autant aux corps qu’aux cœurs, porté par une sincérité qui évite le cynisme, et c’est aussi ce qui rend leur énergie si contagieuse.

Pour accompagner ce titre, une vidéo live captée lors de leur concert à La Boule Noire met en image ce moment suspendu. La salle est plongée dans une pénombre presque religieuse, le public silencieux, concentré, totalement absorbé par la performance. La caméra alterne entre des plans larges qui placent le duo au cœur de la scène et des instants plus rapprochés où l’on capte des regards, des gestes, une tension douce qui donnent envie de ralentir sans jamais s’arrêter.

Stone Of a bitchShacket To The Royal

Comme à son habitude, Stone Of a Bitch frappe là où ça fait mal avec « Shacket to the Royal », une charge contre des systèmes de pouvoir déconnectés de la réalité. Tout dans le morceau respire l’urgence, les chants scandés, les textures rugueuses, les rythmes heurtés, les riffs nerveux… Une tension qui colle au texte, ouvert sur une citation de Narges Mohammadi, et qui ne faiblit pas jusqu’au bout. C’est frontal, rugueux, mais pensé comme un coup bien visé contre ce qu’il reste de l’idée de représentativité quand elle n’écoute plus.

Le clip prolonge ce sentiment d’étouffement dans une mise en scène sombre, presque dystopique. Deux prisonniers attachés dans un hangar, un fonctionnaire au visage d’abord masqué qui tamponne méthodiquement des dossiers à coup de censored et cancelled. La fuite du duo, la guitare comme outil de résistance, l’affrontement final dans le bureau retourné : autant de gestes symboliques qui racontent la reconquête d’une voix qu’on a voulu faire taire. Quand la chanteuse tamponne le front du censeur à son tour, la scène, aussi simple soit-elle, devient le renversement d’un système par ceux qu’il cherchait à effacer.

Nicolas DaxLe sauvetage

Dans « Le Sauvetage », Nicolas Dax clôt l’aventure Odyssée en dépassant les frontières de l’EP pour en proposer un prolongement visuel fort, à la fois dense et fragile. Ce court-métrage musical dépasse la logique du clip traditionnel, c’est un voyage intérieur où l’humain, dans sa fragilité et ses contradictions, est mis à nu puis reconstruit. La collaboration avec le compositeur Amakuno donne naissance à une bande-son en apesanteur, lente et organique, qui épouse chaque variation du récit visuel.

Face à face dans un monde hors du temps, les deux figures de Nicolas Dax (l’une nue, l’autre sublimée par une création de Charles de Vilmorin), composent une chorégraphie silencieuse. L’alliance entre la photographie, la 3D, l’animation générée par IA et la mode crée une esthétique mouvante, presque liquide, où tout flotte entre réalité et abstraction. Le clip ressemble à un rêve lucide, beau, étrange, un peu inquiétant, mais habité par une forme de douceur. Une proposition rare, aussi exigeante que sensorielle, qui confirme l’identité très singulière de l’artiste.

Djazia SatourEzzman Hadak

Djazia Satour poursuit avec son nouvel album El Hourriya, un voyage musical profondément ancré dans ses racines, en s’appuyant sur une complicité rare avec le pianiste Pierre-Luc Jamain. Loin de se limiter à un simple duo voix-piano, la présence du bendir vient enrichir cette alchimie en insufflant un souffle ancestral, mêlant tradition et modernité. « Ezzman Hadak », extrait de cet album, déploie une atmosphère douce et rêveuse où la quête d’une liberté idéalisée prend tout son sens. La chanson peint un temps suspendu, où l’amour règne sans contrainte, oscillant entre nostalgie et espoir fragile.

Le clip de Fabien Daïan plonge dans cet univers onirique avec un regard à la fois poétique et légèrement décalé. Les décors, à la fois simples et symboliques, esquissent une scène presque surréaliste où la liberté rêvée se confronte aux réalités qui l’enchaînent. L’imagerie, à la fois douce et piquante, joue sur ce contraste entre le désir d’évasion et l’impossibilité de l’atteindre pleinement. La vidéo ne se contente pas d’illustrer le morceau, elle en prolonge la réflexion en donnant vie à un idéal aussi beau qu’insaisissable.

Pure CarrièreFarfouiller

Pure Carrière signe un retour qui ne ressemble à rien d’autre avec son nouveau single « Farfouiller ». Le morceau semble sortir d’un grenier trop longtemps fermé, chargé de poussière, de bouts de mémoire mal rangés et de colère sourde. C’est du slacker punk au bout du rouleau, qui s’accroche à des guitares cassées et des rythmes brinquebalants, et qui trouve pourtant une sorte de beauté dans la fatigue, l’ennui et les miettes d’inspiration. Tout sonne à moitié bricolé, à moitié oublié, comme si la chanson avait dû se battre pour exister. Et c’est justement là qu’elle vibre le plus : dans cette fragilité revendiquée, dans cette énergie éraflée.

Pas de clip narratif ici, mais un visualizer animé, presque psychédélique, qui semble traduire en images la saturation mentale du morceau. Les couleurs se superposent, s’entrechoquent et flottent comme des pensées floues ou des restes de rêve mal digérés. Un accompagnement minimal mais évocateur, qui capte bien l’essence artisanale du morceau, entre refus de la perfection et goût pour le chaos maîtrisé.