On vous avait promis d’y revenir après avoir chroniqué le clip de « ??! » dans nos clips de la semaine. Voilà chose faite. Phelto dévoile un EP touchant, tendu, sincère. Six titres comme autant d’instants arrachés à la confusion, entre colère douce, pensées floues et mélodies qui tiennent chaud au chaos.
On avait dit qu’on reviendrait. C’était dans notre dernière sélection des clips de la semaine, où on vous parlait de « ??! », ce morceau qui prend aux tripes et de son clip qui flotte comme un lendemain de fête. Et voilà, on y est. Aujourd’hui, on plonge dans l’EP entier, et ce qu’on y trouve, c’est un journal à ciel ouvert, à la fois organique, électrique et viscéral.
La cover n’est pas en reste, on y découvre une Phelto figée dans un flou en mouvement. Tout semble aller trop vite autour d’elle, sauf elle. Regard à côté, pull déchiré, lumière froide. Il y a ce sentiment d’être là sans vraiment y être. Comme un écho visuel à l’EP, une tempête intérieure posée dans un décor flouté, presque irréel.
Rien à prouver, tout à livrer
À l’écoute, on sent que Phelto a creusé plus profond. Son premier EP, Nuit Noire, était déjà intense. Ici, elle passe un cap dans les textures, dans la production, dans les mots qu’elle ose maintenant prononcer à voix haute. Il y a quelque chose de très personnel dans la manière dont elle mêle l’hyperpop et le grunge, les nappes oniriques et les guitares abrasives, la douleur sourde et les refrains qui claquent.
On connaissait déjà « Autant brûler » et « Je pense après », qui avaient balisé ce nouveau virage plus rock, plus frontal. On les redécouvre ici à leur place, prises dans un ensemble cohérent, comme les chapitres d’un même récit intérieur. Mais c’est sur les autres titres que l’EP révèle toute sa palette.
Adrénaline au centre de la tempête
« Adrénaline », seul vrai inédit, est un uppercut. Un cri sous tension, une urgence qui monte, descend, explose. Là, Phelto touche quelque chose de rare : ce point d’équilibre entre rage et contrôle, où tout pourrait déborder, mais reste tenu par un fil. À l’autre bout du spectre, « Sommeil, sommeil » se glisse comme une berceuse fatiguée, un moment suspendu où l’on voudrait juste tout éteindre. La voix se fait plus fragile, les mots plus simples. Mais c’est précisément dans cette simplicité que réside sa force.
Et puis il y a « Ramène-moi », coup de cœur immédiat. Un morceau qui puise dans l’emo-rock sans tomber dans la pose ou le pastiche. Il y a de la douleur, oui, mais aussi de la lumière, et surtout une sincérité qui claque comme un courant d’air. Le genre de chanson qu’on se repasse en boucle quand on ne sait pas trop si on va bien, ou si on va juste tenir encore un peu.
Un projet qui se tient, mais pas trop droit
Dans tout ça, ce qui frappe, c’est la cohérence émotionnelle. Chaque titre semble avoir été écrit dans un moment où les mots manquaient, justement, et ça s’entend. Phelto fait vivre ses émotions, elle les cristallise, pour reprendre ses propres mots. Et si l’EP guérit quelque chose chez elle, il soigne aussi, en creux, chez l’auditeur.
??! confirme donc ce qu’on pressentait, Phelto n’est pas une artiste de surface. Elle creuse, elle gratte, elle s’expose. Avec ce deuxième projet, elle se positionne loin des tendances opportunistes, et s’inscrit dans un courant plus rare, celui de celles et ceux qui écrivent par nécessité, pas pour plaire. Et dans ce chaos qu’elle sculpte en chansons, on trouve une vérité qui fait du bien.
