Embarquement immédiat pour un mirage sonore signé Marine Quéméré avec « Nice Trip », un voyage intérieur, flou, planant et addictif.

Marine compose une musique qui fait voyager, sans besoin de passeport. Elle puise ses images entre le Vexin, New York, Oaxaca et un Tokyo imaginaire. Depuis ses débuts, elle avance sans suivre les règles de la pop française. Elle fabrique ses morceaux avec soin : des arrangements faits main, des textes qui disent plusieurs choses à la fois. « Nice Trip » semble léger, presque aérien, mais il cache une vraie profondeur. La basse ronronne doucement, les percussions rappellent des souvenirs lointains, les guitares, parfois enregistrées sur smartphone, donnent un grain un peu brut. Sa voix chuchote, flotte entre le français et des sons inventés. On décolle, mais on ne sait pas vraiment où on va. Et c’est très bien comme ça.

Le son d’un voyage immobile

Le morceau est à mi-chemin entre le rêve et la perte de repères. On entend, en arrière-plan, des références discrètes à des musiciens japonais comme Yellow Magic Orchestra ou Shigeru Suzuki. Mais ce n’est pas une chanson nostalgique, c’est une relecture, avec humour et distance. Le refrain ne cherche pas à frapper, il glisse simplement « Have a Nice Trip, je vais voir ailleurs si j’y suis. » Même la pochette joue avec cette idée de faux-semblant : un taxi jaune, un ciel trop bleu, un décor qui a l’air vrai mais ne l’est pas tout à fait. Comme la musique, elle donne envie de s’y perdre.

Marine ne cherche pas l’effet facile, elle construit des morceaux qui demandent du temps. « Nice Trip » n’est pas une chanson à écouter à la va-vite, c’est un paysage, un mille-feuilles sonore où chaque écoute révèle quelque chose de nouveau. Derrière, on devine un premier album en préparation, pensé avec soin, libre et cohérent. Et quand la chanson s’arrête, il reste cette impression étrange mais belle : celle d’avoir voyagé très loin sans avoir bougé d’un centimètre.