Nouvelle offrande d’Isla Roja avec le clip de « Mouvements Intérieurs », un morceau magnétique, habité, où le texte devient matière et le son, rituel. Un voyage sensoriel entre tension sourde et poésie incantatoire, extrait de leur premier EP

À peine deux mois après un premier EP sorti début avril, Isla Roja revient creuser le sillon d’une musique dense, quasi tellurique, avec « Mouvements Intérieurs ». Le duo caennais, formé de Raphaëlle au texte et de Thomas à l’architecture sonore, pousse plus loin l’exploration d’un univers où les mots pèsent, où chaque note semble pesée comme une pierre sacrée. Spoken word possédé, nappes post-punk tordues, mysticisme latent, la chanson semble naître dans l’épaisseur d’un monde en friction, entre le tangible et l’ésotérique. Le tandem construit une langue parallèle, une île rouge qui se dévoile non pas sous les projecteurs, mais dans les creux, les silences, les pulsations intérieures.

Isla Roja

Poésie noire et corps en transe

« Mouvements intérieurs » fonctionne comme un sortilège à combustion lente. Le texte, traversé par des images énigmatiques «les dieux qui sermonnent», «les eaux sont mots dorés», «chaque état d’yeux se nomme», installe une tension presque rituelle. La voix de Raphaëlle glisse, scande, interroge, toujours sur la brèche entre contrôle et abandon. Face à elle, les textures percussives s’étirent, se contractent, refusent l’embellissement. Tout se joue dans la retenue, dans cette manière de frôler l’explosion sans jamais la provoquer.

Le clip, réalisé quant à lui en collaboration avec Pauline Leclercq, prolonge cette matière vibrante en image. Un café en ouverture, une main qui écrit les paroles à l’encre noire, des gestes lents captés en gros plan, comme des rituels secrets. L’image fonctionne par accumulation de symboles : obsession, sensualité, destruction. Le noir et blanc renforce la tension, tandis que le rythme du montage épouse celui du morceau, jusqu’à brouiller les repères. Cette vidéo agit comme un miroir brouillé où l’on devine, sans jamais tout saisir, les contours mouvants d’un monde souterrain. Isla Roja convoque, éveille, secoue doucement, et laisse derrière lui un écho long, dérangeant, inoubliable.