Une électro tendue, une voix nue, un cri contenu. Avec « Rouge », extrait de son album Les Signaux Contraires, à paraître à l’automne, Sand signe un morceau frontal et organique, entre révolte sourde et poésie pixelisée.
Sänd est une énigme qu’on n’essaie pas de résoudre trop vite. Issue du jazz, ( qu’elle décrit comme un territoire d’exigence, d’écoute et de tensions ) elle s’est ensuite tournée vers une électro sombre, sèche, taillée au millimètre. Une musique de l’entre-deux, pleine de silences tendus, de textures graves, de battements qui résonnent dans le ventre. Elle compose tout elle-même, produit, écrit, assemble ses sons comme on assemble une matière vivante. Les textes, eux, avancent en français, à rebours du direct. Elle dit peu, mais chaque mot compte. Et c’est dans cette veine qu’elle vient de dévoiler « Rouge », un nouveau single tiré de son premier album Les Signaux Contraires, attendu à l’automne.
Entre pixel et chair
« Rouge », est un morceau qui ne cède rien à l’évidence. Écrit d’un trait, presque en apnée, il installe dès les premières secondes un sentiment de tension. La voix est nue, à peine portée, mais intensément présente. Autour, tout pulse. Une basse tellurique, des cordes aux accents tribaux, un beatbox organique qui semble sortir du ventre. Les chœurs s’élèvent par vagues, comme des cris lointains. Pas de refrain rassurant, pas de relâchement, la montée est constante, viscérale, contrôlée. Ce morceau parle de mémoire, d’oppression, d’un cœur qui bat trop fort. L’artiste y exprime une forme de révolte sourde, sans slogans, sans démonstration, juste une lutte intérieure, charnelle et collective.
Le clip, radical, pousse encore plus loin cette tension. Plan fixe. Noir profond. Image pixelisée, granuleuse, presque glitchée. D’abord, la voix. Puis lentement, le haut du corps. Le visage de Sänd émerge comme un fantôme numérique, éclairé par en dessous, coupé du reste. Elle met une capuche. L’enlève. La remet. Encore. Ce geste, banal, devient central. Une manière de cacher, de montrer, de se protéger, d’hésiter. À la fin, elle la remet une dernière fois et s’éloigne, hors champ. Pas de chute spectaculaire, juste un départ, et ce vide, après, qui colle.
