Elle avait besoin de silence, de s’éloigner pour mieux revenir. Kayna Samet est de retour, plus vraie, plus forte, avec « Les Oubliés », une chanson qui dépasse les notes pour s’ancrer dans le réel, portée par un clip simple et touchant.

Depuis Altaïr, Kayna n’a pas disparu, elle a vécu, tout simplement. Loin du bruit, elle a continué à écrire, à transmettre, à bosser. Pas dans la lumière, mais dans le réel. Puis un jour, c’est revenu. Ce truc qu’on ne contrôle pas. L’urgence de dire, de chanter, de se remettre en face du monde. Sa voix n’a pas changé. Elle est toujours pleine de failles et de feu. Et elle revient pour elle, mais surtout pour ceux qu’on oublie.

Kayna, la voix des oubliés

« Les Oubliés » est un cri doux et solide. C’est une chanson sans détours, qui met des mots sur ce qu’on préfère souvent taire : les laissés-pour-compte, les victimes des guerres, les visages qu’on ne regarde plus. Elle parle de guerre, de misère, d’injustice. Elle chante haut, avec cette voix râpeuse qui ne triche jamais. Elle n’enrobe pas la douleur, mais la transforme en appel à la solidarité, à la mémoire, à la dignité. Un chant pour ceux qui n’ont plus de place mais qui n’ont pas disparu. 

Ce message, le clip le porte avec pudeur et justesse. Kayna y est seule, mais jamais vide. Sur une montagne de sable, face à la nature, elle domine autant qu’elle s’abandonne. Puis vient ce vieux train figé, où elle chante comme depuis une faille du temps. Chaque lieu semble suspendu, comme elle. Le contraste entre ses tenues dit ce tiraillement entre élan et enfermement. Les images de guerre, rares, n’en résonnent que plus fort. Enfin, seule sur un trottoir parisien, face à la Seine, elle chante sans artifice. Pas de foule autour d’elle, juste le décor familier d’une ville qui regarde ailleurs. Elle est là, immobile et entière, comme un rappel silencieux : les oubliés ne sont pas loin. Ils sont là, dans nos rues, dans nos vies. Et elle en porte la voix.