Première fois aux Nuits Secrètes, et quel choc ! Trois jours de chaleur, de sueur, de shows fous et de cœurs grands ouverts. De Paul Kalkbrenner à Santa, en passant par Zaho de Sagazan, Rilès ou encore Biga*Ranx, on a tout pris en pleine face et on en redemande. Récit d’un week-end incandescent à Aulnoye-Aymeries.
Jour 1 – Vendredi 11 juillet : Début de l’odyssée… et il fait chaud
C’est notre première fois à Aulnoye-Aymeries. Et franchement, on ne pensait pas arriver en plein cagnard. Trente degrés dans le Nord, on n’avait pas signé pour ça, mais on a vite compris : ici, la chaleur vient autant du ciel que du cœur. Le festival s’éveille, les bénévoles sont déjà sur le pont, la ville se transforme en un terrain de jeu géant où la musique est reine, et nous, on part à sa rencontre.

Jyeuhair : Le cœur ouvert, tout simplement
Il arrive sans chichi, presque en s’excusant d’être là. Jyeuhair n’est pas du genre à prendre la lumière de force, mais une fois le micro en main, tout change. Sa voix surprend, son texte touche, et Jeune Malagasy résonne comme un cri doux venu de loin.
Son flow oscille entre rap et électro, son regard est franc, ses mots sont simples et puissants. Et très vite, le public est pendu à ses lèvres. Une entrée en matière sensible et vraie, comme on en voudrait plus souvent.

Jan Verstraeten : Opéra punk sous les draps
À l’Eden, on change de décor. Les musiciens débarquent masqués de tissus flottants. Le mystère plane, puis la pop baroque prend le dessus. Une bassiste précise, un violon qui pleure et un chanteur à fleur de peau.
Quand les voiles tombent, la connexion est instantanée. C’est beau, un peu étrange, et complètement captivant. Le public, d’abord interloqué, finit emporté. Un concert à la frontière du rêve et du rock, sans doute l’une des plus belles surprises du week-end.

Maureen : Shatta assumée et féminité surpuissante
On arrive sur sa scène en plein milieu d’un titre et ça sent la puissance. Maureen est solaire, affirmée, ancrée dans son époque. Elle balance du shatta sans filtre, danse avec rage et liberté.
Elle ne joue pas un rôle, elle est elle-même, fière, féminine, indépendante. Le public la suit, s’enflamme, monte même sur scène à son invitation pour un dernier moment de communion. Une vibe bouillante. Comme cette journée qui ne semble jamais vouloir retomber.

Zaho De Sagazan : Tempête contenue
Elle monte sur scène comme on entre dans une chambre secrète. La voix est grave, les mots sont ciselés, et très vite, Zaho installe son propre rythme. « Dernière cigarette », « Dernier des voyages », « Tristesse »… tout est là, avec ses musiciens soudés autour d’elle.
Elle descend saluer le public du premier rang, joue avec la tension de ses textes, s’attarde sur les refrains comme sur des incantations (le refrain de la symphonie des éclairs en boucle pendant cinq minutes). Le public, d’abord timide, s’abandonne. Et quand elle finit sur « Moderne Love », on est lessivés mais reconnaissants.
La Noche : La surprise tamisée
Une fois le soleil tombé, on pousse les portes de La Noche, ce nouveau spot caché. L’ambiance est feutrée, presque surréaliste. On y croise un Elvis improbable sur une scène au fond d’un club improvisé.
C’est barré, inattendu, et ça fait du bien. Les Nuits portent bien leur nom : ici, rien n’est tout à fait ce qu’il semble. On se laisse embarquer.

Paul Kalkbrenner : Techno céleste
Dans la grande plaine, la nuit tombe doucement, et Paul Kalkbrenner débarque comme un mythe vivant. La foule est immense, les maillots floqués à son nom pullulent, et son set fait l’effet d’une vague douce et puissante à la fois.
Pendant une heure et demie, tout est fluide. Et quand « Sky and Sand » résonne, le temps se suspend. C’est beau, c’est simple, c’est le genre de moment qu’on n’oublie pas. Fin du premier jour, le cœur déjà bien accroché.

Jour 2 – Samedi 12 juillet : Des étoiles plein les oreilles
La nuit a été courte. Le soleil tape dès le matin (encore !), et les visages sont déjà rouges, mais heureux. On sent que le samedi va être dense. Il y a une effervescence dans l’air. Tout le monde attend quelque chose… et on va être servis.

Adé : Rock doux et décontraction
Entourée de ses musiciens, Adé débarque l’air de rien, et finit par faire danser toute la foule. Elle balance ses titres comme « Rockstar », parle simplement, connecte direct.
Et même quand le set plante à cause d’un souci de matos, elle en rigole : « C’est peut-être vous, vous êtes trop chauds ! ». Oui, c’est nous. Et oui, on est très bien là.

Santa : Diva suspendue, public en feu
Tout le monde l’attend. 25 minutes de retard, mais personne ne bouge. Et soudain : Santa surgit, tête à l’envers, suspendue dans les airs. L’oubli est instantané.
Son show est millimétré, sa voix traverse tout. Elle reprend Désenchantée, balance « Eva » ou « Pop corn salé » et embrase la plaine. Les drapeaux arc-en-ciel volent, les enfants sont sur les épaules. Santa est chez elle.
Rilès : Retour en feu
Après son passage en 2022, Rilès revient plus fort, plus libre. Il nous parle, nous motive, nous épuise (dans le bon sens). « On va brûler les cardions ensemble ! »
Et il tient parole. Un moment guitare-voix rallume toutes les lumières du public. Une énergie de dingue, un show complet. Il ne vient pas pour faire le job, il vient pour nous embarquer. Et il réussit.
Biga*Ranx : Voyage sans turbulences
La nuit tombe, et on monte dans l’avion Biga. Un reggae digital ultra propre, planant, sans accroc. Tout le monde flotte, sourit.
On est dans une bulle. Les pieds dans le sol, la tête dans les nuages. Le roi est là, et il nous emmène.

Meute : Fanfare en transe
Dernier stop de la journée : Meute. Cuivres géants, percussions furieuses, et une foule qui explose. Pas besoin de platines ici.
Ils font danser Aulnoye comme si c’était Berlin, et la plaine devient une transe collective. Clap de fin, en fanfare.

Jour 3 – Dimanche 13 juillet : Le Nord en apesanteur
On est lessivés, on a cramé trois crèmes solaires et tout notre fric du week-end. Mais on reste. Parce qu’il y a quelque chose d’étrange dans l’air ce dimanche. Une tension douce, presque mystique. Et les concerts vont le confirmer.

Vaudou Game : L’Afrique en fête
Togolais, funky, souriant : Vaudou Game déboule avec ses musiciens, ses chemises rouges, et sa bonne humeur contagieuse.
« La vie c’est bon ! » hurle-t-il, pendant qu’une chenille géante se forme dans la fosse. Il célèbre sa belle-maman, il parle au public, il unit tout le monde. Et ça fonctionne.

Myd : Mal aimé, mais pas démérité
Avant Damso, c’est Myd qui assure le relais électro. Il donne tout, mais le public est figé, et ça se sent. Un mec dans la foule lâche un : « C’est un manque de respect ».
On compatit. Parce que Myd, lui, a tenu le cap avec classe. Dommage, mais pas oublié.
Damso : Silence sacré, mots tranchants
Il est là. Le public est dense, hypnotisé. Pas un mot en trop, mais chaque phrase claque comme une vérité.
Pendant plus d’1h20, Damso fait ce qu’il fait de mieux : il installe un mood, il crée un lien. On ne danse pas, on vit. Et c’est rare.
Perceval : Rave médiévale déjantée
Et puis on bascule. Un banquet sonore délirant, des flûtes, des kicks, de l’hydromel imaginaire : Perceval transforme L’Eden en trip halluciné.
C’est fou, absurde, génial. On ne savait pas qu’on avait besoin de ça. Maintenant on le sait.

Jersey : Frères de feu
Clap final. Les frères de Jersey montent sur scène, balancent des kicks à te retourner le bide, et embarquent tout le monde dans une rave de cœur.
Transpiration, émotions, communion. Les Nuits s’achèvent comme elles ont commencé : dans l’intensité, la surprise, et l’amour.
Cette première fois aux Nuits Secrètes ? C’était plus qu’un festival. C’était une rencontre. 52 000 festivaliers, 70 artistes, des bénévoles partout, une ville qui se transforme en monde parallèle. Un lieu où tout peut arriver. Où un faux Elvis peut croiser Damso. Où on pleure sur Paul K et on rit avec Perceval. Et nous, on reviendra. Parce que cette fête-là, elle ne s’oublie pas. Rendez-vous en 2026, même date, même ville, même magie.
