Benson Boone a envoûté Lollapalooza Paris. Une heure de show intense, entre acrobaties, émotions vraies et communion totale avec le public. Nous y étions.
Il était 20h15 quand je me suis placé devant la Main Stage East. Comme beaucoup d’autres, j’avais quitté les derniers échos de Last Dinner Party sur la Main Stage West opposée pour m’approcher le plus possible de cet instant que j’attendais depuis des mois, et c’est à ce moment là que la chanteuse a lâché un « Free Palestine » qui a déclenché les applaudissements.
La fosse immense, installée dans l’hippodrome de Longchamp, était déjà bien remplie. C’est là que, d’ordinaire, courent les chevaux. Ce soir-là, c’était la foule qui galopait, poussée par l’excitation. Les équipes avaient installé d’imposantes barrières de sécurité, divisant l’espace et protégeant la régie. L’attente avait quelque chose d’électrique. Chaque mouvement technique sur scène faisait lever des têtes. Je n’étais pas seul à compter les minutes.

Une entrée en maître
Et puis, sans avertir, le nom de Benson Boone est apparu en lettres capitales sur l’écran principal. La fosse a explosé. Ses quatre musiciens ont investi la scène. Et lui est arrivé, tel un coup de foudre. Debout sur un piano noir, micro levé, bras tendu comme un boxeur à l’annonce de son nom.
« Sorry I’m Here for Someone Else », ouvre le show, dans une ambiance déjà en fusion. Salto avant, cri de la foule, il enchaîne avec une énergie qui ne redescendra jamais.

Le public a crié, moi aussi
Il portait un t-shirt rouge bordeaux près du corps à manches courtes, jean blanc, orné de détails colorés contrastants, les poches avant sont de la même teinte rouge que le t-shirt, tandis que les poches arrière sont bleues, créant un effet visuel bi-ton singulier. Une silhouette improbable, mais qui lui allait parfaitement. Il bougeait avec une liberté totale, comme s’il appartenait à la scène.
Autour de lui, ses musiciens formaient un carré soudé. L’énergie était brute, sincère, sans calcul. Après quelques notes : « Bonjour Paris ! Comment ça va ? Bienvenue à mon show… Mon nom c’est Benson Boone. C’est une très belle ville, merci de m’accueillir ». L’accent a fait sourire. La franchise a conquis.
D’où il vient, pourquoi il compte
Comme beaucoup, je l’ai découvert sur TikTok. Une voix, une gueule, et une intensité qui ne ressemblait à rien d’autre. Puis sont venus « Ghost Town », « In the Stars », les millions de vues, les prix, les salles pleines.
Il a été repéré par Dan Reynolds (Imagine Dragons), a signé sur Night Street Records, et depuis, il trace sa route. Une ascension fulgurante, mais jamais opportuniste. Chez lui, tout semble venir du cœur.
Ce soir-là, pourtant, ce n’est pas l’artiste prometteur que j’ai vu. C’est l’artiste accompli.
Une générosité de chaque instant
Il a enchaîné avec « Drunkin in My Mind », chantée debout sur le piano. Puis « There She Goes», où j’ai particulièrement admiré le jeu subtil de sa guitariste. À la fin, il a lancé un « merci beaucoup » en français. Le public a rugi.
Les trois écrans géants diffusaient des images aux couleurs parfaitement choisies. Rien n’était clinquant. Tout était pensé pour souligner l’intensité du moment.
Puis est venu « Slow It Down », il s’est assis au piano, seul. Silence dans la foule. Quelques notes. Une voix fragile. Et soudain, il s’est levé, est monté sur le piano, et a fait un salto arrière. Encore un. Comme si l’émotion ne suffisait plus, comme s’il lui fallait l’exprimer physiquement.
« Mr Electric Blue » et « Mystical Magical » ont suivi. Une montée en puissance couplée d’une maîtrise totale.
Quand tout bascule
Puis il a pris une grande inspiration. Son ton a changé et a parlé doucement. « Il y a quelques années, j’ai perdu quelqu’un que j’aimais vraiment. Cette chanson m’a aidé à traverser ça… Elle compte beaucoup pour moi. »
Il a ensuite demandé au public de ranger les téléphones. Et, chose rare : tout le monde a obéi. « In the Stars » a résonné dans un silence d’église. Pas une lumière bleue, pas un écran. Juste lui, le piano, et une marée humaine figée dans l’émotion.
À la fin, il a soufflé, presque tremblant : « Je suis impressionné… Merci, merci, merci. » C’était un moment vrai. Une rareté.

Jusqu’à l’extase
Il est retourné au piano pour « Ghost Town », puis « You Stole My Younger American Heart », qu’il a introduite d’un « Vous avez volé mon petit cœur d’Américain » plein de tendresse maladroite.
Il a fait monter la pression. Il a harangué la foule. Il a levé les bras. Fait taper des mains. Et dans sa gestuelle, sa manière de bouger, d’embrasser la scène, j’ai vu Freddie Mercury à Wembley. Pas une imitation, mais plutôt une inspiration, une flamme.
Sur « Cry », trois jeunes filles devant moi chantaient chaque mot les larmes aux yeux. Elles vivaient leur concert de leur vie. Et moi, je savais que j’étais en train d’écrire le mien.
Il a terminé sur « Beautiful Things ». Son plus grand titre. Celui que tout le monde chantait. Il ne cherchait pas le grand final. Il voulait juste partager une dernière émotion. Avant de quitter la scène, il a promis : « Merci beaucoup Paris, je vous aime. Je viendrai chaque année. » J’espère qu’il tiendra parole. Parce que moi, j’y serai.
