Premier jour de Rock en Seine 2025 et déjà la claque : Luvcat, Suki Waterhouse, Théa et London Grammar ont chauffé la Mainstage, mais c’est Chappell Roan qui a transformé le Domaine de Saint-Cloud en Pink Pony Club géant !
Comme c’est la tradition depuis trois éditions, le mercredi d’ouverture de Rock en Seine met à l’honneur une programmation entièrement féminine. Cette année encore, le Domaine de Saint-Cloud a vibré au rythme d’artistes aussi singulières que complémentaires : la noirceur élégante de Luvcat, le charme mélancolique de Suki Waterhouse, le coup de pied de Théa, l’intensité émotionnelle de London Grammar et l’apothéose flamboyante de Chappell Roan.
Luvcat et Suki Waterhouse : la mise en bouche idéale
Par : @mardybumpro
La journée a débuté avec Luvcat, apparition presque sortie d’un conte gothique. Vêtue comme une héroïne d’histoire sombre, elle a dévoilé des extraits de son futur album attendu pour Halloween, dont « Bad Books » et « Blushing » sorti le jour même. Sa pop noire, quelque part entre Lana Del Rey et The Last Dinner Party, a immédiatement capté l’attention. Pari gagné pour une première apparition sur la Mainstage, d’autant que beaucoup de spectateurs sont repartis décidés à la revoir au Trabendo en novembre.
Place ensuite à Suki Waterhouse, déjà croisée au Cabaret Vert quelques jours plus tôt. À la croisée de la folk, de l’indie rock et de l’électro-pop, elle a livré un set tout en nuances. Sous une pluie fine, elle a remercié Paris avec émotion : « Merci Paris, je m’en souviendrai pour le restant de ma vie ». Une parenthèse fragile et élégante avant la montée en puissance du reste de la soirée.

THÉA : la frénésie d’une nouvelle génération
Par : @lisamiliani

Entre deux concerts empreints de mélancolie, THÉA arrive comme un coup de pied dans la fourmilière. Alors qu’elle a déjà foulé le Domaine de Saint-Cloud en 2023, elle revient cette année sur une plus grande scène, devant un public toujours au rendez-vous. Car THÉA capture parfaitement l’énergie et les caractéristiques de la nouvelle génération : flexible, elle oscille entre sonorités hyperpop, metal et rave ; engagée, elle professe sa défiance envers la police et les institutions. Avec des titres comme « CAVALE! CAVALE! » ou « Guillotine », dur de ne pas sortir électrisé de sa performance.
London Grammar : l’émotion suspendue
Par : @xsl1
Avant la tombée de la nuit, la grande scène s’est couverte de fleurs et de nuages incandescents pour accueillir London Grammar. Dès l’ouverture sur « Hey Now », le public est replongé dans l’univers du premier album If You Wait (2013). Hannah Reid, lunettes sombres et voix d’une puissance rare, alterne entre guitare et micro, portée par la complicité de ses deux acolytes.
Le concert déroule comme une montée en intensité. Dot Major délaisse sa batterie pour rejoindre la table aux deux pianos superposés, tandis qu’Hannah interprète « House » devant son micro, avant que « Nightcall », ne fasse vibrer la fosse de nostalgie. Puis vient le moment attendu, « Wasting My Young Years ». Hannah invite la foule à chanter, et le refrain repris en chœur provoque une véritable ovation, un frisson partagé qui culmine dans une explosion d’applaudissements.
La setlist navigue ensuite entre puissance et délicatesse : « Lord It’s a Feeling », « Metal & Dust » ou encore « Strong », avant une apothéose sur « Lose Your Head », où tout le public saute à l’unisson. Un concert à la fois sobre et magistral, qui laisse la scène prête pour le cyclone à venir.
Chappell Roan : la tempête flamboyante
Par : @xsl1 & @mardybumpro
Le Domaine de Saint-Cloud se transforme en décor féerique aux accents gothiques. Chappell Roan apparaît, corset vert et papillons cousus sur sa tenue, un spectre scintillant à la main comme pour prendre possession de la scène. Elle ouvre le bal avec « Super Graphic Ultra Modern Girl », un manifeste pop et queer qui donne immédiatement le ton du show.
Le show est un déferlement de couleurs, d’humour et de puissance. « Femininomenon » installe l’ambiance avec son hymne à l’amour lesbien, puis viennent « After Midnight », « Naked in Manhattan » et « Casual ». Quand résonnent les premières notes de « Hot To Go! », l’un des moments forts de la soirée, la foule entière reprend la chorégraphie en formant les lettres « H-O-T-T-O-G-O » avec les bras, à l’image d’un stade entier transformé en cheerleaders queer.
En plein cœur du show, elle surprend son monde avec une reprise de « Barracuda » (Heart). Le décor vire au rouge incandescent, les guitares s’emballent et les flammes ponctuent chaque riff, transformant la Mainstage en arène rock le temps d’un morceau. Un clin d’œil aux icônes rock féminines des années 80 qui électrise la foule.
Après « The Subway », son dernier single déjà devenu viral, vient l’instant le plus attendu : « Good Luck, Babe! ». Véritable morceau-manifeste de sa discographie, cette chanson traite du poids des normes hétérosexuelles et de la difficulté à vivre pleinement une relation homosexuelle. À Rock en Seine, elle résonne comme une libération collective. Chappell s’avance seule au micro, et la foule reprend chaque mot en chœur. L’espace d’un instant, le domaine tout entier se transforme en cathédrale pop, portée par la voix du public autant que par la sienne.
Puis, dans un registre plus personnel, elle enchaîne avec « My Kink Is Karma », qu’elle dédie à son ex dans un sourire malicieux. Enfin, le moment de grâce ultime : « Pink Pony Club ». Chappell escalade son décor, entame le titre au sommet, puis redescend pour rejoindre l’avant-scène. Elle invite le public à chanter, et des milliers de voix se mêlent à la sienne dans une ferveur totale. Elle abandonne son micro pour ramper devant son guitariste en plein solo, avant de se relever et saluer une dernière fois. Le Domaine de Saint-Cloud n’est plus un festival, mais un immense Pink Pony Club, joyeux, queer et flamboyant.
Un premier jour sous le signe de la diversité et de la puissance féminine, qui a su marier l’élégance de Luvcat et Suki, l’émotion transcendante de London Grammar et la flamboyance démesurée de Chappell Roan. Une ouverture qui restera longtemps dans les mémoires, pour ceux qui y étaient.
