Sous les étoiles de Saintes, le Festival Transe Atlantique a mêlé rap, pop, rock et électro : de Fredz à Klô Pelgag, de Thomas de Pourquery à Peter Doherty, en passant par Louis Chedid, François & The Atlas Mountains, Billie, Vendredi sur Mer et Pléthore. Retour sur cette édition qui a fait vibrer les jardins de l’ancien hôpital Saint-Louis.
Pour la première fois, nous avons posé nos valises à Saintes, au cœur du Festival Transe Atlantique, dans les jardins en hauteur de l’ancien hôpital Saint-Louis, et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette quatrième édition a tenu toutes ses promesses. Entre découvertes venues du Québec, artistes français confirmés et un certain Peter Doherty en état de grâce, la traversée musicale a été riche en émotions.

Un festival à taille humaine
Contrairement aux grands rassemblements souvent impersonnels, Transe Atlantique mise sur la proximité. Une seule scène en plein air, adossée à la pierre historique du site, et autour, une dizaine de chalets proposant produits locaux, un grand bar et quelques foodtrucks. Ici, on prend le temps : on croise les artistes dans les allées, et juste après leur concert, on les retrouve sur une estrade face à la scène, pour une interview publique animée par une journaliste canadienne. Ce mélange de simplicité et d’authenticité fait partie du charme du festival.

L’ouverture avec Fredz
La soirée du jeudi a démarré avec le jeune rappeur québécois Fredz. Chemise en jean blanc sur marcel immaculé, il débarque avec son band – Oscar à la guitare, Adam à la batterie – et rapidement, le ton est donné. Entre récits de chagrins d’amour et morceaux accrocheurs comme Houston ou Rappeler son…, il joue la carte de la sincérité. Sourire aux lèvres, il confie : « C’est la première fois pour moi dans cette ville. Pareil pour mon groupe, sauf un… mais je ne dirai pas qui, il a une ex ici. Cette chanson est pour elle. » Le public rit, avant de se laisser embarquer. Fredz reprend même Corneille (Parce qu’on vient de loin), clin d’œil à ses racines, et conclut par son dernier single Extraordinaire, annonçant au passage un nouvel album pour octobre.

Le souffle de Thomas de Pourquery
Derrière, changement radical d’univers avec Thomas de Pourquery. Le saxophoniste commence dans la légèreté, lançant au public des blagues qui font mouche, jusqu’aux VIP comparés à des passagers pressés d’embarquer dans un avion. Mais très vite, la musique prend le dessus. Son saxophone rugit, sa voix habite chaque note, et l’on se retrouve pris dans un tourbillon sonore qui mêle intensité et dérision. Un artiste capable de faire rire aux éclats une seconde, et de bouleverser l’instant d’après.

Louis Chedid, la classe tranquille
Puis vint Louis Chedid, accueilli comme une légende vivante. Guitare en main, entouré de musiciens, il fédère toutes les générations présentes. Ses classiques défilent (Je suis là, Tout ce qu’on veut dans la vie…), avant qu’il n’annonce une surprise : « J’ai invité un habitué du festival, il s’appelle Joseph Chedid. » Son fils le rejoint sur scène pour un duo plein de tendresse sur « La Belle », l’un des moments les plus forts de cette ouverture. Leurs voix s’entrelacent, la salle retient son souffle, puis applaudit à tout rompre.
Voyage avec François & The Atlas Mountains
En clôture de cette première soirée, François & The Atlas Mountains proposent un set plus atmosphérique, presque chamanique. Le trio déroule ses morceaux comme une incantation, porté par la basse de Lord Sanchez et la batterie de Collin Russell. Sur « Dream Killer », Sanchez prend le micro et captive par sa voix magnétique. La complicité est totale quand Thomas de Pourquery revient sur scène pour les rejoindre sur « Adorer ». Il ne sera pas le seul, puisque Joseph Chedid débarque aussi sur scène pour un final qui laisse le public dans une douce transe, fidèle au nom du festival.

Billie, Vendredi sur Mer et Klô Pelgag : pop et poésie
Le vendredi, place à d’autres couleurs. La jeune Billie ouvre la soirée avec les morceaux de son dernier EP. Elle enchaîne « Les adieux » ou encore « Les yeux fermés », avec une présence à la fois fragile et lumineuse. Dans le public, on aperçoit Peter Doherty lui-même, venu l’encourager.

Vendredi sur Mer lui succède. Vêtue de noir avec un haut barré de la phrase « the elephant in the room », elle plonge l’audience dans son univers sensuel et poétique. Elle commence par « Arrêter le temps », avant de dérouler « Chewing-gum », « Hard » ou encore « Malabar Princess ». Le set se termine dans une intensité croissante, avec « Les filles désir », acclamé par la foule.

Puis arrive Klô Pelgag, figure singulière de la scène québécoise. Casquette vissée, parka bleu électrique et humour décalé, elle s’amuse à inventer une fausse biographie sur scène : « Je suis née ici, en fait. Non je rigole, c’est juste pour créer un peu de complicité. » Sa dream pop s’envole avec les titres d’Abracadabra, son dernier album, entre poésie et fantaisie.

Peter Doherty et Pléthore : moments inoubliables
Enfin, la star tant attendue : Peter Doherty. L’ex-enfant terrible du rock britannique, installé depuis quelques années en Normandie, attire une foule dense. Guitare en main, il revisite son répertoire avec une sobriété nouvelle, livrant notamment « Calvados » en hommage à sa région d’adoption. Mais c’est un moment totalement inattendu qui fait basculer la soirée dans l’anecdote culte : Doherty entonne « Une souris verte ». Le public, d’abord surpris, fait un silence de mort pour cette comptine détournée, éclat de rire collectif dans une performance déjà mythique.
La nuit s’achève sur un DJ set énergique signé Pléthore. Entre remix de « Désenchantée » de Mylène Farmer et clins d’œil électro décalés comme le « Macron » de Dombrance, il transforme l’estrade des interviews en dancefloor sous les étoiles.. On fait partie des irréductibles qui dansent jusqu’au bout, les yeux brillants et les jambes fatiguées.

Une première réussie
Nous n’avons pas pu rester pour la dernière soirée, qui accueillait notamment Elisapie, Papooz, Naive New Beaters et Perceval. Mais ces deux premiers jours suffisent pour dire que le pari du Transe Atlantique est réussi. Un festival à taille humaine, chaleureux, où la proximité avec les artistes crée des instants uniques. Pour une première couverture, l’expérience a été belle, et une chose est sûre : on reviendra
