Du 20 au 24 août, le Domaine de Saint-Cloud vibrait au rythme de Rock en Seine. Devant 150 000 spectateurs et 89 concerts, on a choisi de délaisser un temps les têtes d’affiche pour s’aventurer sur les scènes Bosquet, Horizons et Nouveaux Talents, véritables laboratoires musicaux du festival. Retour sur deux journées riches en découvertes.

Samedi : de l’expérimental à la pop envoûtante

En arrivant sur le site le samedi, première escale au Bosquet, petite scène proche de l’entrée. Là, John Maus intrigue immédiatement : seul sur scène avec son micro et ses machines, il se lance dans une performance intense. Cris, mouvements saccadés, balancements, frappes de torse et de tête… sa prestation dépasse l’expérimental attendu et plonge le public dans un univers sombre et viscéral.

John Maus au festival Rock en Seine, le 23 août 2025.

Un peu plus loin, sur la scène Horizons, le trio instrumental La Lom capte l’attention. Sans paroles, leur musique mélange cumbia, soul vintage et surf rock californien, créant une atmosphère cinématographique. Chaque morceau est une invitation à danser et à voyager, un hommage sonore à Los Angeles à la fois réel et rêvé.

Le groupe La Lom au festival Rock en Seine, le 23 août 2025.

Enfin, la scène Nouveaux Talents accueille Gildaa, qu’on n’avait pas revue depuis le Printemps de Bourges. L’artiste transporte le public dans une ambiance mystérieuse et hypnotique. « Pas assez », son premier single sorti en octobre 2024, est repris en chœur par les spectateurs. À un moment plus intimiste, Gildaa se saisit de la kora pour un titre délicat, tandis que des téléphones s’allument dans le public, créant un véritable paysage lumineux. Elle clôt son set en promettant : « L’année prochaine, rendez-vous à la Cigale. »

Gildaa au festival Rock en Seine, le 23 août 2025.

Dimanche : rock indé, post-punk et électrisme

Dès le début d’après-midi, la scène Revolut accueille King Hannah. Malgré un soleil de plomb, le groupe anglais captive avec son rock indie à forte coloration américaine.

Mais nous filons au Bosquet, où le trio nantais Treaks enflamme la fosse. La tension monte avec « Anatomy lesson », suivie de « Tiny Brain », single convulsif qui aborde frontalement la notion de consentement. Le set culmine avec « Obsession », extrait de leur premier album Ego (sorti en avril 2025), où la chanteuse hurle « I love you, you love me… » et fait vibrer la foule dans un mélange de transe et d’extase. Drapeau palestinien en fond de scène, le batteur aux couleurs du drapeau, la dimension politique est subtilement présente sans jamais nuire à l’énergie musicale.

Le trio Treaks au festival Rock en Seine, le 24 août 2025.

Sur Horizons, Provoker impose un post-punk hypnotique. « Blue Sheen » et « Mausoleum » explorent des atmosphères sombres, tandis que « Dark Angel », leur premier single de 2018, est interprété cigarette au bec avant que le chanteur ne descende dans la fosse pour danser avec le public. Le groupe conclut sur « Bugs & Humans », issu de leur album Body Jumper (2021).

Le groupe Provoker au festival Rock en Seine, le 24 août 2025.

Vera Daisies, projet solo de Margaux Jaudinaud, se distingue avec « Chess Game », un titre à la guitare tranchante et aux influences rock 90s. Son écriture frontale transforme les désillusions amoureuses en cri de liberté, et la foule danse avec elle. « C’est le meilleur concert de ma vie », confie-t-elle, émue.

Vera Daisies au festival Rock en Seine, le 24 août 2025.

Focus : Kneecap, entre énergie punk et engagement politique

À 18h20, la tension monte sur la troisième scène du festival : Kneecap, trio hip-hop irlandais, est attendu par plus de 15 000 spectateurs. Dès l’arrivée du groupe, le message est clair : « Free Palestine » s’affiche en lettres blanches sur fond noir, accompagné d’autres slogans sur les violences commis par Israël. La controverse suit le groupe depuis plusieurs mois et a suscité le retrait de subventions locales.

Dès le premier morceau, les tensions sont palpables. Un collectif anti-antisémite tente de perturber le concert avec des sifflets et des affiches, mais les vigiles interviennent rapidement. Malgré tout, la performance est électrique et festive. Le trio enchaîne avec des titres provocateurs et engagés, mêlant rap, punk et humour. Le public, massé, répond avec énergie aux invectives du groupe : « Y’a-t-il des Irlandais ici ? » « Ouiii ! » « Et les autres ? » La complicité est totale.

Le set culmine dans un moment jubilatoire : reprise de Britney Spears et dernière invocation de Free Palestine par la foule, créant une communion entre engagement politique et énergie musicale. Plus qu’un concert, Kneecap propose un spectacle où le punk, le rap et la contestation se rencontrent, laissant une empreinte forte sur Rock en Seine 2025.

Clôture festive avec TVOD

Pour finir le week-end, TVOD (Television Overdose) de Brooklyn transforme la scène Horizons en dancefloor punk. Leur « Party Time » fait descendre le chanteur dans la fosse, le public slamant spontanément sur le dernier titre Alien (2022). Malgré la concurrence avec Fontaines D.C. sur la Grande Scène, le groupe captive son public avec énergie et bonne humeur.

TVOD au festival Rock en Seine, le 24 août 2025.