Il n’est jamais trop tard pour faire des expériences inédites. À 50 ans, j’ai décidé de tenter pour la première fois le camping… en festival. Oui, le vrai, avec tentes, nuits blanches et voisins bruyants. Plus d’hôtel plus d’Airbnb cosy: il ne restait plus que le camping officiel. Et quel camping ! « Le Dormeur du Val ». Autrement dit, si tu dors, t’es mort. Rimbaud avait prévenu, j’ai préféré ne pas m’allonger trop longtemps.

Jour 1 : la grande aventure commence

Vendredi, arrivée de Lille par le TER, je cours pour la remise des bracelets. Et je pose mes affaires dans ma tente montée par Décathlon (merci pour le service !) Dès L’ouverture À 16h, je flâne à l’espace BD et tombe sur une expo Capitaine Flam et Goldorak : mes héros d’enfance, je suis déjà conquise. Des étoiles plein les yeux, Direction la scène Zanzibar, pile au premier rang. J’ai découvert Suki Waterhouse (merci les ados autour de moi pour l’initiation).

CV 2025 - (c): R. Chanteloup
CV 2025 – (c): R. Chanteloup

Puis la magnifique Zaho de Sagazan. Quand elle a chanté La Symphonie des éclairs devant moi, l’hypersensible, mes yeux se sont transformés en fontaines publiques. Respect éternel aussi pour son piano-voix, malgré le brouhaha de la scène voisine.

Petit détour par la Razorback, totalement refaite cette année : fini le côté intimiste, place au vrai rock. Lucky Love, la découverte de la cérémonie des Jeux Olympiques 2024  m’a charmée, 

Mais mon cœur battait déjà pour mes chouchous, les Fat Dog que j’ai déjà vus plusieurs fois, à l‘Aéronef et au Grand Mix. Fidèles à leur énergie punk-bordélique, ils ont mis tout le monde d’accord, vigiles compris. Premier coup de foudre du week-end.

Un passage éclair devant Booba (désolée, pas ma tasse de thé), puis retour au camping. Repos ? Ahahah. Non. Ambiance fiesta jusqu’à 6h du matin. Bienvenue au Dormeur du Val version after techno.

CV 2025 - (c): A.Thome
CV 2025 – (c): A.Thome

Jour 2 : nostalgie et pogo

Après une douche salvatrice (organisation parfaite, bravo le Cabaret Vert), retour direct à Zanzibar. Et là : The Lindas Lindas pour commencer la journée. Quatre jeunes filles habillées avec des robes fleuries, que nous réservent-elles ? Pour leur premier show français, je les découvre survoltées, une énergie punk qui m’a rajeunie de 30 ans.

Puis arrive MC Solaar. Je n’avais pas écouté depuis une vingtaine d’années mais, miracle, mes neurones connaissent encore toutes les paroles par cœur. Comme le vélo, ça ne s’oublie pas et j’ai vraiment 15 ans sans doute. Son sourire et son rap me procurent un grand bonheur.

Moment que j’attendais le plus, et ce depuis leur annulation en 2024,  : Queens of the Stone Age. Magique. Setlist parfaite, Josh Homme impérial, public en transe. J’ai crié, j’ai chanté, j’ai perdu trois cordes vocales. Et j’ai gagné des copains de pogo pour la vie.

Retour au camping : rebelote jusqu’à 6h du matin. Les nuits sont fraîches, la tente humide, mais qu’importe, l’adrénaline chauffe mieux qu’une bouillotte.

Jour 3 : le mur de fatigue (et Will Smith)

Dimanche matin, les muscles grincent, mes 20 ans sont restés coincés quelque part entre Razorback et Zanzibar. Mais je tiens bon.

The Last Dinner Party m’offre une claque monumentale : poésie, pop-rock baroque, belle mise en scène. Mes voisines brandissent un drapeau fait main, très réussie, je les applaudis presque autant que le groupe.

Vampire Weekend me redonne le sourire avec A-Punk. Ensuite, je devais courir voir Wet  Leg… mais la fatigue (et le souvenir d’un concert soporifique à Lille) m’ont fait préféré partir et manger une croûte ardennaise : aucun regret en les voyant de loin, sur scène elles ne me séduisent pas.

Et puis, cerise sur le gâteau : Will Smith. Oui, LE Prince de Bel-Air. Je ne le vois que sur écran géant, j’ai eu un vrai coup de fatigue et plus l’énergie de me mêler à la foule mais quel show ! Tenue sublime, sourire hollywoodien, mise en scène parfaite. On dirait un film, mais en vrai.

Heureusement, Idles arrivent et tout explose : pogos, hurlements, catharsis collective. Le chanteur irradie. Le public devient une vague. Extase.

Épilogue : retour à la réalité

À 5h du matin, pendant que les dernières notes de musique résonnent, mon réveil sonne. Train et réunion en visio m’attendent dès mon arrivée à Lille Trois jours sans dormir (j’exagère, ma montre a calculé 4 heures de sommeil pendant cette durée) , des courbatures dignes d’un semi-marathon, des paillettes incrustées partout (même dans mes chaussettes). Mais aussi : des étoiles plein les yeux et une envie folle de recommencer.

Promis Cabaret Vert, en 2026 je reviens. Mais cette fois… je prends un hôtel.