Première journée de la Fête de l’Humanité 2025 : entre les larmes de Théodora, l’énergie engagée de Youssoupha et le voyage envoûtant d’Orange Blossom, le public a vibré à l’unisson.

Pour sa 90ᵉ édition, la Fête de l’Humanité a lancé les hostilités ce vendredi 12 septembre sur l’ex-base aérienne 217 de Brétigny-sur-Orge et du Plessis-Pâté. Un site immense, qui a accueilli entre 80 000 et 110 000 festivaliers dès cette première journée que nous avons passés en compagnie de Theodora, Youssoupha et Orange Blossom.

Théodora, la « boss lady » en larmes

À peine les navettes quittées, non sans quelques couacs d’organisation qui ont agacé les festivaliers, les foules se sont dirigées vers la grande scène Angela Davis. Là, Théodora, nouvelle sensation de la scène française, faisait déjà vibrer un public multigénérationnel.

En pleurs au moment d’interpréter « Ils me rient tous au nez », la jeune artiste a offert l’un des instants les plus touchants de la soirée. Devant plus de 50 000 personnes, les spectateurs reprenaient en chœur ses titres phares, de « Zou bisou » à « Fashion Designer », sans oublier son titre déjà culte « Kongolese sous BBL ».

La ferveur était telle que le public a entonné spontanément « La jeunesse emmerde le Front National », preuve que le message politique reste indissociable de ce festival. Un concert familial et populaire, où jeunes et moins jeunes chantaient à tue-tête, accompagnés par Nico, le batteur qui jouait pour la première fois à ses côtés.

Théodora à la fête de l’Humanité, le 12 septembre 2025.

Youssoupha, la voix d’un rap engagé

Sur la scène Zebrock, bien trop étroite pour contenir la foule venue l’acclamer, Youssoupha a livré ce qu’il a lui-même qualifié de « meilleur concert de l’année ». L’entrée s’est faite sur une reprise de « L’Hymne à l’amour » d’Édith Piaf, avant que l’artiste ne lance les hostilités avec « Suprême », extrait de son dernier album Amour Suprême.

Le public a vibré au rythme des classiques (Dreamin’, Les disques de mon père), repris avec ferveur, et des titres plus récents comme « Nouveau Karaté ». Accompagné de DJ Matou, du batteur Isma, de Maelia au chant et de Manu au clavier, Youssoupha a prouvé une nouvelle fois qu’il était un maître de scène.

Entre deux morceaux, il a interpellé la foule : « Maximum de boucan pour réclamer la paix au Congo ». Moment fort lorsqu’il a repris « Parce qu’on vient de loin » de Corneille, réadapté pour son hommage au Congo. Descendu dans la fosse, il a salué son public avec une proximité rare, avant d’offrir une séquence intime en dédiant « Mon roi » à son fils, puis « Dieu est grande » à sa fille.

En guise d’apothéose, il a transformé la foule en chorale gospel pour reprendre le refrain d’Amour Suprême. Dans une explosion collective, il a conclu : « Indignez-vous et ne lâchez rien », fidèle à l’esprit de la fête, avant de quitter la scène sur « emmenez-moi » de Charles Aznavour

Youssoupha à la fête de l’Humanité, le 12 septembre 2025.

Orange Blossom, le voyage sensoriel

Notre soirée s’est terminée avec Orange Blossom, formation nantaise connue pour ses fusions audacieuses entre musiques électroniques et influences orientales, africaines et andalouses. On ne les avait pas revus depuis leur passage remarqué à la Cigale le 21 janvier dernier.

Cinq musiciens occupaient la scène, avec Maria au chant, un keffieh noué autour de son micro, comme un symbole de résistance et d’universalité. Sa voix ample et vibrante a enveloppé le public d’entrée de jeu, soutenue par le jeu subtil et explosif de Carlos Robles Arenas, batteur et âme du groupe. Les cordes de PJ Chabot, tour à tour mélancoliques et fougueuses, dialoguaient avec la guitare de Léo Guérin et les percussions de Fatoma Dembélé

Les morceaux récents se sont entremêlés avec des titres plus anciens, construisant un set à la fois organique et hypnotique. Leur performance, à la fois méditative et vibrante, a transformé la fin de soirée en un grand voyage collectif, ponctuant cette première journée de la Fête de l’Humanité par une célébration de la fraternité et de l’ouverture au monde.

Le groupe Orange Blossom à la fête de l’Humanité, le 12 septembre 2025.

Une ouverture en beauté

Entre les larmes de Théodora, l’engagement de Youssoupha et la transe cosmopolite d’Orange Blossom, cette première journée a donné le ton d’une 90ᵉ édition placée sous le signe de la diversité et de l’émotion. À la Fête de l’Huma, la musique reste plus que jamais un vecteur de partage, de lutte et de fête populaire.