Pour sa deuxième édition qui a eu lieu du 9 au 11 septembre 2025, le festival Radiance nous a rappelé l’importance de garder son coeur – et ses oreilles – ouverts, en nous présentant une dizaine d’artistes émergents. La Boule Noire et la Cigale ont accueilli des concerts allant du rap au post-punk, de l’électro underground à de la neo-soul, devant un public avide de belles découvertes. Nous vous présentons les nôtres ci-dessous !

Tout le monde s’appelle clara

Tout le monde s’appelle clara le premier soir du festival Radiance, le 9 septembre 2025
Tout le monde s’appelle clara le premier soir du festival Radiance, le 9 septembre 2025

Nous n’étions pas prêts pour une telle claque. En seulement trente minutes, Tout le monde s’appelle clara a su conquérir le cœur de chacun·e à la Boule Noire ce soir-là — y compris le nôtre. Clara, la chanteuse du groupe, nous a envoûtés par sa voix puissante, capable de se fondre dans des instrumentales à la fois mélancoliques ou sensuelles, mais aussi de rugir avec des sonorités plus punk. Un véritable esprit de sororité et de complicité émane de sa connexion avec ses quatre acolytes, toutes brillantes par la maîtrise de leurs instruments. Et pour que cette énergie de partage déborde jusque dans la fosse, Clara n’a pas hésité à rejoindre le public pour chanter, rire et crier avec lui.

La seule mauvaise nouvelle ? Aucun des morceaux n’est encore disponible sur les plateformes de streaming.
La bonne nouvelle ? Leur premier single, « Murmures« , sort le 19 septembre.

Lezard

Nous n’étions même pas encore remis de la tornade provoquée par Tout le monde s’appelle clara que nous nous sommes immédiatement pris une deuxième claque avec Lézard. Nous aurions dû nous en douter dès l’arrivée de la chanteuse, brandissant un micro qui ressemblait davantage à un haltère : pas question d’assister à un concert contemplatif, mais bien à un shot d’énergie pure.

Parfait pour ouvrir le bal avec le très entraînant « Coltrane & Xtc« . Neil Claes et Myrthe Asta donnent de leurs voix, mais surtout de leur corps : tandis que l’un danse avec sa guitare, l’autre sautille sur scène, tous deux s’appropriant totalement l’espace. Chez Lézard, la batterie est percutante, la basse groovy, les riffs tranchants. L’impression d’entendre la relève de LCD Soundsystem devient une évidence.

Avec « Rock & Roll (Don’t Let The Rock Roll U) » et ses sonorités électro-disco-punk, la Boule Noire s’est transformée en véritable terrain de fête : quoi de mieux pour conclure cette première soirée ?

Lézard festival Radiance 2025 La Boule Noire

Magi Merlin

Quand Magi Merlin monte sur scène, ça démarre doucement — un peu de flottement, peut-être des réglages de son, une atmosphère un peu mitigée. Mais très vite, le show prend une tournure différente : la rythmique s’installe, ça groove, ça pulse. Originaire de Montréal, Magi Merlin apporte un mélange unique : R&B alternatif, neo-soul, avec une touche punk, électronique et roots.

La musicienne invite ensuite la Boule Noire à répéter une première phrase, « Take me out then », pour l’accompagner sur le titre « Milkweed ». Puis une deuxième : « Fuck the system ». Avec l’assurance amusée que, nous Français, ne devrions avoir aucun mal à accéder à sa requête. Une invocation collective, presque un petit acte de rébellion joyeuse.

Le set gagne en intensité quand la basse et la batterie entrent en transe : les deux instrumentistes sont transportés par le groove, chaque mouvement de leurs doigts et bras martelant le sol et les coeurs du public.

Magi Merlin festival Radiance 2025 La Boule Noire
Magi Merlin au festival Radiance, le 10 septembre 2025

Jeune Oji

Pour son tout premier concert, Jeune Oji a réussi à nous plonger en totale immersion dans son univers empreint d’une douce nostalgie. Derrière ce nom se cache Jules, qui alterne entre guitare électrique et machines électroniques pour recréer ses instrumentales en live, ponctuées de “ooh” entêtants qui nous transportent ailleurs. Si l’artiste évolue dans une obscurité vaporeuse, sa musique, elle, rayonne d’une lumière réconfortante.

Quelque part entre l’univers onirique de Flawed Mangoes et les expérimentations de MOMO, Jeune Oji façonne déjà une identité musicale très affirmée. Son premier EP, Apertura, est sorti en avril et un nouvel EP ne devrait pas tarder à suivre. Et nous avons hâte de découvrir le fruit de ce qui, comme il l’a lui-même confié sur scène, « vient du cœur et des tripes ».

Jeune Oji festival Radiance 2025 La Boule Noire
Jeune Oji au festival Radiance, le 10 septembre 2025

Geagea

Vous vous rappelez de ces sons rock des années 90, avec cet esprit un peu teen à la fois brut et fragile ? C’est exactement dans cette atmosphère que nous a plongés Geagea. Formé autour d’une chanteuse et d’un batteur ayant déjà collaboré ensemble dans le groupe Les Aves, le projet trouve son équilibre entre mélancolie planante et énergie libératrice. Pas étonnant quand on sait que Géraldine, la chanteuse, a été nourrie par des influences telles que Garbage ou Portishead.

Le public a notamment eu droit à une reprise inattendue de J’ai demandé à la lune, qui a réveillé un bel élan collectif dans la salle. Geagea a aussi défendu sur scène son EP sorti en juin, Emotional Overloard, avant de conclure sur un moment plus léger avec « Nah Nah Nah », un titre survitaminé qui tranche avec l’atmosphère plus sensible et mélancolique de leurs morceaux précédents. Un final plein d’émotion, qui a su toucher le public autrement.

Geagea festival Radiance 2025 La Boule Noire
Geagea au festival Radiance, le 10 septembre 2025

0nlyfun

Pour conclure en beauté cette deuxième édition du festival Radiance, il fallait faire monter le BPM, une mission parfaitement accomplie par 0nlyfun. Dans la lignée d’Ascendant Vierge, le duo a livré un set aussi frontal qu’exutoire, où les mots frappent aussi fort que les beats.

Leurs textes, ancrés dans l’approche de la trentaine et les désillusions qui l’accompagnent (burnout social, mansplaining, coups de blues existentiels) explosent sur des kicks intenses. Un contraste saisissant entre la dureté des thèmes et la puissance cathartique de la musique, pensée pour faire danser autant que pour secouer les esprits. Au milieu de cette transe collective, 0nlyfun nous rappelle leur philosophie : « crier quand on est triste, danser quand on est en colère, se retrouver pour aller mieux. Le tout c’est de vivre, allez. »

Difficile d’imaginer une meilleure manière de refermer le festival : sur une note de fête brute et libératrice.