Samedi, Mathilde a transformé la scène Joséphine Baker en un espace de révolte et d’émotion, offrant un concert qui restera gravé dans cette 90e Fête de l’Humanité.
C’est sur les conseils de son attaché de presse que nous avons pris la direction de la scène Joséphine Baker ce samedi après-midi. Et heureusement : sans ce détour, nous serions passés à côté d’une prestation qui compte parmi les plus intenses de cette édition. Mathilde, autrice, compositrice et interprète, est venue défendre La Nuit • Le jour, son dernier album paru en mars 2024.
La colère comme moteur, l’émotion comme arme
Dès notre arrivée, la surprise est double : la foule est bien plus dense qu’attendu et le concert bénéficie d’une traduction en langue des signes, un geste qui dit beaucoup de l’esprit d’inclusivité de l’artiste. Sur scène, vêtue d’un tee-shirt noir où l’on peut lire en lettres blanches « bagarre », Mathilde plante le décor : « Les gens qui ne sont pas en colère sont morts de l’intérieur. » Le ton est donné. Militante anarcha-féministe, engagée contre la grossophobie, le validisme ou les violences sexistes et sexuelles (combats qui lui ont valu d’être la cible de cyberharcèlement ces deux dernières années), elle porte ses luttes avec une intensité rare.
Sa voix, forgée par une formation en chant lyrique et en gospel, impressionne par sa puissance et son ampleur. Elle s’élève dans « Ni oui, ni non » et se fait tranchante dans « Le corps des femmes », où chaque mot sonne comme une déclaration. Plus loin, avec « Guerrières de lumière », Mathilde convoque l’idée d’une révolution féminine, tandis que « Libre ! » bouleverse littéralement l’assistance : un moment de grâce, où l’émotion prend le pas sur tout le reste, au point de nous serrer la gorge.
Une voix incontournable
Ce qui frappe, au-delà des textes, c’est sa manière d’incarner ses chansons. Elle ne les interprète pas, elle les vit, comme si chaque note portait la mémoire des luttes passées et présentes. Entre humour corrosif, « Les hommes de gauche, vous êtes là ? C’est bien… Mais ça pourrait être mieux », et instants de pure émotion, Mathilde a su créer une bulle où l’intime et le politique se confondent.
Une chose est sûre, nous ne regarderons plus son nom de la même manière. Ce concert, qu’on aurait pu manquer sans un simple rappel, restera comme une claque, une révélation et surtout un rappel de ce que peut être la chanson engagée quand elle est portée par une voix aussi habitée.
