Neuvième soir à l’Olympia pour Zaho de Sagazan, ce lundi 15 septembre. Une soirée bouleversante où l’intime a rencontré la fête : des larmes partagées sur La Symphonie des éclairs jusqu’à la transe collective de l’électro final, avant l’apparition surprise de Brigitte Fontaine pour un ultime frisson.

C’est au festival Chorus, à la Seine Musicale en 2022, qu’on avait fait la connaissance de Zaho de Sagazan pour la première fois, alors qu’elle concourait pour le Prix Chorus. Sa voix grave et singulière, sa présence à la fois fragile et magnétique avaient marqué les esprits. Elle remportera finalement ce prix, point de départ d’une ascension fulgurante qui la mène aujourd’hui à l’Olympia, pour une série de dix concerts dont ce lundi 15 septembre marquait le neuvième soir.

Zaho de Sagazan à l’Olympia, le 15 septembre 2025.

Une ouverture dépouillée, comme un souffle retenu

La soirée débute avec Sylvie Kreusch en première partie, accompagnée de quatre musiciens (basse, batterie, guitare, piano). Un moment d’attente suspendue avant l’entrée de Zaho.

Puis, sous un tonnerre d’applaudissements, elle apparaît, précédée de ses musiciens. Elle s’assoit derrière son piano, seule, sous un faisceau lumineux venu d’en haut. Les premières notes de « La Fontaine de sang » s’élèvent. L’Olympia se tait, happé par cette entrée dépouillée. Quelques instants plus tard, la mise en scène prend une autre dimension : Zaho décroche le combiné d’un téléphone posé sur scène. L’appel sonne dans le vide. Sans un mot, elle s’avance vers le fond et entame « Aspiration ». La soirée est lancée.

Zaho de Sagazan à l’Olympia, le 15 septembre 2025.

Entre intensité dramatique et éclats de vie

La chanteuse prend enfin la parole : « Je suis tellement contente de jouer ici ce soir, c’est l’avant-dernière. » Elle présente ses musiciens ; Rémi, Simon, Greg et Tom, avant d’enchaîner avec « Le dernier des voyages » puis « Les dormantes ». Retour au piano pour « Dis-moi que tu m’aimes », ponctué d’un cri d’amour venu du public. Puis « Est-ce que tu vas bien ? », le titre préféré de l’auteur de ces lignes, interprété sous un projecteur rouge descendu du plafond. La couleur baigne aussi « Tristesse », avant que « Ô travers » ne rallume la salle : les spectateurs chantent et dansent, comme libérés.

Avant « Les garçons », Zaho confie : « Je tombe amoureuse de tout le monde, c’est ça ma névrose. » Une déclaration spontanée qui fait sourire avant de plonger à nouveau dans l’émotion. Moment suspendu avec « La Symphonie des éclairs », titre phare. Zaho descend dans le crash, enlace des spectateurs du premier rang en pleurs, chante dans les bras d’une jeune fille submergée. L’émotion devient collective, les larmes circulent autant que les vibrations.

Zaho de Sagazan à l’Olympia, le 15 septembre 2025.

De l’intime à la fête partagée

La soirée reprend souffle avec « Old Friend », le duo enregistré avec Tom Odell. Absent, il est pourtant présent à travers la voix qui résonne dans le combiné téléphonique que Zaho décroche à nouveau. Une idée simple, mais d’une grande poésie. Puis « Mon corps » et « Ne te regarde pas » ramènent le public dans une énergie physique. La chanteuse insiste : « Peu nombreux sont ceux qui ont compris la chanson… comment on fait ? » Une invitation à se lâcher vraiment. Alors, l’électro s’impose. « Les vingt prochaines minutes, ce ne sera que de l’électro », prévient-elle. « Heb Sex » explose et l’Olympia entier danse, happé par le rythme. Même les plus retenus se laissent emporter.

Après une première sortie de scène, Zaho et ses musiciens reviennent pour une reprise habitée de « Modern Love » de David Bowie. Toute son équipe technique et artistique les rejoint. Ensemble, ils transforment l’Olympia en fête de fin de tournée, comme un dernier souffle collectif. Puis survient l’ultime surprise : un fauteuil est installé au centre de la scène. Brigitte Fontaine entre en scène. Les deux artistes chantent « Ah que la vie est belle ». La doyenne, fragile mais puissante, trouve en Zaho une complice attentive. Leur étreinte à la fin scelle un moment rare, presque irréel.

Zaho de Sagazan à l’Olympia, le 15 septembre 2025.

La soirée s’achève dans la fosse, où Zaho danse une dernière fois avec le public. Ultime geste d’abandon et de communion, avant de remonter sur scène pour saluer, entourée de ses musiciens. Le neuvième soir s’éteint, mais il restera comme l’un de ces instants où la musique déborde de la scène pour se loger dans chaque cœur. Vivement le prochain album et la prochaine tournée, d’ici là, la vie sera toujours belle.

Zaho de Sagazan à l’Olympia, le 15 septembre 2025.