En ces jours troublés, la première édition française du festival Fluctuations est tombée à pic. Du 19 au 21 septembre 2025, le tiers-lieu solidaire La Javelle / Bercy Encore était animé par de nombreux concerts, mais aussi des ateliers et des tables rondes qui nous ont poussé à réfléchir au monde de demain. Retour sur cet événement qui nous a permis de nous enrichir musicalement et intellectuellement.

Nos coups de coeur musicaux

Thérèse et son art de la musique incisive et optimiste

Côté musique, de multiples découvertes ont réchauffé nos coeurs. Parmi ces dernières, nous pouvons citer l’artiste plurielle Thérèse. Que ce soit avec « Chinoise » – qui dénonce les clichés racistes que subit la communiqué asiatique –, le très récent « The Rich Better Give Me Money » – qui reprend la chanson de Rihanna pour critiquer les disparités écrasantes entre les ultra-riches et le reste de la population –, ou « M’autosaboter » et « Jealous », Thérèse pointe autant du doigt les problématiques sociétales que les maux qui nous traversent tous individuellement. Des paroles percutantes, une personnalité à la fois bienveillante et rebelle, des beats entraînants : voilà un doux mélange auquel il est difficile de résister.

Maxence et sa pop intime mais euphorique

Le soleil se couche petit à petit sur La Javelle et ses rayons dorés commencent à éclairer le public qui s’attroupe autour du prochain concert : celui de Maxence. Celui qui a connu une première célébrité sur Youtube est venu adoucir nos coeurs avec des titres comme « Parfum d’été » – parfait pour le temps clément qui nous a accueilli samedi –, ou « Seuls dans ta chambre ». Le public a notamment eu droit à quelques surprises : l’interprétation de « Rockstar », inédit sur les plateformes, ou une reprise réussie de « Take On Me » de A-ha. Lorsque Maxence quitte le festival Fluctuations, ce n’est pas sans un discours inspirant, qui nous invite à rester authentiques, peu importe les cases dans lesquelles on essaie de nous enfermer.

Long live the Drag Queens

Et que serait le festival Fluctuations, axé sur l’ouverture sur le monde et la tolérance, sans un drag show ? Tour à tour, les drag kings Gang Bambi se succèdent sur la scène principale. Charlie d’Emilio nous fait danser sous les jets de son pistolet à eau sur « Paris Tropical« , Clémence Trü nous transporte dans une ambiance de saloon accompagnée par Florence & The Machine. Nous applaudissons aussi Al Pagay et Miss Raccolage, sans oublier Edeha Noire – participante de Drag Race France Saison 3 – qui hypnotise par sa présence scénique. Le final, collectif et fédérateur, réunit tout le monde dans un chœur inattendu : « My Heart Will Go On » de Céline Dion, chanté à pleins poumons, prouve que la musique est un médium idéal pour s’aimer et réinventer le monde.

Elye & The Hydra, l’artiste à plusieurs têtes

Quelle surprise de voir un homme débarquer seul sur scène dimanche, alors que le nom Elye & The Hydra laissait présager un groupe. Néanmoins, quelques minutes suffisent à éclaircir le mystère : ses multiples voix intérieures trouvent écho dans des mains qui alternent frénétiquement entre guitare, synthé et clavier. Cette hydre n’est pas seulement doté de plusieurs membres, mais il possède également plusieurs inspirations : Justice, Pink Floyd, ou encore Gesaffelstein dont il reprend le morceau « Pursuit ». De quoi achever notre exploration musicale du festival Fluctuations 2025 en beauté.

Et le reste, alors ?

Ces trois jours ont aussi été synonymes de balades entre stands et espaces de réflexion. À l’entrée, des associations comme EuroPalestine, Pollinis ou Greenpeace rappelaient l’urgence des combats environnementaux, animaux, mais aussi humains, en évoquant notamment le génocide en cours à Gaza.

À l’Agora Pop, de nombreux experts se sont relayés autour des trois grands thèmes du festival : la démocratie, l’alimentation et la biodiversité. Ainsi, nous avons pu discuter sur les questions des lobbies, de la loi Duplomb ou du régime vegan… avant d’aller justement se régaler dans le food court 100% végétal, entre fromages, burgers et msemen.

Notre point d’orgue de ce volet intellectuel ? La venue de Rokhaya Diallo. Dans un entretien autour de son Dictionnaire amoureux du féminisme, la journaliste et militante a abordé ses thèmes de prédilection : intersectionnalité et luttes féministes, post-colonialisme et capitalisme. Une intervention forte, à la hauteur des ambitions du festival.

Avec sa première édition parisienne, le festival Fluctuations a tenu ses promesses : mêler fête et réflexion, musique et engagement. Pendant ces trois jours, La Javelle a vibré au rythme des beats et des prises de parole, rappelant qu’une énergie collective et optimiste était plus que nécessaire si nous voulions construire un avenir plus libre, plus juste, et plus joyeux.