Hier soir, la release party d’Anton a donné vie à Excès de vie. On a ri, dansé, frissonné. Des morceaux intimes aux explosions festives tout sonnait plus fort, plus vrai. Anton n’était pas seul : une constellation d’artistes émergents a illuminé la soir
Sorti ce vendredi 26 à minuit, Excès de vie est le premier EP d’Anton Solo. Nous avions déjà préparé une chronique de ces cinq titres, construits comme les chapitres d’une même histoire : celle d’un garçon qui, après une rupture, se réfugie dans la fête jusqu’à l’excès. Mais la release party organisée hier soir nous a obligés à revoir notre copie. Car ce projet, déjà sincère et poignant sur disque, a pris en live une profondeur inattendue, amplifiée par l’émotion d’Anton, la présence de ses musiciens et l’énergie d’une scène émergente qu’il avait conviée à partager ce moment.

Une soirée ouverte et généreuse
Anton n’a pas fait de sa release party un récital centré sur lui, mais une véritable scène ouverte, offrant une place précieuse à d’autres jeunes talents. Andry, accompagnée de Lucas à la guitare, a livré deux titres d’une intensité rare, dont « Petite », qui dézingue la masculinité toxique avec un mélange de douceur et de révolte. Vayli, soutenue par Will au piano, a troqué son univers habituellement dansant pour un set en piano-voix fragile et assumé, avant d’annoncer la sortie de son nouveau single en duo avec Victoria Flavian. Ceryse, en présentant « Le ciel sera bleu », a rappelé que la musique peut aussi être une manière de « s’organiser pour aller bien », comme il l’a dit avec une sincérité qui a touché le public.
Le ton a aussi viré à l’humour et au décalé : Coline et Bertrand ont chanté leur morceau « Tomate(s) » en vivant chaque mot avec une autodérision touchante, mêlant slam et rap sous une apparente légèreté. Victoria Flavian, quant à elle, a présenté des extraits de son EP After Party, concluant avec « Alors on s’aime », une chanson qui a enveloppé la salle d’une intensité lumineuse. Ces passages n’étaient pas de simples entractes : ils ont montré qu’Anton s’inscrit déjà dans une constellation de jeunes artistes qui partagent la même envie de raconter, d’émouvoir et de bousculer.

Anton en plein cœur
Quand est venu son tour, Anton a pris place au piano, entouré de Bernass (désolé pour l’orthographe) à la basse et Nina à la guitare. Le voyage a commencé par « Musique et sexe », son tout premier single sorti en 2023, avant de basculer dans la mélancolie de « Tracé nos vies ». Ce morceau, qui ouvrait déjà l’EP, a résonné comme une confession brute, la douleur d’une rupture, l’avenir rêvé qui s’effondre.
Puis l’énergie a explosé sur « Pourquoi je sors comme ça ». D’entrée de jeu « Je suis un connard », le public a réagi, et chacun connaissait déjà le refrain. Ce single pop-dance, sorti en mars, a transformé la salle en club éphémère. Mais la tension est vite retombée avec « On va pas se mentir », moment de vulnérabilité où Anton avoue un amour trop tard.
Le point culminant de la soirée fut sans doute « En fin », co-écrit avec son ami Bertrand. Assis seul au piano, l’artiste a expliqué que ce morceau parle de suicide, mais aussi de la lumière retrouvée après l’obscurité. La salle s’est figée dans un silence religieux, chaque mot résonnant comme une délivrance. Un frisson collectif.
Enfin, la fête a repris ses droits avec « Boogie », en duo avec Victoria Flavian. Plus dansant, plus fédérateur, ce titre a transformé la fin de concert en communion. Le public reprenait en chœur le refrain, les musiciens rayonnaient, et Anton, sourire aux lèvres, semblait goûter pleinement à ce moment.

Un manifeste générationnel
La soirée s’est conclue sur cette explosion d’énergie, malgré les rappels insistants du public qu’Anton n’a pas pu honorer en raison des contraintes horaires. Mais l’essentiel dépassait largement la scène et les chansons : Excès de vie s’affirme comme bien plus qu’un premier EP. C’est à la fois une confession intime et le socle d’une aventure collective. Anton ne se contente plus de raconter ses blessures passées ; il fédère, partage et ouvre la scène à une génération d’artistes émergents.
Et si, dans le passé, ses chansons parlaient de rupture et de perte, Anton a désormais retrouvé l’amour, pacsé, aux côtés de sa compagne présente lors de la soirée. Hier soir, on n’a donc pas seulement écouté un disque, on a vu naître un projet vivant, vibrant, qui célèbre autant la vulnérabilité que la résilience. Celui qui se décrivait comme « au fond du bus de la musique » a prouvé qu’il en est déjà l’un des moteurs.
